Vous l'avez tous en tête. Ce riff légendaire, mi-mi-sol-mi-ré-do-si, est la formule magique du titre "Seven Nation Army" du duo américain White Stripes, composé de Jack et Meg White.
Tout commence en 2001, juste avant un concert à Melbourne. Jack White s'amuse à jouer un riff sur sa guitare pour les réglages des balances. Les quelques personnes présentes dans la salle, on peut le dire, kiffent le riff.
Jack White décide alors de le mettre de côté pour un futur morceau et lui donne le titre de "Seven Nation Army". L'expression est un souvenir d'enfance. Petit, il n'arrivait pas à prononcer The Salvation Army, l’Armée du Salut aux Etats-Unis. Le morceau est finalement enregistré en 2003 pour leur quatrième album "Elephant".
Diffusé en radios, il atteint la première place des charts alternatifs et maintient sa place pendant près de trois semaines. La réussite est déjà immense, mais le tube n’est pas encore planétaire.
Un bar milanais
22 octobre 2003, à plus de 7000 kilomètres de Détroit, c'est jour de Champion's League en Italie. Le grand AC Milan reçoit le FC Bruges, un petit poucet. Avant la rencontre, les fans belges sont chauds dans les rues de Milan.
"Quand on arrive à Milan à midi, on va manger quelque chose, puis on visite les bars", se souvient Geert De Cang, président du groupe de supporters, la Blue Army. "Il y a des milliers de supporters de Bruges. On cherche des bars pour chanter ensemble et se préparer pour le match."
Au milieu d'un énorme brouhaha, "Seven Nation Army" est diffusé à la radio d'un de ces bars. Une seule chose est perceptible: le riff simple et puissant du morceau.
"Un supporter a commencé à chanter ce qu'il entendait. Po Po Poo Poo. C'est une chanson très spéciale, qu'on peut chanter avec beaucoup d'énergie. La mélodie est facile et beaucoup de supporters ont commencé à la reprendre ensemble".
Italiens chambreurs
Les supporters belges reprennent la mélodie en cœur jusqu'au stade San Siro, où le miracle intervient à 33e minute de la rencontre: Bruges marque à la surprise générale, le premier et unique but du match.
Fou de joie, les brugeois font résonner dans les tribunes l'air de "Seven Nation Army" qu'ils ont entendu dans le bar. "Si on avait perdu, je ne sais pas si on aurait gardé la chanson", estime Geert De Cang.
Trois ans plus tard, l’AS Roma se rend à Bruges pour un seizième de finale de Coupe de l'UEFA. Victorieux, ses supporters entonnent l'air pour chambrer le public belge. Francesco Totti est conquis et ramène "Seven Nation Army" dans ses valises.
À quelques semaines de la Coupe du monde en Allemagne, il intègre le morceau à la play-list du vestiaire italien. "Seven Nation Army" devient leur hymne officieux et se transforme en tube planétaire grâce au sacre des Italiens à l'issue du Mondial.
Avec les Stones
Dès le lendemain de la finale, Francesco Totti le chante à tue-tête devant des centaines de milliers de Romains. Le même soir, les Rolling Stones se produisent à Milan. Au milieu du concert, Marco Materazzi et Alessandro Del Piero montent sur scène.
Après une accolade avec Mick Jagger, Materazzi prend le micro et entonne le riff chanté par les 60'000 fans du groupe et les Stones eux-mêmes. Le titre se répand ensuite rapidement dans la plupart des clubs européens. Pour devenir la musique la plus chantée au monde.