Les vers d'oreilles, ces chansons qui refusent de quitter nos têtes

"Despacito" de Luis Fonsi et Daddy Yankee, "YMCA" des Village People, "Mamma Mia" d’ABBA… autant de chansons classées dans la catégorie des vers d’oreille, de leur nom scientifique "imageries musicales involontaires", ou encore "chansons-velcro" en québécois. La musique classique, les comptines et les slogans publicitaires font également partie de ces mélodies à risque. Les vers d’oreille nous guettent donc à tous les coins de rue.

Selon les études réalisées par l’association américaine de psychologie (APA), la recette du ver d’oreille est la suivante: une musique à structure simple et répétitive, rythmée, avec des intervalles particuliers. Il semblerait que neuf personnes sur dix soient concernées par ce phénomène.

Une imagerie musicale involontaire

Qu'est-ce qui fait qu'une chanson nous vient à l’esprit et ne s’en va pas? Les déclencheurs des vers d’oreille sont les associations d'idées et les émotions, positives ou négatives, qui nous évoquent une chanson en particulier, parfois sans nous en rendre compte. Exemple: nous allumons le feu de la cheminée, et paf ! Nous avons la chanson "Allumer le feu" de Johnny Hallyday en tête. Un mot-clé placardé sur une affiche peut aussi faire penser à des chansons comme "Libérée, délivrée", "Happy", etc.

Ces associations d’idées, volontaires ou non, démarrent plus facilement lorsque nous sommes un peu fatigués ou que le cerveau est peu occupé. Pourquoi notre cerveau choisit-il de transformer un air musical en un ver obsédant? Tout simplement parce qu'il s’amuse à le reconstituer… malgré nous. Lorsque nous écoutons de la musique, les réseaux cérébraux de l’émotion, de la perception, de la mémoire et de la pensée spontanée sont impliqués dans le processus. Les deux hémisphères de notre cerveau sont donc impliqués, ce qui nous aide à mémoriser les mélodies.

Mâcher du chewing-gum pour s’en débarrasser

Peut-on se défaire des vers d’oreille? Les chercheurs ont quelques pistes. Par exemple, essayer d’occuper son cerveau à autre chose, entamer une discussion, faire un jeu, réciter un poème, chanter une chanson différente ou jouer d’un instrument de musique.

Autre solution, mâcher du chewing-gum! Une étude britannique publiée dans la revue scientifique Taylor & Francis en 2014 montre que les candidats parviennent plus facilement à se défaire d’un ver d’oreille de cette manière, potentiellement parce que mâcher de la gomme stimule les mêmes parties de l’anatomie que celles utilisées pour la parole.

Si ces astuces ne fonctionnent toujours pas, chantez donc votre ver d’oreille à tue-tête afin de le mettre dans la tête de votre entourage. Vous ne serez pas débarrassé du ver d’oreille, mais vous ne serez plus seul-e !

Jérôme Zimmermann

Adaptation web: ms