Modifié

L'idée de concerts avec tests antigéniques fait débat en Suisse

Le public de The Beat Festival à l'Arena de Genève, le 26 janvier 2019. [KEYSTONE - Adrien Perritaz]
Le public de The Beat Festival à l'Arena de Genève, le 26 janvier 2019. - [KEYSTONE - Adrien Perritaz]
Si en Espagne et en France, le secteur des musiques actuelles travaille sur des concerts avec test covid à l'entrée pour une reprise en toute sécurité sanitaire, l'idée fait davantage débat en Suisse pour des questions éthiques, logistiques et économiques.

En fin d'année dernière, avec le début de la campagne de vaccination en Suisse, les organisateurs de concerts ont commencé à envisager la vaccination obligatoire comme une potentielle solution pour que la vie scénique et sociale reprenne ses droits.

"La vaccination pourrait en tout cas un jour être l'une des différentes mesures pour pouvoir y assister", avait ainsi déclaré Stefan Breitenmoser, gérant de l'association professionnelle des organisateurs suisses de concerts, spectacles et festivals SMPA, dans le SonntagsBlick. Depuis, l'idée d'introduire une sorte de "passeport sanitaire" ou de "passeport covid" qui permettrait aux personnes vaccinées d'accéder aux manifestations culturelles et sportives fait son chemin.

Tests antigéniques à l'entrée des concerts

Ailleurs, le secteur des musiques actuelles travaille plutôt sur des concerts-tests pour réunir à nouveau spectateurs et artistes autour des scènes en toute sécurité sanitaire. Une expérience réalisée par le festival Primavera à Barcelone le 12 décembre a ainsi fait bouger les lignes. Quelque 500 personnes ont assisté à un concert debout, en intérieur, avec test antigénique à l'entrée, masque sur le nez mais pas de distanciation, et possibilité d'enlever le masque pour boire un verre. Après analyse des résultats communiqués par le festival catalan, aucun cas de contamination.

En Suisse, cette piste est suivie avec attention mais fait toutefois débat. Les organisateurs de concerts et festivals soulèvent quasiment tous des questions éthiques, logistiques et économiques quant à cette pratique et aucun contact formel n'a encore été pris avec les autorités pour cette démarche.

Nombreuses questions soulevées

"Le test de Primavera est intéressant, notamment dans la perspective de concerts isolés en one shot. Mais pour un festival, cette disposition semble extrêmement difficile à mettre en place, tout comme l’obligation de vaccination qui par ailleurs pose de nombreuses questions sur le plan éthique", résume Mathieu Jaton, patron du Montreux Jazz Festival.

Vincent Sager, directeur d'Opus One qui est l'un des deux principaux organisateurs d'événements culturels en Suisse romande, relève quant à lui deux enjeux de taille pour le principe du test: "Le premier est le coût du test lui-même (matériel de test, logistique, personnel médical, etc.) qui renchérira sérieusement celui du billet si on prend comme référence le coût d’un test rapide en milieu hospitalier. Le second est un enjeu logistique. On conçoit volontiers de pouvoir tester 500 personnes avant un concert dans un club sans trop de problèmes. En revanche, ça me paraît extrêmement compliqué avec des jauges plus importantes. Il va falloir des espaces énormes pour la prise en charge logistique d’un tel test dans une Arena de Genève par exemple, même assise, voire pire dans un stade".

Dans le cas du Montreux Jazz, Mathieu Jaton estime pour sa part qu'"il serait imaginable de mettre en place un test rapide pour le public, pour autant que les tests soient fiables et que les flux entre les différentes scènes ne se croisent pas pendant le laps de temps du test. Mais cela devient très compliqué lorsqu’on commence à réfléchir à la communauté qui travaille sur le site. A Montreux, cela représente 2500 personnes! Doit-on tester tout le monde tous les jours ? Que se passe-t-il si un membre de l'équipe ou un bénévole est positif ?".

Pour Antonin Rousseau, qui dirige Festi'Neuch dont l'édition 2021 est prévue du 10 au 13 juin, "ces tests sont trop compliqués à mettre en place en termes de logistique, sans compter les coûts et la gestion de l'attente des festivaliers. Pour nous, ce n'est clairement pas une option que l'on considère et qui nous semble crédible. L'urgence pour nous est plutôt de savoir ce que l'on pourra faire au mois de juin dans le cadre des mesures sanitaires en vigueur alors que tout le monde ne sera pas vacciné, surtout qu'on ne mise pas non plus sur le passeport covid éthiquement très discutable".

Premiers échos défavorables

Du côté de PETZI, la Fédération des clubs et festivals de musiques actuelles qui compte plus de 200 membres en Suisse dont 57 festivals et 38 salles de concert romands, on admet "suivre de près les discussions sur ce sujet même si il n'a pas encore été discuté de manière approfondie et qu'il n'y a pas encore de prise de position commune, indique sa secrétaire générale, Anya della Croce. Mais les premiers échos sont plutôt défavorables, même si cette pandémie nous a appris à ne jamais dire jamais, principalement en raison des problèmes éthiques, pratiques et financiers soulevés".

En France, plusieurs projets de concerts-tests ce printemps dans des salles de type Zenith sont déjà sur la table, en concertation avec le ministère de la Culture. Un groupe de travail a été constitué, piloté entre autres par le directeur du festival des Eurockéennes, Jean-Paul Roland. Celui-ci a présenté en début de semaine le projet à un groupe informel de festivals et de clubs suisses qui restent très attentistes pour l'heure.

Si ce type d'expérimentations permet d'envisager à terme le bout du tunnel et de remettre le son pour le monde du live, cela ne semble pas pour tout de suite. Dans cette perspective, "seule l'augmentation de l'immunité de la population via la vaccination pourrait constituer à terme une partie de la réponse", conclut Vincent Sager.

Olivier Horner

Publié Modifié

En Angleterre, le festival Glastonbury annulé à nouveau

Le festival de Glastonbury, qui d'ordinaire rassemble des dizaines de milliers de spectateurs, est annulé pour la deuxième année consécutive en raison de la pandémie de coronavirus, ont annoncé jeudi les organisateurs.

"Malgré nos efforts pour remuer ciel et terre, le festival ne peut pas se tenir cette année", déplorent Michael et Emily Eavis dans un communiqué sur le compte Twitter du festival.

Organisé dans des champs du sud-ouest de l'Angleterre, le festival accueille habituellement plus de 200'000 personnes fin juin.

Pays le plus durement touché en Europe avec plus de 93.000 morts le Royaume-Uni a vu son industrie musicale, qui représente 5,8 milliards de livres (6,4 milliards d'euros) mise à terre par les interdictions de grands rassemblements et les confinements successifs. AFP