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Marina Viotti, un confinement sur une note légère

Marina Viotti. [DR]
Marina Viotti, un confinement sur une note légère (1/4) / Musique Matin / 7 min. / le 15 avril 2020
Réfugiée à Lyon auprès des siens, la cantatrice née à Lausanne rivalise d'idées pour tirer profit du confinement. Entraînement sportif et cours de chant par vidéoconférences notamment, elle épate par son sens des responsabilités.

Elle, c’est Marina Viotti, l’esprit vif, la voix expressive et colorée. Cantatrice née à Lausanne de parents franco-italiens, elle a chanté du métal avant de s’adonner au répertoire lyrique. Son père, Marcello Viotti natif de Vallorbe, était un grand chef d’opéra mort subitement en 2005. Son frère Lorenzo est lui aussi chef d’orchestre (il a dirigé récemment "Roméo et Juliette" à la Scala de Milan, puis la "3e Symphonie" de Mahler à l'Orchestre philharmonique de Berlin). Son autre petit frère, Alessandro, est corniste à l'Opéra de Lyon, et sa sœur cadette Milena également corniste à l'Opéra de Munich. Une fratrie de musiciens hyper doués!

Planning très structuré

Séjournant depuis plus d’un mois à Lyon, auprès du domicile familial avec sa mère et ses deux frères (le "QG" comme elle l’appelle familièrement), Marina Viotti ne manque pas d’idées pour tirer profit du confinement. "On a beaucoup de chance puisqu’on est dans une maison avec un jardin, dit-elle. On fait notre sport dehors d’autant qu’il fait beau. On a aussi des outils de sport dedans comme un vélo d’intérieur. On a par ailleurs un piano, ce qui nous permet de faire de la musique ensemble." Ses journées, elle les structure selon un planning très serré. "Moi, je sais que je dois faire du sport, du yoga, apprendre une langue, de nouveaux rôles, donner des cours de chant".

Ses cours de chant par vidéoconférence remportent un certain succès. "J’utilise l’application Zoom, j’ai une dizaine d’élèves d’un peu partout dans le monde" – essentiellement des jeunes mezzo-sopranos qui la suivent sur les réseaux sociaux. "Je me rends compte que j’ai pas mal de petits trucs à leur donner qui peuvent aider pour le bel canto et la musique italienne".  "Une voix pas placée au bon endroit, un problème de voyelle", tels sont les écueils qu’elle peut corriger à distance. "On fait contre mauvaise fortune bon cœur, et on se dit que ça peut toujours aider, être utile".

Des "challenges" ludiques et absurdes

A Lyon, elle participe à une série de défis lancés depuis le début du confinement par son frère Lorenzo Viotti et Andreas Ottensamer, brillant clarinette solo à l’Orchestre philharmonique de Berlin lui-même confiné à Berlin. Ces défis sont de nature artistique et sportive, filmés au jour le jour, postés sur Instagram, entre progrès et obstacles! "Il y a des challenges de sport, de danse classique – moi qui n’ai pas de grâce, j’ai participé au challenge du ballet. On a dû aussi apprendre la tirade "To be, or not to be" de Shakespeare en vieil anglais. Ça m’a pris quasiment toute la journée parce que c’est très long!".

Une championne des réseaux sociaux

Rester en contact avec sa communauté, ne pas devenir invisible sur l’immense toile du Web: Marina Viotti organise des concerts en direct depuis le domicile familial, entre classique et métal, pour capter l’attention de ses admirateurs. Son frère Lorenzo, qui n’est pourtant pas pianiste professionnel, l’a accompagnée dans "Hôtel" de Poulenc. Une mélodie sur un court poème d’Apollinaire évoquant "une chambre qui a la forme d’une cage". "C’est assez proche de ce que vivent les gens en ce moment", commente-t-elle. Elle, ses deux frères et sa mère ont aussi chanté "Je ne veux pas travailler" de Pink Martini – titre lui-même inspiré de ce poème d’Apollinaire.

Une chose est sûre: le travail ne lui fait pas peur. C’est en puisant dans ses ressources et une soif d’apprendre que la cantatrice en pleine éclosion et développement de carrière, malgré les incertitudes qui pèsent sur sa profession, est décidée à triompher de l’adversité.

Julian Sykes/aq

Le compte Instagram de Marina Viotti.

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