Jusqu'à mi-avril, Benjamin Bernheim aurait dû briller neuf fois sur la scène de l'Opéra Bastille, à Paris, dans le rôle du Chevalier des Grieux de "Manon" de Massenet, au côté de la soprano sud-africaine Pretty Yende. Mais le coronavirus en a décidé autrement et a forcé le ténor franco-suisse à se replier chez lui, à Zurich, où il attend patiemment que les salles d'opéra ouvrent à nouveau.
Concerné par le sort des plus démunis, il réclame pacifiquement des mesures financières en cette période qui voit les projets culturels être annulés les uns après les autres. "Je trouve important qu'on ne soit plus que des solistes, juste présents là pour notre pomme mais que tous ensemble, quels que soient nos instruments, nous soyons solidaires également avec ceux qui préparent les costumes ou les décors, ou encore les étudiants qui sortent des conservatoires et n'ont aucune perspective", explique-t-il à la RTS.
Carrière de soliste mais esprit d'équipe
Si l'esprit de troupe anime toujours celui qui fit partie à ses débuts de l'Opera Studio de Zurich, c'est désormais sa belle carrière de soliste qui lui ouvre les portes des plus grandes maisons d'opéra.
A l'automne dernier, Benjamin Bernheim a signé à 34 ans son premier disque pour le prestigieux label Deutsche Grammophon. "Un rêve", confie-t-il, pas encore totalement revenu de sa surprise.
Accompagné du Philharmonique de Prague sous la baguette du chef Emmanuel Villaume, le ténor y interprète des airs "romantiques" bien connus du répertoire. Un pari osé, mais gagné. L'interprétation de Benjamin Berheim est ciselée, la douceur omniprésente.
Dans le viseur, la chanteur espère pouvoir assurer son récital au Festival de Salzbourg le 23 août prochain. Puis si tout va bien, ce sera des Grieux à nouveau, sur la scène de l'Opéra de Zurich, dès le mois de novembre. Et au chapitre des rêves? Sans hésiter, les rôles d'Hoffman ("Les Contes d'Hoffmann" de Jacques Offenbach) et de Werther ("Werther" de Jules Massenet), deux sommets de l'art lyrique qu'il "met en place tranquillement". Il ne reste plus au mélomane qu'à patienter, encore, pour espérer retrouver bientôt ce ténor à la voix chaude et délicate sur les scènes internationales.
Propos recueillis par Benoît Perrier
Adaptation web: Melissa Härtel
Benjamin Bernheim, "A selection of famous romantic arias", Deutsche Grammophon, novembre 2019