Christophe, éternel dandy de la chanson qui aime triturer les sons

La pochette de l'album "Christophe etc." de Christophe. [DR]
Paradiso / 56 min. / le 14 octobre 2019
Dans la foulée d'un album de duos où il revisite son répertoire et la mise en musiques de propos du plasticien suisse Olivier Mosset, le chanteur français Christophe se produira début novembre, en solo, au Théâtre Beausobre à Morges.

Il a connu le succès en 1965 déjà. Avec "Aline" et "Les Marionnettes", Christophe imposait sa griffe sur la chanson yé-yé française, avec un brin de guimauve dans le texte et les musiques dont il ne se départira jamais vraiment malgré ses nombreuses expérimentations et hybridations sonores futures.

Toujours autant passionné de sons à 74 ans, le chanteur continue de triturer son piano, ses claviers et machines au coeur de la nuit, dans son appartement du quartier de Montparnasse à Paris. Au milieu de son antre qui ressemble à une pièce de brocanteurs où cohabitent des radios fifties, des photos noir-blanc de Bashung ou Elvis, un juke-box et des tableaux naïfs entre autres.

"Les sons m'inspirent des images"

"C'est vrai qu'aujourd'hui, je suis riche en sons que j'ai attrapés sur mon smartphone notamment: de la mer, des oiseaux, de la pluie sur le bitume, des bruits à Paris comme ceux des manifestations ou du brouhaha des bistrots. Ces sons m'inspirent souvent des images pour des chansons. (...) Il y a ainsi le son des corneilles ou de mon fauteuil qui grince qui apparaissent dans "Comme si la terre penchait", détaille Christophe à la RTS. Depuis son album de retour, "Bevilacqua" (1995), il est même parvenu à trouver un ton plus personnel grâce à des chansons enfin signées par ses soins et souvent labyrinthiques où son univers musical s'est fait plus électro.

Si les mots arrivent à la fin des morceaux, ils ont aussi une importance majeure: "Je prends beaucoup de notes sur mon téléphone un peut partout et tout le temps. Même si elles ne servent souvent à rien, parce qu'au moment où j'enregistre des titres je veux souvent écrire avec des choses du moment... Je chante donc d'abord en yop français (ndlr: yaourt qui pr oduit sons, onomatopées et syllabes inventées) avant d'y poser des mots définitifs".

Se frotter à l'inconnu

Christophe, né Daniel Bevilacqua en région parisienne, a d'abord eu la passion du blues et du rock avant d'entrer en chanson. Il n'imagine ainsi jamais "se passer d'Elvis, première période". Cinquante-cinq ans après ses premiers tubes, il continue de créer inlassablement et passe aisément de rockeur progressiste à dandy excentrique. Récemment, il a ainsi mis en musiques avec plein de nappes synthétiques les propos tenus par le plasticien suisse Olivier Mosset lors d'une exposition datant de 2017. Un processus auquel il est roué puisqu'il avait déjà orchestré ses propres interviews.

L'interprète du "Beau bizarre" aime plus que tout se laisser porter par le beau hasard des rencontres. Curieux de tout, passionné de formes via architecture et design ou de cinéma et d'automobiles, il préfère se frotter à l'inconnu plutôt qu'explorer des territoires apprivoisés. Récemment, celui qui a collaboré à plusieurs reprises avec le trompettiste franco-suisse Erik Truffaz ou avec le radical rockeur Alan Vega de Suicide a publié "Christophe Etc.".

Un album où il revisite et relustre musicalement son répertoire en compagnie d'une multitude d'invités, de Camille ("Petite fille du soleil") à Raphaël ("Un peu menteur") via Etienne Daho ("Petit gars"), Eddy Mitchell ("Parfum d'histoires"), Son Lux ("Les mots bleus") ou Yasmine Hamdan ("La Man"). Un second volume est prévu sous peu avec les apparitions vocales de Arno ou Katerine. Quand bien même Christophe affirme détester "les duos conventionnels". Ici, il préfère donc des collaborations où chaque invité trouve une place originale plutôt que de les convier à alterner de simples couplets-refrains. Soit encore pour lui cette éternelle quête d'inédites nuances esthétiques.

Olivier Horner

Christophe est en concert au théâtre de Beausobre, Morges, le 6 novembre à 20h30.

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