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En pleine pandémie, la K-Pop se porte à merveille

Les membres du groupe de K-pop "SuperM" en 2019.
La K-Pop se rit de la pandémie / Vertigo / 5 min. / le 29 avril 2020
Suivies dans le monde entier, les vedettes de la pop coréenne ont migré sur le net avec des événements payants. Les recettes se chiffrent en millions de dollars. Un nouveau modèle de show-business à distance?

C’est le coup de l’année. Deux millions de dollars gagnés lors d’un concert en pleine pandémie mondiale. Il y a de quoi bondir de joie sur ses semelles compensées à l’heure où les billetteries ne font qu’annoncer des concerts annulés et des procédures de remboursement. Le boys band coréen SuperM a donné dimanche dernier un concert pour 75'000 fans payants.

Les fans venus de 109 pays, dont la Suisse, se sont retrouvés sur… internet. Leur billet donnait un accès au live, débuté à 14h pile, heure de Séoul. On y découvre les très charmants Lucas, Ten, Mark Lee, Kaï, Tae Young, Lee Taemin et Byun Buek Hyun, tous les sept issus d’autres groupes vedettes de la K-Pop, une industrie du divertissement musical et dansé dont la première figure mondialement connue fut Psy et son tube "Gangnam Style".

Déluge d'images de synthèse

Un détail de ce concert surprend: on ne voit ni sono, ni scène, ni décor construit. Les membres de SuperM ont joué leur chorégraphie sur un plateau de tournage, une green box ou boîte vide. Avec derrière eux un ballet d’images de synthèse digne d’un jeu vidéo avec effets 3D. C’est visuellement très réussi, impeccable côté rendu sonore. Etait-ce du vrai live? Pas sûr.

Cet événement n’était en tout cas pas un concert remplacement pour une date annulée. Mais bel et bien un nouveau produit inventé par la K-Pop pour ses fans, très nombreux à travers le monde.

Le concert de SuperM s’inscrit dans une opération nommée Beyond Live (au-delà du live), imaginée avant l’épidémie de Covid-19. Spécialisé dans le business de spectacle, le magazine anglo-saxon I-Q "Live music Intelligence" note qu’avant la prestation de SuperM, il y a eu un premier essai mélangeant virtuel et réel. Le groupe coréen BTS s’est produit deux soirs au stade londonien de Wembley, tout en vendant son spectacle en streaming live dans le monde entier. Résultat: 3,5 millions de dollars de recette.

Trente dollars le billet

Cette tendance fait saliver le monde des promoteurs en manque de liquidités. Sachant que les fans de K-Pop, achètent actuellement des tickets pour les concerts virtuels de WayV (le 3 mai), de NCT Dream (le 10 mai) ou encore de NCT 127 (17 mai). Prix d’un billet: 30 dollars. Un prix assez conséquent même si au final vous bénéficiez du confort de … votre propre fauteuil ou de votre lit. Puisque tout ceci, on le rappelle, se passe avant tout sur tablette ou smartphone avec une paire d’écouteurs.

Coréen, ce phénomène pourrait-il gagner le reste de la musique pop à l’heure où tout le monde y va de son aubade en streaming depuis son salon ou sa cuisine?

Un marché très spécifique

François Pinard est sceptique. Ce promoteur français dirige l’agence Los Production. Les concerts de K-Pop à Paris, c’est grâce à lui. Quelques noms de groupes à son actif: SF9, Day6, God7… "Le phénomène devrait se limiter à la seule K-Pop. C’est un marché très spécifique. Elle attire un public essentiellement féminin, entre 14 et 20 ans, très fidèle. Le merchandising, les produits dérivés et les réseaux sociaux y sont très importants."

Selon l’organisateur de concert, "le seul genre musical où le merchandising et les produits dérivés ont autant d’importance, c’est le métal.  Mais ses fans préfèrent encore le vrai live". Et puis les plus grands noms du genre ne s’adressent plus à un public très jeune, mais plutôt intergénérationnel qui a d’autres habitudes de consommation culturelle. Les sexagénaires AC/DC, Kiss, Metallica ou Iron Maiden ne sauraient intéresser les foules adolescentes branchées K-Pop.

Thierry Sartoretti/mh

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