Banner pour le dossier: "Révisez vos classiques: les romantiques". [AFP/DP]
Publié Modifié

Révisez vos classiques! Les romantiques

>> Pour tous les mélomanes qui s'ignorent et pour celles et ceux qui veulent réviser leurs classiques, Catherine Buser, spécialiste musique classique à la RTS, a décidé de partager les œuvres qui lui ont donné envie de faire son métier.

>> En cinq parties, elle vous propose d'entrer dans l'histoire de la musique dite classique à travers ses plus grands compositeurs. Ce troisième épisode est consacré à la période romantique qui s'étend sur le 19e siècle. : Révisez vos classiques! Les baroqueux

>>A lire également, les précédents épisodes de cette série:

et  Révisez vos classiques! La trilogie classique viennoise

>> A consulter également, notre dossier sur les compositrices : Composer au féminin

La musique des sentiments

"Je suis touché par tout ce qui se passe dans le monde… Et alors j‘ai envie d’exprimer mes sentiments en musique".

Cette citation de Robert Schumann semble particulièrement appropriée pour ouvrir cet épisode consacré à la musique romantique. Exprimer ses sentiments en musique, tel est le credo des compositeurs romantiques.

Né au début du 18e siècle dans l’art et la littérature, le romantisme est apparu plus tard dans la musique, alors que la première génération des grands poètes romantiques allemands avait déjà disparu.

Rejetant les conventions imposées par la raison, les romantiques prônent la sensibilité individuelle. Le compositeur s’expose, se met à nu, il est son propre héros. Il puise son inspiration dans la nature, tour à tour terrifiante et rassurante, et privilégie la libre expression de la forme pour traduire les émotions et explorer l’imaginaire. Le romantisme est l’époque des extrêmes. La figure du musicien virtuose fleurit en même temps que se développe une musique intimiste destinée au salon.

Franz Schubert

1797-1828

Quand on parle de la période romantique en musique, on pense d’abord aux compositeurs de la génération 1810, Schumann, Chopin, et Liszt. Mais il faut également leur associer le nom de Schubert qui, bien que né au siècle précédent, 1797, ouvre les portes du romantisme.

Pour son ami d’enfance Franz Eckel, la vie de Schubert est celle d’une pensée intime, spirituelle, rarement exprimée par des mots, mais presque entièrement par la musique.

Schubert a commencé à composer très jeune et a manifesté un talent précoce, mais sa vie fut très courte et tragique. Son destin a été en quelque sorte occulté par l’optimisme apparent de sa musique. Sa production témoigne d’une étonnante facilité, alliée à une imagination musicale riche et variée. Sur sa tombe, on peut lire l’épitaphe suivante: "La musique a enseveli ici une grande richesse, mais aussi des espoirs plus grands encore".

Felix Mendelssohn

1809-1847

Mendelssohn est sans doute l’un des compositeurs les plus doués de l’histoire de la musique, l’égal de Mozart. A 17 ans, il compose son "Ouverture pour le songe d’une nuit d’été" qui est un véritable coup de génie.

On a coutume de dire que Mendelssohn est un classique attardé au siècle des romantiques. Ainsi il a vu sa cote décliner vers 1860 lorsque le style de Wagner est devenu l’idéal prédominant. Et pourtant, le compositeur allemand a exercé une influence considérable sur la vie musicale de son temps.

A la tête de l’orchestre du Gewandhaus de Leipzig, il a aidé bon nombre des compositeurs de son époque en interprétant leurs œuvres avec son orchestre. Il a aussi beaucoup fait pour améliorer la condition des musiciens.

Frédéric Chopin

1810-1849

Autre enfant prodige de la musique, Frédéric Chopin, né en 1810 soit un an après Mendelssohn et mort comme lui à l’âge de 39 ans! Deux formidables talents fauchés dans la fleur de la jeunesse.

Chopin résume à lui seul tous les stéréotypes de l’artiste romantique. C’est le prince du piano, l’exilé politique, abandonné par sa maîtresse mourant de tuberculose, mais adulé dans les salons.

Il est de tous les compositeurs romantiques le plus populaire, sans doute en raison de l’incomparable poésie de sa musique. Son œuvre est une invitation au rêve, à la nostalgie, mais aussi à la tension et à la fureur. C’est au piano qu’il confie ses rêves les plus fous et le meilleur de lui-même.

Le Polonais a composé ce concerto avant de quitter son pays natal. Il doit sa réputation autant à la finesse et à la poésie subtile de son jeu qu’à son extraordinaire facilité instrumentale.

Personnage introverti aux manières exquises, il s’est rapidement imposé comme la coqueluche des cercles aristocratiques.

Robert Schumann

1810-1856

A la figure "dandyesque" de Chopin, on oppose volontiers l’âme germanique de Schumann.

La musique de Schumann est profonde et sensible, mais elle est moins destinée à plaire qu’à convier l’auditeur dans un monde intérieur, secret et énigmatique. De tous les compositeurs romantiques, il est le moins facile à cerner. Le compositeur allemand puise souvent son inspiration dans la littérature. Il avait par ailleurs une excellente plume et signait ses articles du double patronyme d’Eusébius ou Florestan. Un choix qui n’est pas anodin et résume bien la double personnalité de l’auteur. Eusebius c’est le poète, le rêveur, Florestan le passionné.

Schumann aurait tellement voulu être un virtuose du piano. Pour développer sa technique, il avait mis au point un petit appareil qui devait lui permettre de développer la musculature des doigts les plus faibles. Résultat: il a perdu le contrôle de sa main droite, ce qui a mis fin à son avenir de virtuose.

