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Sophie Hunger s'épanouit entre réalité et imaginaire sur "Halluzinationen"

Rendez-vous culture: Sophie Hunger, auteure-compositrice-interprète.
Rendez-vous culture: Sophie Hunger, auteure-compositrice-interprète. / 12h45 / 11 min. / le 25 août 2020
La chanteuse bernoise installée à Berlin publie "Halluzinationen", un septième album enregistré d'une traite dans les conditions du live au mythique studio Abbey Road de Londres. Sophie Hunger y revient pleine de spontanéité et d'introspections pop.

C'est la solitude qui a engendré les "Halluzinationen" de ce septième album studio de Sophie Hunger en quatorze ans. Au sortir de la tournée qui a suivi son précédent album majoritairement électronique, "Molecules", la chanteuse bernoise s'est retrouvée seule dans son appartement à Berlin aux prises avec des questions introspectives inédites sur sa vie passée, de musicienne et de femme. Se demandant si la solitude était une conséquence de ses hallucinations ou si ces dernières avaient créé sa solitude.

Ce nouveau disque thématise donc son questionnement entre plages pop nerveuses et plages mélancoliques mid-tempo ou ballades intimistes. En anglais essentiellement mais aussi en allemand, la récipiendaire du Prix suisse de musique 2016 et signataire de la bande originale de "Ma vie de courgette" s'affirme avec une spontanéité pleine de fraîcheur et de torpeur, expérimentant et mélangeant les genres, jusqu'au krautrock, avec une liberté et une aisance folle.

Mis en boîte dans les conditions du live au bout de six prises en deux jours, "Halluzinationen" a choisi de rompre avec les climats électroniques de son précédent disque. "J'ai voulu procéder à l'inverse de 'Molecules' que j'avais enregistré pièce après pièce pendant six semaines. Là, c'est un album réalisé en une seule prise brute avec tout le monde jouant dans la même pièce, sans avoir le droit de faire des corrections sonores ensuite", précise Sophie Hunger à la RTS.

Voyage hallucinatoire intérieure

La pochette de l'album "Halluzinationen" de Sophie Hunger. [DR]
La pochette de l'album "Halluzinationen" de Sophie Hunger. [DR]

En dix titres aussi contraignants qu'élégants qui réactivent les accents jazz et folk de son répertoire passé, la chanteuse alémanique évoque son environnement en faisant notamment le portrait d'une prostituée arpentant le bitume en bas de chez elle ("Maria Magdalena") et celui d'un bar proche ("Liquid Air"). Une chanson qui introduit cet enregistrement vibrant et exploratoire qui ressemble au voyage hallucinatoire intérieure de son auteure.

En équilibre entre sa réalité et son imaginaire, elle évoque aussi sur "Finde mich" ses origines helvétiques, pas tout à fait effacées malgré le fait de se considérer comme une citoyenne du monde.

Olivier Horner

CD: Sophie Hunger, "Halluzinationen" (Carolina International/Universal Music).

Concerts: Palp Festival, Val d'Anniviers, le 5 septembre; Kaufleuten, Zurich, les 6 et 9 septembre; ISC, Berne, le 10 septembre.

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