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Les six Concertos brandebourgeois, une anthologie du génie de Bach

Jean-Sébastien Bach - 6 Concertos Brandebourgeois
Jean-Sébastien Bach - 6 Concertos Brandebourgeois
En 1719, Jean-Sébastien Bach se rend à Berlin pour acheter un clavecin. Il fait un saut chez le marquis de Brandebourg. Deux ans plus tard, il envoie un semblant de candidature spontanée, parsemée de circonvolutions XVIIIe.

Les quelques "pièces de sa composition" que Bach envoie en pièce jointe consistent en six concertos, écrits séparément et non conçus comme un cycle. Bach visant à montrer la variété de sa production au marquis, ils représenteront pourtant une espèce d’anthologie de tout ce qu’il lui est possible de faire dans le genre du concerto instrumental.

Les Concertos 1, 3 et 6 mettent en oeuvre des choeurs instrumentaux – des blocs d’instruments qui ne cèdent qu’exceptionnellement la place à un instrument soliste. Les Concertos 2, 4 et 5, par contre, mettent en avant un instrument supersoliste par-dessus les autres groupes: trompette dans le 2, violon dans le 4 et clavecin dans le n°5, avec une cadence solo tellement monstrueuse que la partition se voit souvent labellisée "1er concerto pour clavecin de l’histoire de l’humanité".

Propos riche, rythmé et unifié

A l’identique de Vivaldi, Bach fait presque toujours le choix d’un concerto en trois mouvements. Et dans ses ritournelles, Bach construira un propos riche, rythmé et unifié qu’on peut rapprocher de l’analyse réthorique. A travers les notes, les impulsions mélodiques, c’est tout un propos de phrases, d’arguments et de réponses qui se construit.

Peine perdue: la candidature reste lettre morte – le marquis, dont rien ne prouve qu’il disposait des musiciens nécessaires pour exécuter correctement les concertos, est loin de s’imaginer que des siècles plus tard ils seront enregistrés et joués à travers le monde entier. Apprenez que tout compositeur vit aux dépens de celui qui l’écoute. Cette leçon valait plus que six concertos, sans doute.

RTS Culture

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