>> Né en 1949 dans une petite ville du centre de l'Espagne, Pedro Almodóvar monte à Madrid, à l'âge de 17 ans, sans un sou en poche. Dans un pays qui vit sous la dictature, il rêve de cinéma.
>> Dix ans plus tard, à la mort de Franco, l'Espagne renaît de ses cendres, dans un mouvement culturel d'une richesse et d'une vitalité inouïes: la "Movida". Pedro Almodóvar en devient l'"Empereur".
>> Grand portraitiste de femmes, Almodóvar a fait jouer Carmen Maura, Victoria April, Marisa Pederes, Rossy de Palma, Cecilia Roth ou Penelope Cruz, avec qui il prépare son prochain film "Mères parallèles". Des actrices et des muses.
>> L'Espagnol n'est pas seulement un brillant cinéaste qui compte plus de vingt long métrages fignolés sur quatre décennies, c'est aussi un amoureux absolu de la musique. Son univers sonore, éclectique, est à la hauteur de ses images.
>> Entre bande originale, chansons populaires, standards internationaux, ses films s'écoutent autant qu'ils se regardent. Les cinq épisodes de l'émission "Années Lumières" permettent d'entendre la filmographie d'Almodóvar.
Sujet proposé et écrit par Isabelle Carcélès.
Adaptation web: Marie-Claude Martin
La discothèque de "Talons aiguille"
Ryuichi Sakamoto pour la bande originale
Comme Picasso, son compatriote, Pedro Almodóvar a des périodes. Une première, provocatrice, libératrice, jubilatoire, qui couvre les années 1980. La troisième, qui commence en 2004, passe par des récits autobiographiques, des thrillers et des drames sentimentaux.
Entre deux, il y a la période qui l'a fait connaître au monde entier à travers des films comme "Talons aiguilles" (1991), "Kika" (1993), "Tout sur ma mère" (1995) ou encore "Parle avec elle" (1998).
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C'est avec "Talons aiguilles" que débute notre voyage musical, un film qui fait entrer Almodóvar dans une sorte "d'âge adulte": la fantaisie débridée, la provocation, le goût de la transgression pure restent bien présents, mais au service d'une histoire très construite et tragique, celle d'une enfant qui pour sauver et garder sa mère tue son père.
"Talons aiguille" est un condensé des goûts musicaux de l'Espagnol. D'abord, il sait s'entourer de compositeurs talentueux, ici le compositeur japonais Ryuichi Sakamoto. Ensuite, le cinéaste possède une discothèque personnelle qui brille de mille pépites, du tube de vacances jusqu'aux reprises de standards qui remettent l’original en perspective et le supplantent parfois. Par exemple ce "Un año de amor", composé par Nino Ferrer, interprété en 1966 par Dalida et revisité par Luz Casal.
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Pour la B.O., Ryuichi Sakamoto compose une partition cohérente et puissante, exécutant un magnifique grand écart entre les flots de cordes des drames hollywoodiens et les instruments et les thèmes hispanisants, le piano, la guitare, l’ombre de Albéniz et son Iberia.
Et puis, il y a la fameuse chanson "Piensa en mi", composée et interprétée par Luz Casal qui hisse la chanson populaire au sommet du mélodrame. Chez Almodóvar, la chanson n'est jamais un prétexte, elle met en mots les sentiments.
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La télévision est devenue le grand prédateur de tous les problèmes humains.
Toute l'œuvre d'Almodóvar est un hymne à la femme et à l'Espagne - ou à la culture latine de manière plus large – et "Kika", critique acerbe de la télévision, est son porte-drapeau avec, en ouverture triomphale, Granados et sa danse andalouse.
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Almodóvar aime la culture latino-américaine autant que celle de son pays. "Luz de Luna" (la lueur de la lune) est chantée par une géante de la chanson mexicaine, Chavela Vargas, qu'on retrouve dans plusieurs autres de ses films, et décédée en 2012. Elle avait 93 ans, avait bu de la tequila toute sa vie, s'habillait en homme, portait le pistolet, était lesbienne et avait été l’amie de Frida Khalo et d'Almodóvar, bien sûr, qu'elle surnommait "mon mari dans ce monde".
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Quant au flamenco, il ne pouvait qu'être présent, chez cet artiste qui revendique très clairement son appartenance à son pays et sa culture, et qui n’a jamais voulu le quitter pour aller faire carrière ailleurs.
