Période de contrastes qui s'inscrit dans le sillage de la déferlante punk à peine essoufflée, la new wave installe ses sonorités synthétiques entre 1978 et 1985. En provenance principalement de Grande-Bretagne et des Etats-Unis, cette nouvelle esthétique qui s'approprie les nouvelles technologies musicales et affiche un cap futuriste et mélancolique prend des formes hybrides qui se retrouvent dans les répertoires de groupes tels que The Cure, Depeche Mode, New Order, Duran Duran, Frankie Goes To Hollywood, Television, Blondie ou encore, du côté de la France, Taxi Girl.
Cold wave et pop synthétique
Dans "Standing on a Beach, la new wave en 100 disques essentiels", le journaliste français Sylvain Fanet se penche sur ce mouvement qui a connu un beau succès populaire et dont l'héritage a continué d'essaimer ces trente dernières années jusqu'aux années 2000 sous les traits de The Strokes, LCD Soundsystem, Motorama, Lescop ou Interpol. Parmi les styles phares, "il y a d'un côté un courant très froid, la cold wave, le rock gothique, la musique industrielle et de l'autre un courant plus léger, la pop synthétique ou très électronique. Ce sont les deux lumières principales et différentes d'une new wave qui n'a pas de structure musicale particulière", détaille Sylvain Fanet à la RTS.
Dans l'introduction de son livre, Sylvain Fanet évoque la chanson "Ashes to Ashes" de David Bowie sortie en 1980, seul morceau étiqueté new wave du chanteur qui avec Brian Eno a toutefois préfiguré la new wave dans sa trilogie discographique berlinoise et emblème à part entière du courant. Selon l'auteur, le répertoire et le groupe qui incarne le mieux et lance vraiment le mouvement demeure par contre Joy Division avec notamment le titre "Love Will Tear us Apart". Une autre source de la new wave se niche dans le krautrock allemand des années 1970, avec une formation comme Neu! Un genre qui a particulièrement influencé les groupes très électroniques de la new wave.
Myriades de sous-genres
Raison pour laquelle la new wave va ainsi se subdiviser en une myriade de sous-genres: cold wave, synthpop, post-punk, new romantics, gothique, heavenly voices, EBM, dark wave où basses et synthétiseurs vont tenir les premiers rôles. L'explosion new wave "coïncide aussi avec une certaine réalité sociale et géopolitique, relève Sylvain Fanet. En Angleterre et aux Etats-Unis, le conservatisme l'emporte au tournant de l'année 1980, avec l'arrivée au pouvoir de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan. La guerre froide est plus que jamais d'actualité et l'économie des puissances occidentales se trouve dans une phase de mutation douloureuse, avec des industries traditionnelles (automobile, sidérurgie...) en crise, des taux de chômage qui grimpent inexorablement et une bascule vers des sociétés tertiaires, informatisées, qui n'en est qu'à ses balbutiements".
Dépassement du punk et champ d'exploration sonore tous azimuts, la new wave n'est ainsi pas cette période superficielle où on l'a longtemps cantonnée. Elle se verra finalement chassée par une période qui aspire à autre chose et verra éclore dans les années 1990 le grunge, la britpop, la vague Madchester (Stone Roses, Happy Mondays) ou le shoegaze (My Bloody Valentine, Ride, Slowdive).
Interview: Ellen Ichters
Texte et adaptation web: Olivier Horner
"Standing on a Beach, la new wave en 100 disques essentiels", de Sylvain Fanet (Le Mot et le Reste).