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Les petits festivals pourraient bien tirer leur épingle du jeu estival

Concert de Beth Ditto barrage de Mauvoisin lors du Palp Festival en Valais, le 15 août 2019. [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Concert de Beth Ditto barrage de Mauvoisin lors du Palp Festival en Valais, le 15 août 2019. - [Keystone - Jean-Christophe Bott]
Alors que la crise sanitaire a eu raison de la tenue des grands festivals romands, certains événements régionaux plus modestes ont maintenu leurs éditions. A l'image du Palp Festival en Valais ou de Puplinge Classique à Genève qui pourraient sortir gagnants de l'été.

La pandémie de coronavirus a tôt eu raison des grands festivals romands comme Paléo ou le Montreux Jazz côté musiques actuelles ou Verbier et Gstaad côté musique classique, qui se sont tournés vers les fonds d'indemnisation culturels pour limiter la casse d'une année blanche.

Les événements régionaux plus modestes ont par contre vu dans les premières mesures de rassemblement de 300 personnes maximum autorisées par le Conseil fédéral la possibilité de surseoir à un été sans rendez-vous scéniques. Et ce jusqu'à La Bâtie-Festival à Genève et au Lavaux Classic qui vont respectivement clore la saison du 28 août au 15 septembre et du 10 au 13 septembre.

Du Palp Festival en Valais au Puplinge Classique à Genève, certaines manifestations régionales payantes ont ainsi maintenu le cap de leurs éditions 2020, voyant encore dans l'augmentation de la jauge du public à 1'000 personnes de solides perspectives. Sans compter la capacité à se réinventer que les autres événements jalonnant l'été festivalier ont montré ça et là, de La Cité à Lausanne au Cully Jazz qui ont proposé une série de concerts et spectacles gratuits dans des lieux inédits.

Le Palp se devait de fêter ses dix ans

C'est au Palp qu'est revenu l'honneur d'ouvrir cette saison festivalière particulière dès le 20 juin. Pour sa 10e édition qu'il était inconcevable d'annuler selon son directeur Sébastien Olesen, le festival a misé jusqu'à fin août sur une programmation repensée mais restant au coeur de son ADN, à savoir des événements à taille humaine privilégiant la proximité et le terroir.

"Il est certain qu'en termes de visibilité, cette édition du Palp est beaucoup plus présente. Mais je ne sais pas encore si c'est une chance d'exister cette année au vu de la capacité de spectateurs réduite et sachant que 70% de notre affiche initiale est tombée à l'eau en raison de la crise sanitaire. Je pense que nous aurions eu une attractivité identique pour davantage de monde en temps normal. Mais nous nous devions de tenter le coup", explique Sébastien Olesen.

L'un des concerts-repas organisés par le Palp Festival en Valais durant l'édition 2020. [Palp Festival 2020 - DR]
L'un des concerts-repas organisés par le Palp Festival en Valais durant l'édition 2020. [Palp Festival 2020 - DR]

Avec des jauges limitées à 300 personnes pour des événements en rassemblant normalement 1'000, comme l'incontournable et prisée Rocklette annuelle, le Palp ne peut évidemment avoir la même allure qu'auparavant. "Ces dernières années, le festival s'est agrandi, a gagné en notoriété, avec une affluence de 30'000 personnes pour l'édition 2019. Notre programme a bien sûr dû aussi être repensé budgétairement, passant de 2,2 millions de francs à 1,7 millions", relève le directeur du rendez-vous valaisan.

Reste que sa tenue principalement dans des lieux extérieurs et la flexibilité d'une équipe mobile ont favorisé le redéploiement de la manifestation qui accueille artistes suisses et européens et affiche complet tout l'été.

La musique classique se déconfine aussi

Dans le domaine des musiques classiques et dans une voilure plus modeste avec un peu plus de 200'000 francs de budget, Puplinge Classique va proposer douze soirées du 18 juillet au 22 août qui se tiendront dans l'église de la commune genevoise. "C'est une chance réelle, oui, de pouvoir maintenir notre édition dans ce vide festivalier. Un peu comme à la fin des dinosaures quand les mammifères ont pu tirer leur épingle du jeu, s'amuse François-Xavier Poizat, directeur du festival. Je crois que les petits festivals professionnels, comme le nôtre ou Collonges, vont s'en tirer cette année alors que ce sera plus difficile pour les événements plus associatifs en termes d'organisation".

Si Puplinge Classique a rapidement planché sur un plan B avec une édition numérique, il s'est décidé à maintenir son édition 2020 le 27 mai à l'annonce des autorisations fédérales de rassemblements de 300 personnes. "A deux concerts près d'artistes canadiens et sud-coréens, nous sommes parvenus à proposer la même affiche que prévu. Et nous n'avons aucune crainte financière puisque l'an dernier nous avons accueilli en moyenne 214 spectateurs par soirée".

En cette année de quasi-sevrage de festivals, Puplinge Classique, à l'image du Palp, risque fort d'afficher aussi complet tous les soirs.

Olivier Horner

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