Il vient de recevoir un prix d'honneur aux Swiss Music Awards pour ses quarante ans de carrière ainsi que de proposer un concert avec plusieurs invités, dont Sophie Hunger, la Fanfare Traktorkestar et Heidi Happy, pour marquer le coup. A cette occasion, Stephan Eicher revient pour la RTS sur son parcours à travers quelques thématiques clés qui l'ont défini et guidé.
L'amitié
Le chanteur bernois évoque ainsi l'amitié, moteur de sa créativité. "Je suis très honnête avec moi-même. Seul, je ne suis rien. J'ai besoin des autres pour que ma voix se lève, que la mélodie arrive ou que j'ouvre les yeux sur le monde. Ma solitude est presque dramatique quelque part, même si je ne l'aime pas forcément. Je suis un corps de résonance pour les autres. C'est ainsi un plaisir physique d'accepter un texte de Philippe Djian ou Martin Sutter".
L'Amérique
"Mes débuts étaient très liés à l'Amérique. J'ai voulu prendre une guitare dans les mains parce que Bob Dylan existait. Je préférais les groupes américains aux groupes britanniques (...) C'est assez paradoxal puisque politiquement parlant, j'ai toujours été anti-américain. Mais je crois avoir quitté l'Amérique depuis l'album "Eldorado" et avoir davantage rejoint les rivages de la chanson mélodique.
Les lieux
"C'est vrai que les lieux sont importants dans ma vie. J'adore faire des pèlerinages par exemple dans des lieux où j'ai vécu, comme Zurich ou Berne. J'utilise aussi ces lieux comme une nourriture spirituelle. L'idée de sédentarisme est une connerie pour moi. Parfois, quand je me réveille un matin, je sais que ma relation avec les lieux que j'ai visités ou que j'ai habités est terminée par contre (...) Les lieux ont en tout cas souvent été intégrés à mon processus de création, d'Engelberg à Carcassonne".
L'engagement
"Je crois que vous n'avez rarement rencontré quelqu'un d'aussi politisé que moi! Tout doit se définir à la fin dans une idée politique. Pour moi, c'est ainsi formuler chaque jour la grammaire qui nous fait vivre ensemble".
Le rassembleur
"Visuellement et physiquement, j'ai envie d'être un rassembleur, comme à Paléo l'été dernier pour remplacer un concert annulé. J'aime travailler avec un collectif (...) J'ai prouvé aussi en faisant par exemple un concert en hommage à Moondog à Lyon, où les répétitions étaient très compliquées, que je suis un bon médiateur. Je n'aime pas l'idée de chef d'orchestre et préfère celle de marieur, facilitateur".
Interview: Yann Zitouni
Texte et adaptation web: Olivier Horner