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"Welfare Jazz", le retour post-punk fiévreux des Suédois de Viagra Boys

Le groupe suédois Viagra Boys en concert au festival Antigel, à Genève, le 6 février 2019. [Antigel - Thibaut Fuks]
Le groupe suédois Viagra Boys en concert au festival Antigel, à Genève, le 6 février 2019. - [Antigel - Thibaut Fuks]
Les Suédois de Viagra Boys, toujours emmenés par leur charismatique chanteur Sebastian Murphy, publient un deuxième album post-punk où les manières incandescentes le disputent aux airs lancinants.

Quintet rugueux, braillard et punk dans l'âme, Viagra Boys a l'urgence chevillée au corps. Emmenés par le charismatique chanteur américain Sebastian Murphy, torse ultra tatoué et poses aussi titubantes que je m'en foutistes sur scène, les Suédois aiment s'offrir des mariages de déraison entre Jesus Lizard, Motörhead, les Stooges et The Fall en les ponctuant de larges zestes de saxophones jazz et de country.

Leur deuxième album, ironiquement intitulé "Welfare Jazz" en référence aux généreuses aides apportées par le gouvernement suédois aux musiciens de jazz mais pas au rock, regorge de manières incandescentes autant que d'airs lancinants ou lascifs. A l'explosivité répond souvent ici une mélancolie trouble.

Tensions et fièvres musicales

Leur répertoire post-punk ne s'embarrasse pas souvent de fioritures, sous tension d'une ligne de basse aussi crasse qu'increvable malgré les incursions de saxophone, et enfile les morceaux cathartiques et fiévreux. Côté thématiques textuelles, le racisme, la virilité toxique, la misogynie, les addictions sont notamment abordées avec une bonne dose de dérision.

"On a écrit ces chansons à une époque où j'étais en couple, où je prenais de la drogue tous les jours et étais un véritable trou du cul. Ce que je n'ai réalisé que trop tard. Une bonne partie du disque fait écho à cette période et au fait que je m'étais fixé de mauvais objectifs", indique un Sebastian Murphy désormais en quête de rédemption dans la notice biographique de l'album. Sur "Ain't Nice", il se met en scène et se dépeint comme un petit ami merdique alors que sur "Toad", il jure comme un vieux bluesman qu'il n'a pas besoin de femme.

Si "Welfare Jazz" s'achève par un hommage au défunt héros de l'Americana John Prine via une reprise de "In Spite of Ourselves" en duo avec Amy Taylor du groupe Amyl and the Sniffers, il prouve surtout qu'une formation comme Viagra Boys peut encore insuffler de la modernité dans un genre plein de clichés. A l'image des Anglais de Idles, les Suédois savent élégamment agrémenter leurs attitudes brutes et défroquées. Même en frôlant en permanence le mauvais goût.

Olivier Horner

Viagra Boys, "Welfare Jazz" (YEAR0001).

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