Il y a quatre ans, on le découvrait en crooner sombre, pétri de poésie romantique et de cold wave anglo-saxonne. Punk dans l'âme, le Genevois Régis faisait son entrée en chanson par la grande porte, évoquant volontiers la nuit, la solitude, la mélancolie. Sous tutelle de Bashung période "Play Blessure" ou Daniel Darc époque "Amours suprêmes".
Quatre ans plus tard, cet ange glaçant s'est mué en amoureux solitaire (Darc au temps de Taxi Girl du coup) avec "L'enfer c'est nous", deuxième album où il marrie Gainsbourg, Suicide et les références littéraires (Sartre ou Proust cette fois) avec originalité et consistance. "Ce mélange me plaît. Même si je ne suis sans doute pas unique, il y quand même peu d'autres artistes qui font de la musique électronique sur de la chanson française dans un esprit rock", estime Régis, érotomane et bruitiste à sa manière aussi désinvolte que désenchantée.
Enfer et paradis sentimentaux
Contrairement à son premier album, le chanteur a cette fois produit tous ses titres lui-même, dans un esprit lo-fi assumé, "en demandant juste à des musiciens de venir sur quelques morceaux pour rajouter des guitares". Mais en ne perdant jamais de vue la manière dont il allait présenter ce disque seul sur scène, sans ordinateurs, en pilotant ses machines sur les modulations de sa voix grave.
Si les neuf chansons de "L'enfer c'est nous" sont encore constituées de spleen, de nuit, d'errance ("Lévitation", "Sur la route") ou de vague à l'âme ("Adieu Genève"), enfer et paradis sentimentaux s'y conjuguent surtout le plus souvent en se confondant ("L'enfer c'est nous" à tendance plus érotique, "Fin du monde", "Je suis Dieu" ou "Nulle part"). Autant de morceaux ardents et embrasés sur lesquels Régis réussit quelques merveilles textuelles et sensuelles.
Interview: Michel Masserey
Texte et adaptation web: Olivier Horner
CD: Régis, "L’enfer c’est nous" (Cheptel Records).
Concerts: Point 11, Sion, le 2 octobre à 20h.