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Bonaventure tient le cap et vient de recevoir un Prix suisse de la musique

La DJ Bonaventure. [DR - Julien Chavaillaz]
Musique: Bonaventure milite pour la présence des minorités dans la culture / Vertigo / 6 min. / le 29 octobre 2019
Bonaventure, c’est le nom d’une DJ et productrice suisso-congolaise qui compte parmi les talents les plus cotés de la scène électronique. Son travail complexe et sa démarche artistique originale viennent d'être primés.

Bonaventure n'est pas son vrai nom. C'est celui de son neveu décédé tragiquement. Son vrai nom est Soraya Lutangu. Elle est née à Rougemont (VD), a vécu dans un univers à la fois suisse et africain avant de se plonger dans la scène hip-hop lausannoise. Artiste suisso-congolaise établie à Lisbonne, Bonaventure a remporté un Prix suisse de musique 2019. Une distinction qui salue un travail musical complexe, mais aussi une démarche artistique originale.

Sur le plan musical, tout d’abord, son travail est novateur dans le sens où il télescope via le sampler des sonorités très atypiques. Cela va de la techno brutale, au r’n’b en passant par des musiques de danses africaines comme le kizomba ou le coupé décalé. Cet éclectisme n’est pas gratuit car il reflète sa volonté de décloisonner les styles et balayer les frontières entre les cultures.

Clubs et musées

Bonaventure utilise la musique comme un outil de recherche qui lui permet de questionner les notions de violence, de racisme et d’identité sexuelle. Depuis le milieu des années 2010, elle officie en tant que DJ et compositrice de musique électronique, elle mixe dans les clubs les plus cotés du monde, tout en se produisant aussi dans les centres d’art.

Le musée et le club sont des espaces qui ont besoin d'être décolonisés. Il y a beaucoup plus de diversité dans la musique que dans l'art contemporain ou dans les clubs, presque tous tenus par des blancs mais qui savent que la crédibilité, le vrai groove, la vibe, appartient aux minorités.

Bonaventure, productrice et DJ suisso-congolaise

Si son travail joue souvent sur la confrontation, elle présente prochainement à Genève une création plus généreuse et lumineuse, "Close friends" qui projette le spectateur dans l’univers cosy d’un salon de coiffure black. "Dans les communautés afrodescendantes, le salon de coiffure est bien plus qu'un lieu de soin ou d'esthétique, c'est un lieu d'échange et de joie", précise Bonaventure.

Si dans cette pièce atypique, elle s’essaie au jeu, à la performance, la plupart du temps son outil de travail est l’ordinateur. "Je viens du graphisme, l'ordinateur était donc l'outil le plus facile d'accès pour moi. Ensuite, j'ai mesuré la liberté que cet outil autorise, même si on sent que je viens du rap et du r’n’b".

Michel Masserey/mcm

"Close Friends" est présenté du 31 octobre au 3 novembre au Théâtre de l’Usine. C’est une création proposée par Ramaya Tegegne et Soraya Lutangu. "Mentor", le dernier album de Bonaventure, est sorti chez l’excellent label Planet Mu

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