En 1991, le rap français fait ses premiers pas dans l'ombre, avec des artistes pionniers tels que Lionel D, Dee Nasty, Suprême NTM ou Assassin. Et Mc Solaar sort son premier album, "Qui sème le vent récolte le tempo". Diffusés par les radios commerciales et à la télévision dans l'émission du Top 50, les titres "Caroline", "Bouge de là" ou encore "Victime de la mode" contribuent au succès de cet album incontournable.
L'album dans tous les formats
Après des années d'interdiction à la vente dues à un conflit interminable entre Mc Solaar et le label Polydor, revoici enfin cet opus majeur de l'histoire du rap français, en format vinyle, CD et digital. "C’est l’occasion de fêter l’anniversaire. Pourquoi la nouvelle génération n’aurait-elle pas accès à ces choses?", s'interroge le rappeur.
>>À regarder: le clip de "Bouge de là" de MC Solaar
Un disque pour une nouvelle ère
En 1991, Claude M’barali alias MC Solaar a 22 ans. Accompagné du producteur Jimmy Jay, il vient d'officialiser l’existence du rap français avec "Qui sème le vent récolte le tempo". La sortie de ce disque marque une nouvelle ère, celle de l’acceptation du rap, plus précisément du rap français, par le grand public.
Avec ses chansons, le jeune Claude M’barali souhaite créer un nouveau style qui s’affranchit de celui du rap américain. "La volonté de créer quelque chose de différent, mais avec tous les aspects du rap", explique MC Solaar qui définit le style de l'album comme de la poésie ou du "rap musical". "On ne savait pas que le disque aurait du succès. Il y a tout de même quelques étrangetés dans cet album, comme 'Bouge de là', 'Ragga Jam' ou 'Caroline'."
>>À regarder: le clip de "Caroline" de MC Solaar
Un album qui n’était pas censé en être un
Loin d’imaginer enregistrer un disque complet, Mc Solaar commence sa carrière en sortant des titres au compte-goutte avec le producteur Jimmy Jay. Un jour, un certain Hubert Blanc-Francard, ingénieur du son et musicien, propose au rappeur de coproduire un album. "On rencontre ce Hubert Blanc-Francard qui travaille dans un label. Il nous dit 'Allez-y, produisez, écrivez'. Il nous a motivés à obtenir dix morceaux les uns après les autres", raconte le rappeur.
Le duo enchaîne alors les allers-retours – en transports publics – entre le squat où Jimmy Jay "fait des mixtures avec ses platines" et le studio d’Hubert Blanc-Francard. Le résultat est un mélange entre leurs différentes manières de travailler: "L’expérimentation de Jimmy Jay et la cohésion d’Hubert ont donné un équilibre à l’album."
Quand j’écoute mes anciennes chansons comme 'Caroline' ou 'Quartier Nord', je me demande ce qu'il m’était arrivé pour écrire des choses pareilles, un peu matures, bien écrites. Je ne pensais pas que cela allait ressortir 30 ans après! J’étais un ado qui écrivait ce qu'il souhaitait pour le monde.
Propos recueillis par Witold Langlois
Adaptation web: ms