L’Altamont Free Concert était censé être la réponse de la Californie au festival de Woodstock sur la côte Est qui, six mois plus tôt, avait symbolisé la communion autour de la musique.
Mais contrairement à Woodstock, qui a marqué un moment important dans l’histoire du rock, le festival d’Altamont a été surnommé le pire jour du rock’n’roll: 300'000 personnes, une mauvaise organisation, mauvaise ambiance, mauvaises drogues et, surtout, un bilan de quatre morts, dont un meurtre en plein concert des Rolling Stones, celui de Meredith Hunter, 18 ans, poignardé par l’un des Hells Angels qui assurait la sécurité du festival.
Cette archive, visible dans le documentaire "Gimme Shelter" sorti en 1970, retrace la tournée de 1969 des Rolling Stones. Une bonne partie du documentaire est centrée sur l'étape d’Altamont et la réaction des Stones, médusés et impuissants face à la tragédie qui se déroule à quelques mètres d’eux.
Fiasco organisationnel
Il y a deux versions qui circulent autour de l’origine du festival : l’une d’elle affirme que le groupe The Jefferson Airplaine a initié le projet. Mais les Rolling Stones jurent quant à eux qu'ils en avaient émis le souhait, étant d’avis que les concerts sur la côte Est étaient trop chers. Ils souhaitaient donc organiser un festival gratuit au Golden Gate Park de San Francisco afin de prolonger les bonnes vibrations de Woodstock et de leur récent concert au Madison Square Garden de New York. Et ainsi conclure leur année de tournée en beauté.
Au côté des Rolling Stones, d’autres groupes s’étaient en tout cas joints à la fête: Carlos Santana, The Jefferson Airplane, The Flying Burrito Brothers, Crosby Stills Nash & Young, The Grateful Dead et, enfin, pour conclure la soirée, les Stones. Une magnifique affiche qui se verra hélas ternie.
Rien n'a effectivement fonctionné sur le plan de l’organisation. Pour la police, les demandes d'autorisation pour monter le festival sont arrivées trop tard et pour Jefferson Airplane, la police a bloqué les dossiers de peu recommandables beatniks fumeurs de joints. D’autres lieux ont donc été cherchés pour organiser le festival mais sont tombés à l’eau les uns après les autres. Si bien que deux jours avant le festival, personne ne savait où il se tiendrait.
L’Altamont Free Concert va se dérouler finalement sur l’Altamont Speedway, un circuit de courses de voitures. Faute d’avoir un corps de sécurité disponible et suffisant pour encadrer le festival et parce que la scène était particulièrement basse, les organisateurs ont fait appel aux Hells Angels. L’histoire dit que le management des Rolling Stones les auraient engagés sur recommandation de deux groupes, Grateful Dead et Jefferson Airplane, et moyennant 500 dollars de bière en guise de rétribution.
L'histoire de l'assassinant reste floue
Apparemment, les Hells Angels devaient juste être assis au bord de la scène et boire leurs bières en s’assurant que personne ne se soit assassiné ni violé. Hélas, l’équation bière + Hells Angels + drogues + festival gratuit s'est révélée un cocktail explosif. Durant le concert des Rolling Stones, au moment où le groupe jouait "Under My Thumb", Meredith Hunter, 18 ans, s'est fait poignarder par un Hells Angels chargé de la sécurité.
L’histoire reste très floue. Plusieurs témoignages s’entrechoquent. Un spectateur qui se tenait tout près de la victime a dit que les Hells Angels, tendus, n'ont pas supporté que le public s’approche trop près de la scène pas plus qu'il n'y monte. Meredith Hunter a commencé à se faire bousculer par les Hells Angels, puis de plus en plus malmener et un Hells Angels a fini par sortir un couteau, qu’il lui planta dans le dos. Sur quoi Meredith Hunter a dégainé un pistolet, genre colt, de sa poche et l’a agité en l’air. Plusieurs coups de couteau plus tard, il s'est fait emmener en ambulance mais était déjà mort.
Le Hells Angels Alan Passaro fut accusé de meurtre. Mais au terme de 17 jours de procès et une délibération de plus de 12h, il s'est vu acquitter par un jury qui a conclu à la légitime défense.
Trois autres morts durant le festival
Trois autres morts sont venus noircir la tenue du festival d’Altamont: une par noyade après à une prise de LSD ainsi que deux morts suite à un accident de voiture. Autre fait mystérieux survenu plus tard, Alan Passaro va être retrouvé mort noyé dans l’Anderson Lake vers Santa Clara, dans des circonstances qui n’ont jamais été élucidées.
Si l’on considère la catastrophe d’Altamont ainsi que le décès du guitariste des Stones Brian Jones quelques mois auparavant, on peut clairement dire que 1969 fut une année catastophique pour les Rolling Stones. Et avec elle a sonné l'épilogue de l’utopie Peace & Love.
Ellen Ichters/olhor