Trois ans qu'ils n'avaient pas foulé une scène. Pour les Suédois de Goat, le cadre enchanteur du Val de Bagnes a sans doute comblé toutes les attentes mercredi, ainsi que celles du quatuor rock instrumental espagnol Toundra qui a ouvert les festivités en début d'après-midi sur la petite butte surplombant la cabane Brunet, nichée à 2000 mètres d’altitude et prisée des randonneurs.
Les Dents du Midi découpées en arrière-plan, les pâturages montagneux verdoyants en point de mire et quelques centaines de spectateurs dispensés de passe sanitaire remplaçant pour un temps les vaches d'alpage, les deux groupes semblent avoir savouré ce décor idyllique baigné enfin d'un franc soleil d'été.
Boucles rythmiques hypnotiques
A l'enseigne des désormais cultes "Rocklettes" du Palp Festival, événements mariant rock et raclette donc qui ont débuté à guichets fermés le week-end dernier au couvert du Goly et s'achèvent dimanche au col du Lein, les attendus Goat sont apparus grimés en sorciers vaudous ou flanqués de masques animaliers ne dépareillant finalement pas tant que ça dans le canton qui abrite les fameuses peluches et empaillés du carnaval d'Evolène. Même leurs morceaux mêlant rock psychédélique et musiques du monde semblent faire office de rituels destinés à chasser les mauvais esprits.
Au-delà de leur néopaganisme aux boucles rythmiques hypnotiques, le sextuor mixte suédois dont la légende prétend qu'il n'est qu'une émanation contemporaine d'une antique tradition hybride a le don de fasciner grâce à des syncrétismes sonores alternant tribalisme et pastoralité, (kraut)rock et folk dans un même élan de bordel organisé de percussions, riffs de guitares et zébrures de flûtes.
Enchanteresses ou sorcières
Entre quelques titres d'un album à paraître fin août baptisé "Headsoup" et chansons phares plus anciennes comme "Let It Burn" et "Run To Your Mama" où les deux chanteuses jouent les enchanteresses ou sorcières vocales, Goat rappelle que le psychédélisme rock peut parfois avoir des airs de guggen sans les cuivres.
Encore un joli coup de filet en forme de sabbat de cette 11e édition du Palp Festival qui a tenu contre vents et marées du Covid depuis l'an dernier.
Olivier Horner
Le Palp Festival, en Valais, se poursuit jusqu'au 25 septembre.