OZ, le magicien suisse de la scène hip-hop

Récemment, le célèbre magazine économique Forbes a classé OZ parmi les trente personnalités européennes de moins de 30 ans les plus importantes dans le domaine de l'"entertainment". Et pourtant, OZ (prononcer "Ozzi") reste dans l'ombre, vivant bien loin des villas de luxe des stars à qui il vend des beats et des mélodies.

Le producteur suisse reste fidèle à Wald, une bourgade dans la campagne zurichoise à deux pas du Toggenbourg, où il est né. C'est dans un mini studio installé dans sa cave que ce fan d'Eminem a conçu ses premières maquettes, au début des années 2010. Ozan Yildirim travaille alors encore chez Fust et compose à ses heures perdues. En 2012, il parvient à obtenir l'adresse de Meek Mill, un rappeur américain reconnu, à qui il envoie des beats.

Le début de la gloire

Et cela marche, même s'il n'y croyait plus trop. Ce n'est que des mois plus tard que Meek Mill lui propose de les acheter. OZ demande 1'000 dollars, le rappeur lui en offre le triple. Il apprendra plus tard qu'un producteur débutant vend ses productions à pas moins de 7'500 dollars.

Mais l'important pour le beatmaker suisse est de s'être fait remarquer. Dès lors, les portes du business s'ouvrent à lui et Ozan Yildirim quitte son boulot de vendeur d'électroménagers. Les collaborations se succèdent, Drake, Future, Travis Scott, DJ Khaled. On parle des plus gros vendeurs de l'industrie musicale qui tous courtisent le Zurichois, le font venir en jet privé pour peaufiner leur production.

Le quotidien qui bascule

Au fil de ses collaborations, OZ croise Jay Z, Beyoncé ou Bruno Mars. En 2020, trois de ses coproductions trônent aux deux premières places du hit-parade américain.

Le rappeur suisse Stress a eu recours à ses services pour son dernier album "Sincèrement". "Il a des sons qui correspondent extrêmement bien à l'air du temps. (...) On voit qu'il y a 10 ans qu'il fait cela tous les jours. (...) Il a une certaine esthétique qui se reconnaît", détaille-t-il. L'univers sonore d'OZ est difficile à qualifier mais ce qui est certain, c'est que sa culture va au-delà du hip-hop. Et c'est peut-être ce qui rend ses beats originaux.

Si OZ est plutôt méconnu en Suisse, c'est qu'il ne fait pas partie de la scène locale. Car en tant que producteur de beats ou de mélodies, il met ses sons à disposition sur des banques de sons, dont les acheteurs sont internationaux.

Malgré son succès, OZ garde fermement les pieds sur terre. Pas question pour lui de quitter la Suisse et sa vie de père de famille. Son seul signe de richesse affiché sur Instagram est sa collection de voitures de luxe. Ses productions lui ont permis de s'acheter une Lamborghini, une Porsche, une Rolls Royce et une immense Mercedes 4x4. C'est plus ou moins le prix à débourser aujourd'hui pour une collaboration avec OZ.

Michel Masserey/mh