Le leader du marché mondial du streaming musical, Spotify, annonce l'arrivée de la très haute qualité avant la fin de l'année. En guise d'argument promotionnel, il s'est offert les services de la populaire chanteuse américaine Billie Eilish. Elle y dit ainsi qu'un son de haute qualité, c'est donc plus d'informations pour nos oreilles.
Cette nouvelle course audio qualitative apparaît en phase avec le développement de la technologie, grâce avec la démocratisation du très haut débit dans les foyers et l'essor de la 5G pour la téléphonie mobile.
Les grandes entreprises de musique en streaming cherchent également de nouveaux clients. Ils ont donc décidé de s'attaquer à des niches, comme les services Tidal ou Qobuz qui proposent depuis longtemps de la qualité hi-fi à leurs abonnés. Et au sein de ce marché concurrentiel, si un de ces géants offre un nouveau service, les autres se doivent de suivre au risque de voir partir leurs abonnés.
Le format mp3 en voie de disparition
Cet avènement qualitatif signe collatéralement la fin de l'ère du mp3. Un format qui a tendance à disparaître, même s'il reste pratique en raison du peu de place qu'il occupe sur les disques durs. En effet, avec une mémoire de 10 gigas, il est par exemple possible de stocker environ 3000 mp3 contre seulement 200 chansons en haute résolution.
Alain Dufaux, amoureux de la musique qui s'occupe des archives du Montreux Jazz Festival, voit avec bonheur l'arrivée de streaming en hi-fi: "la qualité audio était dégradée avec le streaming et le mp3. On enlève réellement des éléments musicaux, qui sont en théorie non perçus par l'oreille, pour réduire la taille des données à transférer. Ça marche, mais dans certaines conditions on peut entendre ces manques. Maintenant, avec des formats sans perte sonore, c'est-à-dire équivalant à ce qu'on avait sur les CD et les vinyles, c'est une excellente nouvelle".
La différence qualitative se perçoit-elle vraiment?
Mais la question qui demeure est de savoir si un non-spécialiste ou professionnel de la musique perçoit réellement une différence. Renaud Millet-Lacombe, ingénieur du son à la RTS et passionné par la haute résolution, estime pour sa part "l'idée mauvaise". Et de poursuivre: "il n'y a rien à cacher, mais il y a de fortes chances que vous vous disiez qu'il n'y a pas de différences. Mais ne pas entendre de différence ne signifie pas qu'on ne ressent pas de différence. C'est souvent le cas ainsi avec les lignes de basse, qu'on perçoit davantage qu'on ne les entend. Avec ou sans, la qualité n'est toutefois pas identique".
Reste évidemment que pour profiter du confort d'écoute proposé par ce nouveau format, il s'agit de s'équiper matériellement. Pour une entreprise comme Apple, cela signifie la sortie d'une nouvelle gamme de produits pouvant diffuser de la haute résolution. De quoi relancer les ventes. C'est peut-être le moment pour le chanteur américain Neil Young de relancer son lecteur de musique haute définition et son service de téléchargement mort-né Pono...
Sujet radio: Pascal Wassmer
Adaptation web: olhor