Pour ce recueil de reprises distinguées, Chrissie Hynde a choisi des titres pop intimistes, qui vont de Nick Drake à Charles Trenet en passant par Nina Simone, les Beach Boys, Coltrane ou Ray Davies, son ex-époux. "Valve Bone Woe", son deuxième album solo seulement avant la publication d'un nouvel enregistrement des Pretenders au printemps 2020, ne sombre ainsi pas dans les facilités de ce genre d'exercice. D'autant que l'Américaine y déploie des versions jazz inhabituelles pour son répertoire qui a pris surtout racine dans le punk depuis la fin des années 70.
Dix ans d'incubation
La production old school qui semble s'inspirer d'un disque de Frank Sinatra, dont elle reprend d'ailleurs "I'm a Fool to Want You", sert à merveille cet album où la chanteuse toujours aussi désinvolte semble prendre un plaisir fou. Dans ce registre intimiste, Chrissie Hynde insuffle un brin d'étrangeté dans certaines versions et ose aussi une réinterprétation en français d'un classique de Trenet.
"Il m'a fallu dix ans pour terminer ce disque. J'avais repris il y a longtemps "Que reste-t-il de mes amours" de Charles Trenet en anglais et il me semblait logique de boucler la boucle en la reprenant cette fois en français. Même si c'était évidemment plus difficile pour moi. (...) J'ai choisi les autres chansons en raison de leurs mélodies ou atmosphères sans prêter attention au fait que la plupart de ces titres avaient déjà été interprétés par de très grandes voix de la pop", explique Chrissie Hynde à la RTS.
Elle avoue en tout cas toujours avoir eu un faible pour le jazz, présent dans son existence grâce à son frère notamment. Mais elle n'avait jamais eu le temps de s'y attaquer jusqu'à ce "Valve Bone Woe" qui comprend également une très belle version de "Meditation on a Pair of Wire Cutters" de Charles Mingus.
Interview pour Paradiso: Yann Zitouni
Texte et adaptation web: Olivier Horner
Chrissie Hynde en concert à Zurich, Volkshaus, le 22 novembre 2019.