L'histoire des chansons qui enflamment les stades

Grand Format Les hymnes du foot

Keystone - Pool Photo via AP - Andreas Gebert

Introduction

Dans cette série, vous découvrirez comment cinq chansons ont marqué l'histoire du foot. Football et musique, deux univers populaires qui se combinent pour enflammer les stades. Et les spectateurs en ont bien besoin après une saison marquée par la pandémie.

Chapitre 1
"Seven Nation Army", une histoire belge

Vous l'avez tous en tête. Ce riff légendaire, mi-mi-sol-mi-ré-do-si, est la formule magique du titre "Seven Nation Army" du duo américain White Stripes, composé de Jack et Meg White.

Tout commence en 2001, juste avant un concert à Melbourne. Jack White s'amuse à jouer un riff sur sa guitare pour les réglages des balances. Les quelques personnes présentes dans la salle, on peut le dire, kiffent le riff.

Jack White décide alors de le mettre de côté pour un futur morceau et lui donne le titre de "Seven Nation Army". L'expression est un souvenir d'enfance. Petit, il n'arrivait pas à prononcer The Salvation Army, l’Armée du Salut aux Etats-Unis. Le morceau est finalement enregistré en 2003 pour leur quatrième album "Elephant".

Diffusé en radios, il atteint la première place des charts alternatifs et maintient sa place pendant près de trois semaines. La réussite est déjà immense, mais le tube n’est pas encore planétaire.

Un bar milanais

22 octobre 2003, à plus de 7000 kilomètres de Détroit, c'est jour de Champion's League en Italie. Le grand AC Milan reçoit le FC Bruges, un petit poucet. Avant la rencontre, les fans belges sont chauds dans les rues de Milan.

"Quand on arrive à Milan à midi, on va manger quelque chose, puis on visite les bars", se souvient Geert De Cang, président du groupe de supporters, la Blue Army. "Il y a des milliers de supporters de Bruges. On cherche des bars pour chanter ensemble et se préparer pour le match."

Au milieu d'un énorme brouhaha, "Seven Nation Army" est diffusé à la radio d'un de ces bars. Une seule chose est perceptible: le riff simple et puissant du morceau.

"Un supporter a commencé à chanter ce qu'il entendait. Po Po Poo Poo. C'est une chanson très spéciale, qu'on peut chanter avec beaucoup d'énergie. La mélodie est facile et beaucoup de supporters ont commencé à la reprendre ensemble".

Italiens chambreurs

Les supporters belges reprennent la mélodie en cœur jusqu'au stade San Siro, où le miracle intervient à 33e minute de la rencontre: Bruges marque à la surprise générale, le premier et unique but du match.

Fou de joie, les brugeois font résonner dans les tribunes l'air de "Seven Nation Army" qu'ils ont entendu dans le bar. "Si on avait perdu, je ne sais pas si on aurait gardé la chanson", estime Geert De Cang.

Trois ans plus tard, l’AS Roma se rend à Bruges pour un seizième de finale de Coupe de l'UEFA. Victorieux, ses supporters entonnent l'air pour chambrer le public belge. Francesco Totti est conquis et ramène "Seven Nation Army" dans ses valises.

À quelques semaines de la Coupe du monde en Allemagne, il intègre le morceau à la play-list du vestiaire italien. "Seven Nation Army" devient leur hymne officieux et se transforme en tube planétaire grâce au sacre des Italiens à l'issue du Mondial.

Avec les Stones

Dès le lendemain de la finale, Francesco Totti le chante à tue-tête devant des centaines de milliers de Romains. Le même soir, les Rolling Stones se produisent à Milan. Au milieu du concert, Marco Materazzi et Alessandro Del Piero montent sur scène.

Après une accolade avec Mick Jagger, Materazzi prend le micro et entonne le riff chanté par les 60'000 fans du groupe et les Stones eux-mêmes. Le titre se répand ensuite rapidement dans la plupart des clubs européens. Pour devenir la musique la plus chantée au monde.

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Seven Nation Army des White Stripes. [Keystone - EPA/Arturo Pena Romano]Keystone - EPA/Arturo Pena Romano
La Matinale - Publié le 5 juillet 2021

Chapitre 2
"Zadok", le champion

José Coelho

Ses premières notes sonnent le début de chaque match de Ligue des champions et donnent la chair de poule à tous les fans. Un air classique qui installe une ambiance unique avec la promesse d'une grande et sublime soirée de football.

