Vive les mariés! C’est la noce en Erythrée. Hani Mihreateab mène le bal. Chacune, chacun porte le blanc souligné de mille et une couleurs. Dans la main du chanteur, ce n’est pas l’arc de Cupidon le malicieux ou la lyre d’Orphée l’amoureux, mais le krar, cet instrument traditionnel dans la Corne d’Afrique.
Dans le clip "Hamathey", on danse, on fête, on boit (c’est un mariage chrétien) et on a l’esprit partageur. Près de 4 millions de vues pour cette chanson de mariage tournée en appartement.
Un chanteur exilé à Londres
Tout baigne? Presque. Un petit coup de fil à Hani Mihreateab nous rappelle que le chanteur est exilé loin de son pays. Le prix à payer pour son militantisme contre le gouvernement érythréen peu porté sur le dialogue démocratique. Quand il ne chante pas l’amour ou la beauté de l’Erythrée, Hani Mihreateab entonne un répertoire engagé, comme en 2016 devant les bâtiments de l’ONU à Genève.
Son clip? Tourné dans le pays voisin, à Addis-Abeba, capitale de l’Ethiopie. Et si Hani Mihreateab joue régulièrement dans le monde entier à la rencontre de la diaspora érythréenne, ce n’est pas demain la veille qu’on le verra animer un mariage en plein centre d’Asmara, sa ville d’origine. L’exil a ses contraintes. Depuis 13 ans qu’il mène une carrière artistique, Hani Mihreateab arpente également les rues de la capitale anglaise derrière le volant de son taxi.
La musique tigrigna rime souvent avec exil. Autre vedette venue d’Asmara, l’incandescente Dehab Faytinga réside… dans le canton de Vaud, point de départ de ses tournées internationales.
Guettez le visage d’Hani Mihreateab sur les affichettes dans les restaurants de la communauté en Suisse. Il joue régulièrement entre Genève et Zurich et promet de revenir vers l’automne… si les développements du coronavirus le veulent bien.
Thierry Sartoretti/aq