Ennio Morricone est décédé la nuit dernière dans une clinique romaine des suites d'une chute. Il s'était brisé le fémur il y a quelques jours. Le "maestro" italien "s'est éteint à l'aube du 6 juillet avec le réconfort de la foi", indique un communiqué de l'avocat et ami de la famille Giorgio Assuma, cité par les médias. "Adieu maestro et merci pour les émotions que tu nous a offertes", a réagi sur Twitter Roberto Speranza, ministre de la Santé.
Né à Rome en 1928, Ennio Morricone commence à composer dès l'âge de six ans. A dix ans, il s'inscrit au cours de trompette de la prestigieuse Académie nationale Sainte-Cécile à Rome, où il est remarqué par le grand professeur Goffredo Petrassi. Il étudie également la composition, l'orchestration, l'orgue et s'initie à la musique sérielle.
Une collaboration fructueuse avec Sergio Leone
Après avoir débuté par la musique "sérieuse", il commence en 1961 à 33 ans au cinéma avec "Mission ultra-secrète" de Luciano Salce. Trouvant les musiques de film italiens médiocres et mièvres, il veut les renouveler et imposer un style plus "américain".
La célébrité arrive avec "Pour une poignée de dollars" (1964) de Sergio Leone. Sa collaboration fructueuse avec le maître du western spaghetti lui apporte une réputation internationale ("Il était une fois dans l'Ouest", "Le Bon, la Brute et le Truand", "Il était une fois l'Amérique").
Au final, plus de 500 bandes originales parmi lesquelles, celles des films du réalisateur italien, de grands films à succès comme "Les Incorruptibles", "Cinéma Paradiso", "Outrage", les films avec Belmondo ("Le clan des Siliciens" et "Le Professionnel") ou encore les trois films de "La Cage aux folles".
Mais Ennio Morricone a aussi composé d'innombrables musiques de films de séries B, des films d'horreur et même quelques nanars érotiques. L’un de ses genres favoris dans les années 60 et 70 était le giallo. Des thrillers très sanglants où le compositeur se lâchait dans les sonorités étranges de comptines pour enfants déformées portées par des chœurs effrayants comme dans "Qui l’a vue mourir" réalisé par Aldo Lado en 1972.
Homme de contrôle, le compositeur italien a toujours tenu à orchestrer, diriger et enregistrer lui-même ses partitions dans son studio romain qu'il ne quittait pratiquement jamais.
Un son immédiatement reconnaissable
Morricone, c'était surtout un son. Un son qui provoque la rencontre d'instruments insolites (flûte de pan, harmonica), un joyeux brassage de styles entre orchestres symphoniques, rythmes pop, musique concrète ou même musique sérielle.
Un son immédiatement reconnaissable, dont le plus connu restera sans doute celui du film "Le Bon, la Brute et le Truand". Pour sa troisième collaboration avec le réalisateur Sergio Leone, le compositeur avait choisi pour chacun des trois protagonistes principaux un instrument pour le caractériser: la flûte pour le Bon, l'ocarina pour la Brute, et la voix pour le Truand. Quelques notes qui depuis sont entrées dans l'histoire du cinéma.
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La recette de son succès? "Quand on entre dans un film, la musique frappe à la porte, elle doit préparer le spectateur et sortir sans claquer la porte, sur la pointe des pieds" précisait le compositeur.
La musique d'Ennio Morricone n’est pas juste collée sur les images. Elle entre dans l’action, elle est jouée, sifflée, parfois même fredonnée par les personnages.
En 2016, à l'âge de 87 ans, il remporte enfin l'Oscar de la meilleure musique de film pour "Les Huit Salopards" réalisé par Quentin Tarantino. En 2007, il avait déjà reçu un Oscar d'honneur "en reconnaissance de ses contributions magnifiques et multiples à l'art de la musique de film".
aq/gma avec agences