Cet hymne né en 1992 est devenu indissociable de la plus belles des compétitions européennes. Un rendez-vous qui rassemble dans ses arènes les plus grandes stars de la planète.

Un coup de maître signé par l'Union des associations européennes de football, l'UEFA, qui voulait donner une identité à travers un hymne puissant et facilement reconnaissable.

L'instance basée à Nyon prend alors contact avec Tony Britten, diplômé du prestigieux Royal College of Music de Londres. "Ils voulaient quelque chose de classique. Ils ne savaient pas quoi, mais ils ne voulaient pas de solo, ils ne voulaient pas des trois ténors de la Coupe du monde 1990. Ils voulaient quelque chose avec des chœurs", raconte le compositeur britannique.

De la classe

"La demande de l'UEFA était je pense liée à leur propre mission qui était de ramener le beau jeu. Souvenez-vous, à cette époque il y avait beaucoup de problème avec les hooligans. Je pense que l'UEFA pour sa réputation a senti qu'elle devait rendre au jeu sa dignité. Donc la musique était là pour donner à la compétition plus de sérieux et de classe."

Comme modèle, il se voit suggérer: "Zadok The Priest", "Zadok le prêtre", l'œuvre de Georg Friedrich Haendel. Un chant religieux composé en 1727 pour le couronnement très faste du Roi George II de Grande-Bretagne. Et joué depuis pour chaque sacre, jusqu'à celui d'Elisabeth II en 1953.

Tony Britten pense avoir compris la demande de l'UEFA. "Tout ce que j'ai fait, c'est reprendre la chaîne de rimes... La la la la la. Ce qui n'est pas vraiment comme ce que Haendel a écrit, mais c'était le déclencheur."

Une fois la mélodie trouvée, Tony Britten se demande alors ce qu'il en est des paroles pour les chœurs. "Vous voulez un hymne, mais qui doit écrire les paroles? Et ils m’ont dit: Oh, les paroles? Je leur ai expliqué qu'on ne peut pas avoir que du la la laaaaa."

Paroles?

Finalement, Tony Britten écrit les paroles, avec pour seul mandat "d'avoir quelque chose de grandiose". Alors face à cette requête inattendue, il est allé au plus simple "J'ai juste écrit une liste de superlatifs : les meilleurs, les maîtres, les champions. J'ai ensuite fait appel à un traducteur pour les avoir dans les deux autres langues officielles de l’UEFA, qui sont le français et l'allemand. Je les ai mis ensemble et j'ai terminé l'hymne."

Il lui aura donc fallu un peu plus d'un mois de travail. L'hymne de la Ligue des champions est ensuite enregistré par le Royal Philharmonic Orchestra de Londres et le Choeur de Saint Martin-in-the-Fields.

"Zadok The Priest", remis au goût du jour, sera joué pour la première fois simultanément dans plusieurs enceintes du Vieux Continent le 25 novembre 1992.

Frissons

Le résultat est spectaculaire, fort en émotions. Jamais le football et la musique ne s'était aussi bien accordé. Sur le terrain, l'hymne de la Ligue des champions donne aux joueurs l'envie de se transcender.

Dans les gradins, il est aujourd'hui le seul capable de créer une communion entre des dizaines de milliers de personnes, que tout sépare. Mais qui ne font qu'un pendant cet hymne, même entre les supporters des équipes adverses. Car cette musique leur rappelle probablement pourquoi ils aiment tant le football, un soir de Ligue des champions.

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Un ballon de la ligue des champions. [Keystone - AP/Kerstin Joensson]Keystone - AP/Kerstin Joensson
La Matinale - Publié le 6 juillet 2021

Chapitre 3
Willy Grigg et la prière bouddhiste

Keystone - Peter Powell

"Freed From Desire" et son synthétiseur accrocheur sont devenus un véritable hymne à la dance music des années 1990 grâce à la chanteuse Gala. En manif, dans les boîtes de nuit et même dans les stades. C'est d'ailleurs dans ces enceintes géantes que le titre a connu une seconde jeunesse.

