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"Je suis africain", l'album posthume vagabond et vivifiant de Rachid Taha

Le chanteur Rachid Taha en concert aux Transmusicales de Rennes, le 7 décembre 2012. [AFP - THOMAS BREGARDIS]
Le chanteur Rachid Taha en concert aux Transmusicales de Rennes, le 7 décembre 2012. - [AFP - THOMAS BREGARDIS]
Le chanteur franco-algérien Rachid Taha décédé le 11 septembre 2018 revit le temps d'un album posthume aux airs vagabonds et vivifiants. "Je suis africain", onzième album en solo, lui ressemble par ses libertés formelles métisses et son énergie.

Dans ses derniers souffles, Rachid Taha a notamment choisi de chanter: "Je suis africain, africain du Nord au Sud/ Je suis africain, dedans comme dehors, Je suis africain, et je n'ai pas le rythme dans la peau/Je suis africain, un albinos afro (...) Je suis africain, Dieu a la même peau". Manière d'affirmer une ultime fois son identité et de déclarer son amour à ses racines. Il y énumère d'ailleurs son panthéon d'Africains notables, qu'ils soient musiciens, philosophes, politiques ou écrivains.

Logique puisqu'au long de son parcours musical au long cours, le chanteur, né en Algérie et arrivé en France à l'âge de dix, s'était fait le porte-drapeau de la communauté française d'origine maghrébine de seconde génération jusqu'à son décès le 11 septembre 2018 des suites d'un arrêt cardiaque. Taha était une des personnalités fortes et attachantes de la scène rock hexagonale dès ses débuts en 1981 avec Carte de Séjour, dont il était le charismatique leader.

Flèche Love et Jean Fauque en invités

Au côté de Toma Feterman, musicien tradi-balkano-punk de La Caravane Passe ou Soviet Suprem, Rachid Taha a peaufiné deux ans durant ce "Je suis africain" qu'il n'a tout juste pas eu le temps de parachever. Un album qui lui ressemble, plein d'énergie, de voyages, de nuits festives, de guitares rock et d'electro, de musique gnawa et de violons orientaux. En français, arabe et anglais, il joue encore avec les mots, déclare sa flamme à Marlene Dietrich ou son respect pour Shakespeare ("Happy End") et s'offre un duo avec la chanteuse romande d'origine algérienne Flèche Love ("Wahdi").

D'autres titres sortent nettement du lot au fil de ce onzième album solo, à l'image des jubilatoires "Andy Waloo", "Striptease", "Like a Dervish" ou "Minouche", qui sur une ambiance chaabi sentimentale accueille notamment les mots de Jean Fauque, complice d'écriture de Bashung dans les années 90 pour proclamer son amour à une khaloucha, soit une femme noire émancipée.

Au final, les dix titres posthumes de "Je suis africain" condensent à merveille cet esprit rock sans frontières et vivifiant que Rachid Taha a toujours défendu en chantant.

Olivier Horner

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