De "La Fleur de mon secret" à "Tout sur ma mère"
La rencontre avec le compositeur Alberto Iglesias
Dès 1995, avec "La Fleur de mon secret", Almodóvar confie les compositions musicales au compositeur Alberto Iglesias – avec lequel il continue actuellement de travailler. Mais comme il l'a fait avant, et comme il continuera à le faire après, le cinéaste parsème ses films de pépites sonores inoubliables.
Parmi elles, Bola de Nieve, chanteur noir cubain surnommé "Boule de neige", a connu un immense succès durant sa vie relativement brève d'artiste, chanteur, pianiste, compositeur.
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Celui qu'on avait surnommé "l'homme triste qui chante gaiement" n'a jamais caché son homosexualité. Sa manière très particulière de chanter en s'accompagnant avec virtuosité a touché le monde entier, entre les années 1930 et 1960. Almodóvar lui réserve une place spéciale dans ses bandes-son.
Deuxième pépite de "La Fleur de mon secret", Caétano Veloso, chanteur brésilien qui pour l'occasion chantait en espagnol. Ami proche d'Almodóvar, il sera révélé au monde entier dans "Parle avec elle" (2000) dans cette version douce de "Cucurrucucu Paloma" d'une suavité infinie.
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La version originale normalement s’accompagne, à la mexicaine, d'une bonne rangée de trompettes et de goualantes, ici remplacées par une contrebasse frugale, les harmoniques caressées du violoncelle.
Et de la musique sénégalaise
Prix de la mise en scène à Cannes, Oscar et César du Meilleur film étranger, Golden Globe et sept Goya, "Tout sur ma mère" sort en 1999, justement l’année de la mort de la mère - adorée - du réalisateur.
Alberto Iglesias continue d'accompagner le cinéaste, qui s'est aussi beaucoup tourné vers le jazz pour ce film, largement inspiré par le cinéma américain. En effet, tout sur ma mère, c'est le mélange intime de "All about Eve" de Mankiewicz et de "Opening night", de Cassavetes.
Eclectique dans ses choix, Almodóvar fait appel au musicien et chanteur sénégalais Ismaël Lo pour composer un des leit motiv du film.
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De "Dans les ténèbres" à "Femmes au bord de la crise de nerfs"
Quatre collaborations avec Bernardo Bonezzi, le Mozart de la Movida
Les premiers films d'Almodóvar s'inscrivent dans le contexte de la Movida: provocation, hédonisme, marginalité, sexe, drogues, abolition des interdits. Ses premiers films ressemblent à des parodies de romans photo, de feuilletons télévisés, mais avec une esthétique très travaillée, très personnelle.
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On commence cette période avec "Dans les ténèbres" (1983) où presque toutes ses actrices fétiches sont déjà présentes: Carmen Maura, Marisa Paredes, Chus Lampreave, une "trogne" inoubliable, Julietta Serrano, une figure angélique omniprésente et à la fois discrète: c'est elle qui incarne la mère d'Almodóvar dans son dernier film, "Douleur et Gloire". Un quart de siècle plus tôt, elle jouait une mère supérieure droguée et lesbienne, amoureuse d'une jeune chanteuse de cabaret.
L'année suivante, "Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça?" plonge dans la vie quotidienne d'un quartier populaire de Madrid. Sorti en 1984, en pleine période d’explosion culturelle, Almodóvar travaille avec le compositeur Bernardo Bonezzi, "le Mozart de la Movida". Ensemble, ils feront quatre films, dont le dernier, "Femmes au bord de la crise de nerfs", leur apportera une reconnaissance mondiale.
Dans mes films, les genres se mêlent sans cesse: la comédie, la tragédie, l'humour, le drame. Je me vois comme un baroque espagnol. Les gens qui aiment tout classer sont parfois désorientés. Le mélange des genres est, pour nous, les Espagnols, quelque chose de profondément naturel. Les Espagnols, comme les Italiens, ont un point de vue tragi-comique sur la vie. Ils n'ont pas peur d'être grotesques.
Cinéphile passionné, le Madrilène adore citer ses films préférés, les hollywoodiens de la grande époque ou les allemands des années 1930, dominés par l'actrice et chanteuse Zarah Leander.
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Mais il adore tout autant le cinéma espagnol des années 1950, où se joue un drame dans le milieu du flamenco ultrakitsch, à l'image de "La Bien Paga" chanté par Miguel Molina.