Lors de l'Euro 2016 en France, il a été repris tout au long de la compétition par les supporters d'Irlande du Nord. "Freed From Desire" a été détourné en "Will Grigg's On Fire". En référence à l'attaquant nord irlandais du club de Wigan.

Will Grigg, propulsé au rang d'idole après une saison où il a inscrit 28 buts, et permis à son club anglais de remonter en deuxième division. A l'origine de ce détournement, un supporter: Sean Kennedy qui a posté sa vidéo, tambourin à la main, en train de chanter "Will Grigg est en feu, ta défense est terrifiée".

Diffusée sur les réseaux sociaux, la vidéo fait un carton. Le club de Wigan s'en empare et fait enregistrer une version par deux DJ, qui sera propulsée au 8e rang des musiques les plus téléchargés sur iTunes en Angleterre. Le président du club, ravi de ce coup de pub, lui offre un abonnement d'un an au stade.

Mais revenons à l'original: "Freed From Desire, Mind And Sens Purified" dans la fameuse version de Gala. Un tube, qui cache pas mal de combats et de galères.

Une passion inassouvie

Gala Rizzatto, alors âgée de 14 ans, voulait être danseuse, mais on lui découvre un problème de dos, et elle doit tout arrêter. Un premier choc qu'elle vit comme une profonde injustice. "Ma vraie passion était la musique et la danse, mais je ne pouvais pas suivre cette passion en raison de graves problèmes de dos, qui m'empêchaient de danser, de bouger. C'était terrible."

A 16 ans, Gala quitte son Italie natale. Au début des années 1990, pour ses études, elle s'installe à New York. "Il n'y a aucune ville où j'ai vu autant de différences entre pauvres et riches. J'en parlais avec mes parents et je leur disais qu'en Italie on ne voit pas autant de personnes sans-abris et de désespoir".

Attirée par la scène underground, Gala se lance alors dans la photographie et pousse les portes des boîtes de nuit. En échange d'une photo, un DJ lui produit le gimmick de cinq notes et appose le "na na na na na" devenu culte. Elle termine ensuite l'écriture dans son petit appartement new-yorkais de "Freed From Desire". Un titre au départ très spirituel.

"C'est une prière bouddhiste : 'Libérée du désir, l'esprit et les sens purifiés'. Je l'ai pris d'un concept bouddhiste". Elle a un message à faire passer, "Mon amour n'a pas d'argent, n'a pas de pouvoir, n'a pas de gloire, mais il a ses fortes croyances".

Eurodance

Gala enregistre sa chanson, chez elle, sur une cassette qu'elle envoie à un label italien "DO it Yourself". Il décide alors d'enregistrer le morceau en studio et d'en faire une toute autre version, dans un style eurodance. Le succès est immediat. Gala signe ensuite avec Universal et le manager de Prince.

Malheureusement, ce dernier meurt avant de réussir à sortir la chanteuse italienne du très mauvais contrat qu'elle a signé avec son premier label et qui l'empêche d'avoir le contrôle sur son tube.

Sa chanson, elle, traverse les générations. Vingt-cinq ans plus tard, elle est flattée de voir son titre adopté par les supporters de foot. "J'ai commencé à croire à une forme de liberté culturelle. Ma chanson fait sortir du monde. Si des nazis ou le klux klux klan l'utilisaient, cela me déprimerait, mais je ne peux pas la contrôler".

"Ma chanson a été utilisé dans un très beau contexte. Pour encourager un joueur à marquer un but. Et combien d'artistes ont la chance d'avoir pour leur chanson une deuxième vie? C'est très rare et suis reconnaissante pour ça."

 Après avoir été l'hymne de l'équipe belge lors du mondial 2018 en Russie, "Freed From Desire" continue d'écrire son histoire et à faire danser des milliers de supporters dans nombreux stades à travers le monde.

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Des supporters nord-irlandais chantent Freed from Desire à l'Euro 2016. [AFP - Stephane Allaman/DPPI]AFP - Stephane Allaman/DPPI
La Matinale - Publié le 7 juillet 2021

Chapitre 4
La renaissance d'un tube disco par des étudiants néerlandais

Keystone - Olivier Boitet

Pour l'immense majorité des Français, la chanson "I Will Survive" est indissociablement liée à la victoire face au Brésil en finale de la Coupe du monde 1998. Dans ce tube disco sorti en 1978, Gloria Gaynor raconte l’histoire d’une femme qui vient d’être quittée et qui explique à son ex qu’elle peut très bien vivre sans lui.

