En Suisse, les festivals majeurs, à savoir le Montreux Jazz et le Paléo Festival de Nyon, plaident déjà pour une annulation. Daniel Rossellat, président et fondateur du Paléo, explique qu'en cas de suppression pour cause de force majeure les contrats sont annulés de plein droits, c'est-à-dire sans contrepartie de part et d’autre.
"Plus vite la décision sera prise, idéalement par le Conseil fédéral, d’interdire les grands rassemblements, plus vite ça clarifiera les choses", précise-t-il.
Tout a commencé à vaciller le 18 mars, quand le célèbre festival anglais de Glastonbury a annoncé son annulation. Puis le Danemark a interdit tout grand rassemblement jusqu’à fin août, sacrifiant l'immense festival de Roskilde. En France, les Eurockéennes de Belfort ou les Nuits de Fourvière à Lyon ont annulé mardi suite à l'interdiction d'organiser des festivals jusqu'à la mi-juillet au moins, annoncée par le président de la République Emmanuel Macron lundi soir. Le festival des Vieilles Charrues, prévu du 16 au 19 juillet, a quant à lui été annulé mercredi soir. Par effet domino, de nombreux autres risquent de subir le même sort dans les prochains jours
Modèle économique trop fragile
Car certains groupes mènent en effet des tournées coûtant des dizaines, voire des centaines de millions de dollars, et si plusieurs dates viennent à tomber, c’est tout le budget qui s’écroule. Ainsi, alors que les cachets d’artistes étaient devenus stratosphériques et les billets d’entrée toujours plus chers, la crise du Covid-19 sonne peut-être le glas d’un modèle économique dépassé.
Pour Mathieu Jaton, directeur général du Montreux Jazz Festival, cette crise devra mener à de vraies remises en question, et offre peut-être une opportunité de repenser un modèle qui devenait de plus en plus fragile.
Les solutions sont multiples, mais un soutien financier important de l’Etat paraît indispensable pour sauver les festivals d’une possible faillite. À Montreux comme à Nyon, les pertes sèches des frais déjà engagés non remboursables s’élèvent à plus de 5 millions de francs.
Cecilia Mendoza et Gilles de Diesbach/jop