Au Grand Théâtre de Genève où se sont déroulées les répétitions de l'Orchestre de la Suisse romande (OSR), quatre choristes ainsi qu'un employé administratif sont également tombés malades. Auparavant, le chanteur qui jouait le rôle-titre avait été testé positif et isolé. Mais les répétitions se sont poursuivies, avec un remplaçant.
Comment expliquer le développement d'un tel cluster, alors que toutes les répétitions se déroulent selon un plan de protection validé par les autorités sanitaires compétentes?
Concept de branche strictement respecté
Tant du côté de l'Orchestre de la Suisse romande que du Grand Théâtre, on assure respecter toutes les mesures du concept de protection développé par l'Union des théâtres suisses de la branche: distances et port du masque, plexiglas pour les souffleurs, séparations entre les groupes, et une vie quasi monacale pour les solistes.
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Reste que dans une oeuvre lyrique, les solistes chantent sans masque, à grande distance des autres musiciens. Or le ténor qui jouait Parsifal, le rôle principal, a montré après quelques jours un test positif. Et malgré cette nouvelle, communiquée par la direction du Grand Théâtre, les répétitions ont continué avec un remplaçant, toujours avec l'aval du Service de la médecin cantonale (SMC).
Des cas d'abord isolés
Médecin coordinateur de la cellule Covid-19 du SMC, Simon Regard explique que trois cas isolés se sont d'abord produits simultanément, sans évidence de transmission. Le service a donc autorisé la poursuite des répétitions, comme il l'aurait fait pour une classe où deux enfants tombent malades sans avoir de liens particuliers.
De son côté Aviel Cahn, le directeur du Grand Théâtre de Genève, précise qu'"un petit foyer s'est déclaré au sein du choeur du Grand Théâtre, mais que les quatre personnes qui le constituaient n'ont eu aucun contact avec le ténor infecté. D'un autre côté, les musiciens de l'orchestre qui étaient infectés se trouvaient à environ 25 mètres de distance de ce Parsifal. Selon les analyses du médecin cantonal, il n'y a pas de lien entre l'infection du ténor, qui a été tout de suite isolé, et le foyer qui s'est indépendamment développé au sein de l'orchestre".
Pas d'erreur commise
Un ou deux jours plus tard, une chaîne de contamination s'est pourtant avérée, probablement par aérosols, par des sources différentes, les souffleurs et chanteurs sans masques étant sans doute les maillons faibles de la transmission du virus selon Simon Regard. Du coup, les répétitions ont été stoppées et la production de "Parsifal" annulée.
Pour le Grand Théâtre et l'OSR, tout le monde a fait son travail professionnellement, mais cela n'a malheureusement pas suffi. Officiellement, on estime donc qu'il n'y a pas eu d'erreur commise. Un diagnostic que confirme le service de la Médecin cantonale: "l'OSR et le Grand Théâtre ont réagi avec une grande réactivité. Ce gros cluster, dû à une situation de superpropagation, est apparu suite à un dépistage actif. Tant qu'il n'y a pas d'évidence de transmissions, nous devons accepter les risques liés à une activité".
Cette contamination collective tombe mal: à la veille de décisions du Conseil fédéral, alors que tous les milieux culturels réclament la réouverture, un tel évènement n'encourage pas à lever les restrictions sanitaires.
Sylvie Lambelet/olhor