Un titre qu'elle interprète après un accident sur scène qui la paralysera des jambes durant plusieurs jours et qui verra sa maison rompre son contrat, avant de revenir avec cette chanson.

"Je survivrai" fait aussi, quelque part, écho durant l'été 1998 au parcours des Français dans un mondial que peu de monde leur promettait. Mais en réalité ce n’est pas vraiment Gloria Gaynor qui a accompagné les joueurs français durant leur aventure, mais un groupe d’étudiant néerlandais, baptisé Hermes House Band.

Un groupe de reprises

Ce groupe de reprise de morceau disco tourne à Rotterdam dans des petites salles. Mais un soir de concert tout ne se passe pas comme prévu durant la reprise plutôt festive d'"I Will Survive".

"Nous avons eu une panne de courant. Il n'y avait plus d'électricité sur la scène. Il n'y avait plus que les instruments acoustiques. Donc cette partie 'la la la lala' était joué qu'avec des trompettes", se souvient Eugene Lont, à époque bassiste du groupe.

Le public apprécie. Le groupe conserve cette version. Un nouveau tube monosyllabique vient donc de naitre. Enregistré en 1994, le titre fait ses premiers pas dans le milieu du football, non pas en France, mais en Allemagne. Les fans du Feyenoord Rotterdam ont assisté au succès de leur équipe sur la pelouse du Werder Brême.

"Les supporters de Feyenoord ont dû attendre dans le stade à la fin de la rencontre. Les supports allemands devaient d'abord quitter les tribunes. Et le speaker de notre équipe, qui a aussi fait le déplacement, avait un seul morceau avec lui… et c'était le nôtre", raconte Eugene Lont.

Un hymne pour le rugby

Le titre est diffusé six ou sept fois avec le fameux "la la la lala" final. La chanson est devenue très populaire aux Pays-Bas, et aussi un peu en Allemagne.

L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais leur reprise sort en France en 1996 dans une certaine forme d’anonymat. Un an plus tard, un certain Max Guazzini, ex-président emblématique du club de rugby parisien Stade Français, se rend pour ses vacances d'été à Saint-Tropez et l'entend en boite de nuit.

Devant une piste de danse en folie, il réalise alors à quel point le final dégage une énergie incroyable. Également patron de la radio NRJ, Max Guazzini, veut absolument diffuser le morceau sur son antenne et en faire l'hymne de son club, sans se souvenir qu’il avait refusé le disque un an plus tôt. Le succès cette fois est au rendez-vous.

Eté 1998, la France vient de gagner son premier match du mondial contre l’Afrique du sud à Marseille. Les Bleus entonnent pour la première fois le fameux refrain grâce à Vincent Candela, le remplaçant ambianceur du groupe qui avait pris le titre dans sa playlist.

Gloria Gaynor n'a pas apprécié

Le chant se poursuit dans le bus et l’information sort rapidement dans la presse. "I Will Survive", version Hermes House Band, est alors diffusé en boucle sur presque toutes les radios musicales. Un mois plus tard elle est reprise par tout le stade de France devant Zidane et ses coéquipiers qui soulèvent la Coupe du monde.

Le groupe Hermes House Band, Gloria Gaynor l'avait rencontré bien avant la Coupe du monde. "Nous n'avions pas vraiment eu une longue discussion. C’était dans les années 1990. Elle se produisait dans un festival à Rotterdam. Et on était là-bas pour son concert. Elle s'est donc mise à chanter 'I Will Survive', et toute la foule à la fin de sa chanson s'est mise à chanter notre la la la lala. Elle était vraiment surprise et je pense que ça ne l'a pas trop amusé. Elle n'a pas vraiment aimé".

La version Hermes House Band, elle s’est bien exportée dans le foot. Aujourd'hui encore est l'hymne du Feyenoord, de Galatasaray et de la Juventus.

