En A nous avons Thérèse Malfatti von Rohrenbach zu Dezza, qui ne s’appelle pas Elise puisqu’elle s’appelle Thérèse. Jeune aristocrate viennoise que Beethoven demanda en mariage (la réponse sera "nein".) Elle plaide que la dédicace de Beethoven sur la partition était illisible, d’où la confusion.
En B, la soprano Elisabeth Röckel, qui ne s’appelle pas Elise puisqu’elle s’appelle Elisabeth. Beethoven aurait aussi voulu l’épouser (ce fut "nein" aussi). Elle plaide le diminutif.
En C, Juliane Katharine Elisabet Barensfeld, chanteuse dont rien ne prouve qu’elle ait été proche de Beethoven. Elle ne plaide pas grand chose.
Quoi qu’il en soit, une chose est sûre: si la dédicataire de "Pour Elise" avait été connue, en vie, et que Ludwig lui avait cédé ses droits d’auteur, la réponse aurait été "Ja".
Cette partition, une bagatelle?
Avec des si, on met Vienne dans un Apfelstrudel, mais c’est avec des mi, mi, mi, mi, mi que Beethoven écrit un des tubes de sa vie, la "Bagatelle WoO 59" ("Werk Ohne Verzeichnis" – Oeuvre sans numéro d’opus) en la mineur. Voilà pour son vrai nom de baptême. Une bagatelle: une partition de trois fois rien? Pas sûr du tout. Car Beethoven en esquisse la mélodie en 1808, l’écrit en 1810, y revient en 1822, probablement pour l’éditer. Cela fait trop d’étapes pour n’être pas prise au sérieux.
Les Symphonies éclatantes de Beethoven ont conquis le monde entier. La bagatelle en la mineur, elle, tout en douceur, a préféré s’y faufiler.
RTS Culture
Clarté, concision, humour: la websérie "Je Sais Pas Vous" décrypte dix grandes pièces du répertoire classique d'un ton décalé et rythmé qui, en un temps record, rendent hommage à la personnalité unique de chaque oeuvre et de leur auteur.