Rendez-vous à Mervelier, dans la ferme où Lorena Stadelmann vit à la frontière entre le Jura et le canton de Soleure. Elle partage cette maison avec l’artiste Augustin Rebetez. Un voisinage qui ne surprend pas quand on écoute l’univers musical de Baby Volcano. On y retrouve un même mélange d’expressionnisme et d’art tribal, voire tripal.
Dès les premières notes de son premier album, "Sìndrome Premenstrual", Baby Volcano plonge l’auditeur dans un univers sombre, mais aussi dansant et envoûtant. Elle y convoque les esprits de la terre pour un album explorant les territoires du corps. "L’album est nourri pas de petits traumas que différentes parties de mon corps ont vécus. J’avais envie d’entamer le texte à partir de ces organes. Je ne voulais pas que le contenu soit trop cérébral mais qu’il soit lié au corps. C’était aussi une manière de légitimer mon passage de la danse, de l’expression du corps, à la musique", explique-t-elle à la RTS.
Chaque morceau de "Sìndrome Premenstrual" évoque ainsi une partie du corps, de l’utérus au cœur. Sur le plan musical, l’artiste mêle les styles, entre hip-hop, trap, electro, chanson et musiques latines. Elle alterne français et espagnol dans sa plongée au plus profond de son être.
La musique après la danse et les arts de la scène
Lorena Stadelmann est née en Suisse, d’un père jurassien et d’une mère guatémaltèque. Cette double origine marque profondément son œuvre artistique. La créatrice a vécu en partie en Amérique latine, à Buenos Aires précisément, où elle a étudié la danse et les arts de la scène de 2015 à 2018. A son retour en Suisse, elle fonde sa propre compagnie de performance et crée des spectacles dans le Jura notamment.
Lorena Stadelmann précise: "Dans mes performances, j’utilise déjà beaucoup la voix. Aujourd’hui avec Baby Volcano, je change le contexte des expérimentations que je faisais déjà sur scène. Ce nouvel outil me permet de mêler toutes les disciplines et de toucher un nouveau public, plus jeune que celui de la plupart des théâtres. Je me suis toujours demandé comment toucher ma génération, et je crois que la musique permet ça".
Pour ce projet, Lorena Stadelmann s’est associée à deux musiciens et producteurs jurassiens, Josué Salomon et Louis Riondel. Ils ont développé pour elle un univers sonore dense et bourdonnant qui fait écho à l’imaginaire intense de ses textes et de ses visuels. Lorena Stadelmann s’est créé un personnage masqué avec un style vestimentaire et un look très étudié, qui télescope la ville, la nature et le sacré. "Baby Volcano est un projet d’équipe. J’ai mes magiciens sonores, mais il y aussi les gens qui m’aident à réaliser les clips, les potes danseurs, la costumière. Je suis au front mais il y a du monde derrière moi".
Univers visuel organique
S’il fallait décrire l’univers visuel de l’artiste, le terme organique est celui qui s’appliquerait le mieux. Lorena Stadelmann est passionnée tout particulièrement par les volcans sous-marins. C’est cette fusion entre les éléments opposés, en l’occurrence l’eau et la lave, que l’artiste veut faire vivre dans son projet musical.
Des dates de concert sont prévues dans les semaines à venir. La scène occupe d’ailleurs une place prépondérante pour l’artiste suisse, à l’image de Nathy Peluso. La rappeuse et chanteuse argentine au tempérament de feu compte parmi les influences du projet Baby Volcano, tant par sa façon d’engager tout son corps dans la performance musicale que par l’affirmation frontale de sa féminité: "Cet aspect féminin voire sexuel ne m’intéresse pas de prime abord, mais je suis très contente que d’autres le fassent".
Michel Masserey/olhor
Baby Volcano, "Sìndrome Premenstrual" (Labelrapace).
Baby Volcano en concert au Südpol, Lucerne, le 16 octobre; au Lausanne Underground Film and Music Festival (LUFF), Lausanne, le 20 octobre; au Bikini Test, La Chaux-de-Fonds, le 6 novembre et au SAS, Delémont, le 4 décembre.