Il joue la carte du beau gosse, distille ses photos sur les réseaux sociaux. Il se passionne pour le sport et, durant le confinement, il ne pouvait tout simplement pas se laisser aller! Ses exploits filmés circulent sur Instagram et Facebook, en lien avec son réseau de followers et de proches, parmi lesquels le chef d'orchestre Lorenzo Viotti, l'un de ses meilleurs amis.
Une dynastie de clarinettistes
Né à Vienne, établi à Berlin, Andreas Ottensamer partage la même passion que son frère aîné pour la clarinette. Leur père, Ernst Ottensamer (1955-2017), fut clarinette solo à l'Orchestre philharmonique de Vienne – autant dire une dynastie de clarinettistes.
Andreas est aujourd'hui clarinette solo à l'Orchestre philharmonique de Berlin, par ailleurs brillant soliste international. Il a enregistré plusieurs albums pour sa maison de disques Deutsche Grammophon, dont le dernier avec la fringante star du piano, Yuja Wang.
Séances de musculation
"Pour moi, c'est sans précédent de me retrouver aussi longtemps chez moi à Berlin, explique le clarinettiste, parce que normalement, je suis tout le temps en déplacement pour des concerts". Tri, rangements dans l'appartement, mais aussi séances de musculation et de sport pour tenir la forme. Le sémillant clarinettiste partage des vidéos sur Instagram où on le voit relever des défis sportifs ou réciter la tirade "To be, or not to be" de "Hamlet" de Shakespeare, trébuchant sur certains passages, cherchant à éprouver sa mémoire.
Le musicien autrichien est en lien permanent avec la famille Viotti, confinée à Lyon. "Lorenzo est mon meilleur ami, et toute la famille m'est très chère". Les deux amis ont lancé une série de "challenges" sur Instagram (avec la cantatrice Marina Viotti, sœur aînée de Lorenzo Viotti) pour tirer profit du confinement. Ils sont suivis par une communauté d'internautes et de fans à l'affût de leurs exploits confinant parfois à l'absurde.
Une touche d'optimisme
Andreas Ottensamer incarne ainsi le prototype de l'artiste classique contemporain en phase avec les outils de communication de son époque. "Nous essayons d'apporter un peu de positivité en cette période de confinement malgré les limites qu'elle impose, dit-il. Ainsi les gens passent plus de temps avec leur famille. C'est pourquoi on a essayé de créer cet espace de divertissement et de loisirs sur Instagram et Facebook. Nous postons chaque jour - ou presque - un challenge. D'ailleurs Lorenzo est un peu en retard: il doit encore se mesurer à mon challenge!".
Concerts sur la toile
Contrairement à d'autres musiciens obligés de se filmer chez eux avec les moyens du bord, Andreas Ottensamer a pu compter sur l'appui de Deutsche Grammophon, en partenariat avec Arte, pour poster un concert filmé dans une authentique salle de concert à Berlin. Accompagné par le pianiste Julien Quentin (placé à une distance respectable) sans public, il a ainsi joué Poulenc, Schumann et Brahms, à la Meistersaal.
Plutôt privilégié, le clarinettiste autrichien se montre solidaire à l'égard d'autres musiciens menacés dans leur activité professionnelle. "Pour quelques-uns, ça peut être dramatique financièrement, comme ça l'est pour d'autres personnes dans les secteurs de la restauration ou autres entreprises indépendantes qui n'ont pas les fonds nécessaires pour survivre sans revenus. Le moment est venu d'y réfléchir, d'être actif et d'y remédier. Notre mission est limitée, mais nous essayons d'apporter de la joie aux gens par nos concerts ou ces stupides petits défis". Une façon de conjurer le mauvais sort avec humour.
Julian Sykes/ld
Retrouvez Andreas Ottensamer et Julien Quentin en concert "live" chez le violoniste Daniel Hope à Berlin, jeudi 23 avril à 18 heures sur Arte Concert.