François Couperin, le maître du clavecin à la cour de Louis XIV

A 45 ans, François Couperin publie son premier livre de pièces de clavecin. Professeur de musique des enfants de Louis XIV, il bénéficie déjà d’un certain prestige. Il publiera 3 livres de plus, 27 "ordres" au total, c’est-à-dire plus d'une centaine de titres qui esquissent un univers propre au compositeur.

Couperin s'inspire du genre de la Suite de Danses, une partition de 4 ou 5 fois quelques minutes dont le principe est d'alterner les mouvements: vif, lent, vif, lent, vif. Mais de la Suite de danses, Couperin déjà veut se défaire. Alors il regroupe ses pièces non en suites mais, plus librement, en ordres.

Je suis flatté par les applaudissements des connaisseurs mais mortifié par l’ignorance et les fautes des copistes.

Dédicace à Louis XIV

A tout Roi Soleil, tout honneur ! La première pièce du 1er livre est titrée L’Auguste. Et l’Auguste, c’est Louis XIV. Dans la catégorie dédicaces, Couperin compose aussi: La Garnier, La Villers La Bersan, La Ménetou, La Vauvré, La Princesse de Chabeuil, La Princesse Marie. Les titres chez Couperin sont presque toujours en "la", un féminin qui vient de "la" danse et qui n’est pas un indice sur le genre qui suit; par exemple "La Nointéle" est dédiée au Marquis de Nointel, qui jusqu’à preuve du contraire était un homme.

Nature, objets et femmes

Le sixième ordre du deuxième livre de Couperin est placé sous le signe de la nature. De son style d’ornements et de frétillements, il arpente les moissonneurs, les bergeries ou le moucheron qui nous tourbillonne à l’oreille. Il décrit aussi les objets du quotidien: les timbres des clochettes, les petits moulins à vent qu’on voit tourner à l’horizon autour de Paris ou le réveil visiblement déjà aussi agressif à l’époque qu’aujourd’hui.

Et puis il y a les femmes: la tendre Fanchon, la fine Madelon, la douce Janneton, la belle Javotte, la Mézangère, la Zénobie, la Monflambert ou la Sophie. Ses partitions nous donnent l’impression d’avoir les oreilles qui brillent sous les jupons des filles. La frontière devient floue: la séduisante et l’engageante sont-elles des femmes ou des danses?

>>A écouter: "Le réveil-matin" de François Couperin, joué par Pierre Lavigne.

"Le dodo, ou L'amour au berceau"

Lorsqu’il édite son quatrième et dernier livre, Couperin écrit dans la préface, usé et désabusé: "Ma santé diminue de jour en jour. J’espère que ma famille trouvera dans mes affaires de quoi me faire regretter, si les regrets nous servent à quelque chose après la vie."

Univers d’images, de portraits, de sentiments d’oiseaux, de bêtes, d’enfants et d’humains, Couperin a peint sa comédie humaine en 4 livres. Les pianistes ne se priveront pas de récupérer ces ordres.

J'avouerai de bonne foi que j'aime beaucoup mieux ce qui me touche que ce qui me surprend.