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Avec "Matador" (1985), l'enfant terrible de la Movida réunit le rouge et le noir pour évoquer deux amants maudits, deux tueurs en série dont les meurtres ressemblent à la mise à mort des taureaux. Le film se termine par la splendide chanson interprétée par Mina "Esperame En El Cielo" ("Attends-moi au ciel, si tu pars le premier"), du sur-mesure pour accompagner le double suicide final.
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Avec son frère, Almodóvar a fondé sa propre maison de production "El deseo", ce fameux désir dont il dicte la loi en 1986. Le film raconte la passion amoureuse d'un homme pour un autre, ce qui n'était pas anodin en 1986. Le film offre un florilège de chansons toutes plus poignantes les unes que les autres.
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Le film fourmille aussi de grands hits du répertoire latino-américain des années 1940 et 1950, offrant déjà un petit parfum vintage exotique même pour les Espagnols des années 1980.
"Attame" et arrivée de Victoria Abril
Ennio Morricone à la musique
A quarante ans, Pedro Almodóvar est passé brusquement du statut de cinéaste underground à celui de gloire nationale, grâce à ce film best-seller, "Femmes au bord de la crise de nerfs" (1988), comédie grinçante et baroque, le plus grand succès du cinéma espagnol depuis la guerre. Mélodrame burlesque où tout est prétexte à dédramatiser, "Femmes au bord de la crise de nerfs" est le récit d'une attente, où les personnages passent leur temps à se croiser, à se chercher et à se fuir.
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La chanson de Lola Beltran "Soy infeliz" entendue dans l'extrait ci-dessus, et celle de la Cubaine La Lupe, reine de la soul latino, avec "Teatro" correspondent à merveille aux états d'âme des personnages.
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Comme il le fera souvent par la suite, Almodóvar s'offre également un classique, le "Shéhérazade" de Rimski-Korsakov ainsi que le Capriccio espagnol du même auteur, deux morceaux qui interviennent dans des scènes-clés.
En 1989, Almodóvar quitte le roman-photo pour retourner à ses sources d'inspiration plus sombres. C'est "Attache-moi", avec Antonio Banderas et Victoria Abril, sur une bande orignale d'Ennio Morricone.
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On notera aussi la version espagnole du "I will survive" de Gloria Gaynor, version qui a été reprise l'an dernier à l'arrivée dévastatrice du coronavirus, et a donné lieu à la rencontre virtuelle de plus de 30 artistes réunis pour la chanter à travers les écrans.
Jusqu'aux années 2000, les films de Pedro Almodóvar débordent de personnages excentriques, fantasques, de coups de théâtre tous azimuts, de questionnements sur l'identité sexuelle. Mais les travestis et les transgenres vont peu à peu endosser des rôles plus graves, voire dramatiques.
C'est un des ressorts de "La mauvaise éducation". Almodóvar y aborde le sujet des prêtres pédo-criminels. La chanson phare s'intitule "Moon River" et renvoie à une scène-clé du film: Ignazio enfant est assis à côté du père Manolo, qui l'accompagne à la guitare.
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Ce même "Moon River" que chante Audrey Hepburn en 1961 dans "Diamants sur canapé". Si la version américaine est une douce complainte, les paroles en espagnol sont d'un tout autre acabit: "Je veux savoir ce qui se cache dans l'obscurité. Mon Dieu, dis-moi où sont le Bien et le Mal…".
Un même aller et retour cinéphilique est opéré avec "Quizas", un standard interprété dans le film d'Almodóvar par Gael Garcia Bernal. La chanson est un rappel de "Casablanca, nid d'espions" (1963) d'Henri Decoin. La chanteuse et actrice Sara Montiel y livrait une interprétation sensuelle de la célèbre romance cubaine, et c'est cette version que l'acteur Gael Garcia Bernal chante en play-back, travesti en Zahara, épousant la même gestuelle que l'actrice chanteuse. Ces deux vidéos pour comparer:
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La musique de la B.O. est confiée à son complice, Alberto Iglesias, qui navigue très habilement entre récifs et poncifs habituels des musiques de films. Hommages à Bernard Hermann, qui a tant fait pour Hitchcock, hommage à Elgar, et à Rossini avec la Petite messe solennelle.
Le tango de la mélancolie
Almodóvar ouvre un chapitre mélancolique de son oeuvre avec "Volver" (2006) qui offre un rôle mémorable à Penelope Cruz dans la grande tradition des femmes fortes du cinéma néoréaliste italien des années 1950. "Volver" ("Revenir"), c'est bien sûr le titre de ce célèbre tango de Carlos Gardel qui parle de nostalgie et d'amour indestructible.