Franz Liszt

1811-1886

La virtuosité, c’est justement l’apanage des compositeurs romantiques. Franz Liszt en est le plus parfait représentant. Comme Chopin, Liszt est un prodige du piano. Il donne son premier concert à 9 ans, se produit à Vienne à 11 ans. Son cachet est tel qu’il peut financer ses études musicales avec Czerny et Salieri pendant près de six ans.

Le jeune pianiste ne va pas tarder à enflammer l’Europe entière par ses dons de pianiste. Contrairement à Chopin qui préfère le cercle intime des salons, Liszt se tourne délibérément vers la scène. Les témoignages de l’époque concordent pour voir en lui le plus grand pianiste de tous les temps.

 Son catalogue pour piano est imposant et nécessite une virtuosité technique redoutable. Il est généralement salué comme le père du piano moderne. Mais Liszt était aussi un grand mystique et il aborde le répertoire religieux de l’intérieur.

Les Consolations sont des pièces écrites à Weimar qui se veulent des transcriptions musicales de poèmes de Sainte-Beuve. Autrefois très populaires, elles sont quelque peu délaissées au profit des œuvres plus virtuoses du maître.

Richard Wagner

1813-1883

Franz Liszt avait pour beau-fils un certain Richard Wagner. Bien que marié à sa fille Cosima, ce dernier n’avait que deux ans de moins que son beau-père. Liszt a beaucoup fait pour aider son gendre qui s’est imposé comme l’un des plus grands compositeurs d’opéra du 19e siècle.

Wagner est l’homme de tous les excès. Son ambition est de créer un chef d’œuvre d’art total, le fameux Gesamtkunstwerk, qui allie tout à la fois poésie, drame, musique, chant et décor. Il s'efforce de mettre à bien son projet dans son gigantesque "Anneau du Nibelung", ou "Ring" qui se décline dans un cycle de quatre opéras.

Pour couronner son projet, il demande au Roi Louis II de Bavière qui était son mécène de lui bâtir un théâtre permanent à Bayreuth, afin qu’il réunisse les conditions optimales pour la création de ses œuvres.

Wagner a marqué toute une époque à tel point que tous les compositeurs de son temps devaient faire le pèlerinage à Bayreuth. Si l’on en croit Fauré: "qui n’a pas entendu Wagner à Bayreuth n’a rien entendu". Les générations suivantes se donneront beaucoup de mal pour échapper à son emprise.

"Le Vaisseau fantôme" est le quatrième opéra du compositeur, créé en 1843, et qui réunit certains des grands thèmes de l’univers romantique et wagnérien: l’errance, l’arrivée d’un personnage inconnu, le sacrifice et la rédemption par l’amour.

Hector Berlioz

1824-1867

On croit souvent que le romantisme est un courant essentiellement germanique. Mais c’est oublier la figure romanesque du Français Hector Berlioz, dont la vie et la musique incarnent elles aussi tous les idéaux romantiques, plus peut-être encore que les autres.

Berlioz est né en 1803 et mort en 1869. Il se distingue de ses confrères germaniques par le fait qu'il ne joue pas de piano. Son instrument, c’est l’orchestre dont il renouvelle le langage et la conception. Sa musique est relativement mal comprise de son vivant. Elle s’est depuis imposée comme l’une des gloires de la musique française.

Berlioz partage avec Schumann une passion pour la littérature. Grand ami de Balzac, de Victor Hugo, d’Alfred de Vigny et de Musset, il puise son inspiration dans les œuvres de Shakespeare, Byron et Goethe.

Compositeur entier et passionné, il laisse une œuvre imposante dont le plus beau fleuron est sans conteste la "Symphonie fantastique" née de sa passion amoureuse pour la jolie Harriet Smithson, une actrice irlandaise.

Berlioz, le plus passionné de tous les romantiques, définissait son art ainsi:
"Les règles de ma musique sont l’expression passionnée, l’ardeur intense, le rythme animé et les aspects surprenants."

Giuseppe Verdi

1835-1901

Place maintenant à la plus grande figure du romantisme en Italie. Il s’agit de Giuseppe Verdi, le plus célèbre et le plus joué des compositeurs d’opéra italien.

Pour la petite histoire, saviez-vous que Verdi a été refusé de la classe de piano du Conservatoire de Milan, établissement qui porte aujourd'hui son nom? Mais c’était pour la bonne cause puisqu'il a été réorienté vers les classes d’écriture. Son premier grand succès est "Nabucco" qui le mène au pinacle. Il enchaîne ensuite vingt opéras en moins de vingt ans.

Ses œuvres s’inscrivent au patrimoine artistique italien et il sera un peu malgré lui le héraut du Risorgimento, le mouvement qui aboutit à la réunification de l’Italie. Le peuple s’est attribué le slogan de Viva Verdi qui cache l’acronyme du roi Vive Victor Emmanuel Roi d’Italie.

En 1874, Verdi abandonne pour un temps l’opéra pour écrire le plus dramatique et le plus lyrique "Requiem" de l’histoire.

Charles Valentin Alkan

1813-1888

Nous terminerons cette traversée du 19e siècle sur une touche plus joyeuse avec la sonate pour violoncelle et piano de Charles Valentin Alkan, autre grand compositeur de la génération romantique, né à Paris le 30 novembre 1813 et mort dans cette même ville en 1888.

Alkan se rattache à la tradition des grands virtuoses, initiée par Paganini au violon puis par Chopin et Liszt au piano.

Les critiques ont salué en lui le Berlioz du piano. Le compositeur français est considéré comme un représentant crucial de l’école de piano romantique, même s’il manque encore un peu de reconnaissance.