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L'urgence punk-rock des Idles prend des airs de machine de guerre

Le groupe anglais Idles. [DR - Partisan Records]
Le groupe anglais Idles. - [DR - Partisan Records]
"Ultra Mono", troisième album de rock rageur, fiévreux, martial et contestataire des Anglais de Idles réactualise le No Future punk avec des beats hip-hop puissants. Et souligne toute l'explosivité et l'urgence diaboliques de son répertoire.

Grâce à leur premier brûlot, "Brutalism" (2017) évoquant autant chômage et paupérisation, délitement du service public que violences conjugales, Idles s'est offert une tournée mondiale tapageuse sur les scènes des festivals internationaux, dont Antigel et Paléo en Suisse romande.

Deux ans plus tard, le quintet de Bristol n'a rien perdu de sa fougue mais ne peut libérer sa furie punk-rock lettrée en live en raison de la pandémie sanitaire. Reste donc à "Ultra Mono", leur troisième album, de faire son oeuvre toutes guitares électriques dehors et la colère politique en bandoulière.

Le groupe emmené par le chanteur à la voix criante Joe Talbot, qui aimait conclure ses prestations par "Fuck Brexit, We Love Europe", a conservé sa rage intacte. Conçu dans les conditions du live au studio d'enregistrement La Frette, en région parisienne, "Ultra Mono" permet de souligner tant l'explosivité que la rugosité du répertoire de ces Idles qui aiment franchir par moment le mur du son ("Echoes").

Manifestes sonores agressifs

En douze titres, dont le francophile, vindicatif et féministe "Ne Touche Pas Moi", le disque véhicule et assume aussi un propos politique, parfois pamphlétaire. En pleurant notamment une "classe ouvrière réduite en poussière" ("Reigns"), en défendant l'anti-militarisme ("War"), en moquant le président américain Donald Trump ("Mr. Motivator" veut "attraper Trump par la chatte" en référence à une de ses tristement célèbres vantardises d'avant son mandat politique). Avec cet habile cocktail sulfureux quand il ne se fait pas Molotov, la formation aux airs naturellement je-m'en-foutiste poursuit sa réactualisation sauvage des années punk et No Future avec des beats hip-hop puissants.

Le guitariste du groupe anglais Idles prend un bain de foule dans le Club Tent du Paléo Festival de Nyon, le 18 juillet 2018. [Paléo - Ludwig Wallendorff]
Le guitariste du groupe anglais Idles prend un bain de foule dans le Club Tent du Paléo Festival de Nyon, le 18 juillet 2018. [Paléo - Ludwig Wallendorff]

"Ultra Mono" s'apparente donc à une succession d'agressifs manifestes sonores où prédominent les slogans saillants ou contestataires et les rythmiques âpres et martiales. On est ainsi jamais loin d'une machine de guerre lancée à vive allure contre son ennemi conservateur britannique. Quelques moments de trêve où Idles évoque l'affirmation et l'acceptation de soi permettent aussi à ce foutoir punk-rock, voire hardcore, incandescent de repartir de plus belle dans la plus fine et crade urgence.

Olivier Horner

Idles, "Ultra Mono" (Partisan Records).

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