On y retrouve Carmen Maura, sa muse des débuts, jouant le fantôme de la mère de Penelope. Les amoureux d'Almodóvar sont émus de la retrouver, comme dans le tango de Gardel. Le tango, version flamenco, est chanté par Penelope Cruz dans une version flamenco, ces paroles si touchantes: "vivre avec l'âme attachée à un doux souvenir que je pleure à nouveau".
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On termine cette période avec "Etreintes brisées", toujours avec Penelope Cruz, alternativement brune et blonde, dans une série de flash-back vertigineux. Probablement, le film le plus cinéphilique d'Almodóvar, "Etreintes brisées" est un manifeste de l'importance vitale du cinéma à passer au travers de tous les traumatismes. On y retrouve "Persona" de Bergman, "Voyage en Italie", de Rossellini, "Le Voyeur" de Michael Powell, "Ascenseur pour l’échafaud", et même une autocitation: "Femmes au bord de la crise de nerfs".
De "La Peau que j'habite" à la "Voix humaine"
Moins de musique, plus de peinture et de littérature
Entre 2011 et 2020, Almodóvar tourne cinq films qui n'ont rien à voir entre eux: un thriller très gore ("La Piel que habito"), une comédie aérienne débridée ("Les Amants passagers"), un drame psychologique ("Julieta"), une confession autobiographique ("Douleur et gloire") et enfin, "La voix humaine", pièce écrite par Jean Cocteau dans les années 1930.
Dans cette période plus introspective et mélancolique, les bandes son de ses films sont de moins vivaces, excentriques, bariolées. La peinture et les livres - Almodóvar signe plusieurs adaptations - ont pris le relais.
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"La voix humaine", avec Tilda Swinton, est d'abord un pari: tourner et sortir un film en pleine pandémie! C'est ensuite un thème qui traverse l'oeuvre de l'Espagnol. Cité dans "La Loi du désir" (1987), le texte de Cocteau était aussi à l'origine de "Femmes au bord de la crise de nerfs". C'est ensuite une volonté de dépoussiérer - voire transformer totalement - ce long monologue d'une femme abandonnée par son amant en lui offrant une fin digne des héroïnes almodovariennes. C'est enfin une oeuvre de rupture puisqu'il s'agit d'un court métrage de 30 minutes, et que pour la première fois Almodóvar quitte sa langue maternelle pour l'anglais.
Pour "La voix humaine" qui met en scène une femme et un chien, Almodóvar s'autocite en reprenant des musiques déjà composées pour d'autres films par le fidèle complice Alberto Iglesias.
On passe à son oeuvre la plus noire, "La piel que habito", adapté du thriller horrifique de Thierry Jonquet "Mygale". Le film reprend des thèmes chers à Almodóvar, le transhumanisme et les greffes, mais dans une logique de perversion, où tout est inversé et où les musiques les plus douces servent de tapis à des scènes de viol. Seul sourire de tout le film, celui de Concha Buika, lumineuse chanteuse de flamenco noire. Grâce à elle, le film opère en son milieu un bref retour vers une beauté vivante, et non pas retouchée, couturée, torturée, imbibée de formol et d’opium.
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Autant "La Piel que habito" est allé très loin dans l'obscurité humaine, autant le film suivant "Les amants passagers" frappe par sa débauche de comédie: avion sans train d'atterrissage, passagers fêlés, ambiance apocalyptique et des stewards valeureux qui détendent l'atmosphère en montant une chorégraphie mémorable inspirée de la gestuelle de sécurité, sur le tube des Pointer Sisters.
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De plus en plus complexe dans les scénarios, "Julieta" s'est inspiré de trois nouvelles distinctes reliées par le seul savoir-faire du cinéaste. Almodóvar y explore le mélodrame plus sobre que flamboyant, mis en musique par Alberto Iglesias et l'inoxydable Chavela Vargas qui chante "Si no te vas". La même est au générique de "Douleur et gloire" (2019), film autobiographique, où Almodóvar revit à travers son acteur fétiche, Antonio Banderas, les moments-clés de son existence.
Chavela a fait de l’abandon et de la désolation une cathédrale, dans laquelle nous changeons tous, de laquelle sortir réconciliés avec ses propres erreurs, et prêts à continuer à les commettre, à essayer de nouveau.