>> Écoutez l'épisode :

Des supporters nord-irlandais chantent Freed from Desire à l'Euro 2016. [AFP - Stephane Allaman/DPPI]AFP - Stephane Allaman/DPPI
La Matinale - Publié le 8 juillet 2021

Chapitre 5
Rodrigo et l'idole Maradona

Keystone - EPA/STR

Très peu de sportifs, voire même aucun, n'aura autant alimenté le monde de la culture et en particulier l'univers musical. Mort en novembre dernier à l'âge de 60 ans, Diego Maradona a inspiré de très nombreuses chansons. Plusieurs centaines.

Mais il y en a surtout une qui a su immortaliser son parcours et raconter comme aucune autre sa vie hors du commun, avec ses hauts et ses bas: "La Mano de Dios", du jeune chanteur Rodrigo.

"La Mano de Dios", sortie en février 2000. Chantée par Rodrigo Alejandro Bueno considéré comme le roi du cuarteto, un style musical populaire au rythme rapide et tropical. Agé de 27 ans, Rodrigo est à l'apogée de sa carrière. Et recherche de nouveaux titres pour son répertoire.

La déification de Maradona

Le chanteur propose donc à son beau-frère, Alejandro Romero, compositeur novice de lui écrire une chanson. "C'est une révélation pour Rodrigo quand il découvre les paroles. La chanson était inespérée. Et va jusqu'à dire à son beau-frère qu'il a 'flingué' sa carrière, car il ne pourrait jamais faire mieux", raconte Victor Lonay, journaliste pour SoFoot.

Et tout le peuple chanta
Marado, Marado
La main de Dieu naquit
Il apporta l'allégresse au peuple
Il arrosa ce sol de gloire

Devant ces paroles émouvantes Rodrigo fond en larmes et décide d'intituler la chanson "La Mano de Dios". Avant de la sortir, il modifie quelques phrases et multiplie les références christiques.

Il se chargea une croix sur les épaules
Pour être le meilleur
Pour ne jamais se vendre
Il affronta le pouvoir
Curieuse faiblesse
Que Jésus ait trébuché,
Car lui ne le fit jamais

Sans oublier de s'inspirer pour le refrain des chants des supporters de Boca Junior scandés dans les stades pour leur idole. 
Comme il l'avait prédit, le morceau est un énorme succès, dans toutes les classes de la société, grâce notamment à un mélange de musiques actuelles des années 2000 et de musique folklorique argentine.

La rencontre

En plein tournée Rodrigo est alors invité à Cuba pour interpréter sa chanson devant Maradona. Le footballeur, qui a terminé sa carrière depuis 3 ans, suit sur l'île une cure de désintoxication.

"On sent un Maradona dans l'attente au début de la chanson. Progressivement, il se laisse prendre au jeu. Il tourne les serviettes avec ses amis. Finalement, il prend le chanteur dans ses bras en lui glissant un hijo de puta. C'est une façon maradonesque de remercier", raconte Victor Lonay.

Ce moment, filmé par les caméras, marquera la rencontre entre ces deux stars aux destins pas si éloignés, entre gloire et addictions.

Décès tragique

"Rodrigo ne se cache pas non plus derrière son addiction. Dans la chanson, il dit la célébrité lui présenta une femme blanche. Il fait clairement référence à la cocaïne. Il ne cherche pas à esquiver le problème. Mais il lui pardonne… Jésus aussi a trébuché."

Seulement trois semaines après leur rencontre, Rodrigo meurt dans un accident de la route entre La Plata et Buenos Aires. La chanson devient alors un véritable hymne en l’honneur de Maradona. Reprise partout, jusque dans les stades de foot et même par l’ancien numéro 10 lui-même.

"Il va ouvertement dire que c'est la meilleure chanson qu'on ait jamais dédiée. Il va se plaire à la chanter dans l'émission de TV qu'il anime. Il la chante également dans un moment fort du film que Emir Kusturica lui consacre. Il est devant sa femme, ses filles. Il est alors visiblement en mauvaise santé, mais retrouve la flamme en chantant cette chanson avec ses amis", analyse le journaliste de SoFoot.

Plus de vingt ans après sa sortie, "La Mano de Dios" reste en Argentine l'hymne le plus vibrant à la gloire et aux déboires de Diego Armando Maradona.

>> Écoutez l'épisode :

La main de Dieu selon Maradona. [Keystone - EPA/STR]Keystone - EPA/STR
La Matinale - Publié le 9 juillet 2021