Freddie Mercury, le rocker qui aimait la danse classique et l'opéra

Le 24 novembre 1991, Freddie Mercury disparaissait à l'âge de 45 ans des suites d'une pneumonie due au VIH. Trente ans après sa mort, la RTS propose de visionner à la fois "Bohemian Rhapsody", biopic multiprimé sorti en 2018 qui raconte le parcours du musicien campé par l'excellent Rami Malek à travers le succès du groupe Queen, et "Freddie Mercury: The Great Pretender", un documentaire réalisé en 2012. Une manière d'aborder les deux facettes d'un artiste hors norme qui aura marqué l'histoire du rock.

Farrokh Bulsara est né le 5 septembre 1946 à Zanzibar (actuelle Tanzanie), alors sous protectorat britannique. Ses parents sont des Parsis Indiens. Il a 17 ans lorsqu'il débarque avec sa famille en Angleterre. Après avoir joué dans quelques formations, le jeune homme fonde avec Brian May et Roger Taylor le groupe Queen et prend le nom de Freddie Mercury. Une année plus tard, le bassiste John Deacon rejoint le groupe.

Des concerts légendaires

C'est à partir du milieu des années 1970 que le groupe connaît un succès qui s'amplifie dans les années 1980, faisant de Queen l'un des plus grands groupes de rock de tous les temps.

"Bohemian Rhapsody", "We Are The Champions", "I Want to Break Free", "We Will Rock You" ou encore "The Show Must Go On", le groupe enchaîne les tubes et remplit les stades du monde entier lors de concerts mémorables. Que ce soit en 1976 à Hyde Park lorsque plus de 150'000 personnes assistent à un concert gratuit ou dix ans plus tard lors du "Magic Tour", la dernière tournée avec Freddie Mercury qui réunit plus d'un million de spectateurs de par le monde et qui a comme point d'orgue deux concerts devenus mythiques donnés à Wembley.

Une bête de scène

Il faut dire que la voix puissante et la prestance du chanteur enflamment les foules. Et si on y ajoute des mises en scène travaillées et des costumes souvent exubérants, on obtient la recette gagnante de ces shows démesurés.

En 1985, Queen participe au Live Aid, un double concert de charité diffusé en mondovision et qui se déroule conjointement au stade de Wembley à Londres et à Philadelphie aux Etats-Unis. Les recettes doivent servir à lutter contre la famine en Ethiopie et plus discrètement à la recherche et la lutte contre le sida. Malgré la présence d'une septantaine d'artistes de renom comme David Bowie, Paul McCartney, Madonna, Elton John, The Who, c'est la performance de Freddie Mercury qui restera dans toutes les mémoires.

Durant vingt minutes, dans une mise en scène pour une fois très sobre, le chanteur, accompagné de ses musiciens, galvanise le public à la seule force de sa voix et termine en apothéose avec "We Are The Champions", transformant le stade en raz de marée de mains levées dans une communion parfaite. Une prestation qui permet de relancer le groupe qui sort d'un passage à vide suite au choix de Freddie Mercury de se lancer dans un album solo.

Un homme timide et réservé

Jusqu'à ce qu'il apprenne sa maladie, Freddie Mercury a toujours vécu à cent à l'heure et souvent dans l'excès, que cela soit à travers le sexe ou les drogues. Leader incontesté du groupe, il s'affiche sur scène avec une énergie et une assurance magistrales et désinhibées, parfois perçues comme arrogantes.

Réalisé en 2021, le documentaire "Freddie Mercury: The Great Pretender" dévoile pourtant une autre facette du personnage. A travers des images d'archives et des interviews du chanteur et de ses proches, on découvre un homme assez solitaire, réservé et parfois même timide.

Le réalisateur a fait le choix de se concentrer non pas sur Queen, mais sur la carrière solo de Freddie Mercury. On le retrouve au moment où il travaille sur "Mr. Bad Guy". Premier album solo enregistré à Munich et sorti en 1985, il ne rencontre pas le succès escompté.

En duo avec la cantatrice Montserrat Caballé

On apprend aussi sa passion pour la danse classique - en 1979, il se produit avec le Royal Ballet - et surtout son adulation pour l'opéra dont il s'inspire pour certaines de ses chansons - "Bohemian Rhapsody", tiré de l'album "A Night At The Opera", étant l'exemple le plus connu.

A un moment où il cherche à sortir de la musique rock et est fasciné par la voix de la chanteuse soprano classique espagnole Montserrat Caballé, Freddie Mercury compose à la fin des années 1980 un album constitué de duos avec la cantatrice, réalisant ainsi un de ses rêves. C'est de cet album qu'est issu "Barcelona", un titre qu'ils auraient dû interpréter tous les deux lors de la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques de Barcelone en 1992. Cela ne pourra pas se faire, le chanteur étant décédé quelques mois plus tôt.

Une vie privée très privée

Freddie Mercury est toujours resté énigmatique sur sa vie privée et a refusé la plupart des interviews qui voulaient aborder cette question. "Si les gens veulent me connaître, ils n'ont qu'à écouter mes chansons", répétait-il ainsi à son ami journaliste David Wigg, interrogé dans le documentaire.

Avec bienveillance et sobriété, le réalisateur aborde pourtant par petites touches la vie amoureuse de la star - en particulier sa relation avec Jim Hutton, son dernier compagnon dont on peut entendre un entretien - et son combat contre le sida. Au début des années 1990, cette maladie est encore parfois considérée comme honteuse et surtout synonyme de condamnation à mort. Freddie Mercury ne rend publique cette information que la veille de son décès, alors que de plus en plus de conjectures sont avancées dans les médias sur son état de santé.

"J'ai jugé correct de garder secrète cette information jusqu'à ce jour afin de préserver la vie privée de mon entourage", indique-t-il dans un communiqué. Le lendemain, son décès est annoncé dans les médias, mettant en état de choc des milliers de fans à travers le monde.

Andréanne Quartier-la-Tente

"Bohemian Rhapsody" de Bryan Singer, à voir sur Play RTS jusqu'au 22 septembre 2021.

"Freddie Mercury: The Great Pretender" de Rhys Thomas, à voir sur Play RTS jusqu'au 18 septembre 2021.