#FreeBritney, un mouvement révélateur d'une génération Z politisée

Après avoir déclaré être "déprimée" et "traumatisée", Britney Spears avait demandé la semaine dernière à un tribunal de Los Angeles de lever la tutelle dont elle fait l’objet depuis 2008. Mais la Cour supérieure de Los Angeles l'a rejetée mercredi.

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Ce énième épisode n’a fait que raviver le mouvement #FreeBritney (#LibérezBritney), orchestré autant dans la rue que sur les réseaux sociaux par ses fans. Ces derniers sont persuadés que la chanteuse est maintenue contre son gré sous tutelle et qu'elle envoie des appels à l'aide codés sur son compte Instagram.

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Keystone - Jordan Strauss

Contre certains tabous

Ce mouvement est porté par la génération Z, celles et ceux qui ont entre 15 et 25 ans, même si cette appellation ne reflète pas la diversité des jeunes qui en font partie, et qu'une bonne partie de ces jeunes n'a jamais écouté ne serait-ce qu'une chanson de Britney Spears. Ce n’est pas son talent de chanteuse qui mobilise, ni son parcours.

Pour la jeune génération, cette situation offre l’occasion de s’investir dans un mouvement qui dénonce l’inégalité de traitement entre les femmes et les hommes, le tabou qui entoure la question de la dépression, de la maladie mentale, de la relation père-fille qui semble particulièrement déséquilibrée entre la chanteuse et son père, lequel dispose d'un droit très intrusif sur le corps de sa fille puisqu'il lui interdit d'ôter son stérilet.

Accès à la sphère publique

Pour la sociologue Sophie Jehel, spécialiste des pratiques numériques des jeunes, les réseaux sociaux leur permettent d’exprimer un certain nombre de facettes de leur identité. "Les réseaux sociaux ne sont pas seulement du divertissement, ils sont aussi un accès à la sphère publique. Même si c'est autour d'une icône pop, a priori apolitique, leur expression est bien politique".

Le mouvement #FreeBritney serait donc révélateur d’un rapport de force entre les hommes et les femmes qui est en train de changer.

Records sur les réseaux sociaux

Mais il y a aussi autre chose. Indirectement, Britney Spears incarne une souffrance qui touche une large audience. La situation de la pop star interpelle. Rien que sur TikTok, sous le hashtag #FreeBritney, près de 60'000 vidéos ont été publiées, avec plus d’un milliard de vues. Sur Twitter, le même hashtag, à l’approche de l’audience au tribunal de Britney Spears, a totalisé en 24 heures plus de 800'000 tweets, avec un pic de 50 tweets par seconde.

Cette histoire ressemble à un millefeuille. Tous les ingrédients sont là: mobilisation contre le patriarcat, contre la tyrannie du star-système, contre les cruautés institutionnelles, pour construire une mythologie digitale. Le hashtag #FreeBritney permet à la jeune génération de soutenir une cause qui, dans la chambre d'échos des réseaux sociaux, devient vite politique.

Miruna Coca-Cozma/mcm