Le chanteur romand Visage Pâle met en musique ses émois existentiels

Une voix à la limite de la fêlure, des textes introspectifs posés sur une pop synthétique délicatement glacée: l’univers singulier de Visage Pâle s’est révélé début 2019 dans un premier album, "Holistic Love". Le chanteur et producteur vaudois s’y profile comme un héritier improbable de Mylène Farmer, Christophe ou Patrick Juvet. A la limite du kitsch, ses compositions ourlées aux envolées dream pop propulsent l’auditeur dans un univers entre rêve et cauchemar.

Ce qui me plaît, c’est d’être le seul maître à bord.

Par la suite, Lars Isler a poursuivi son exploration dans "Coma artificiel", album sorti au début de l’été 2020 sur La Souterraine. Pépinière des nouveaux talents de la pop depuis 2013, ce label a participé à faire connaître des artistes tels que Malik Djoudi, Chaton ou Aquaserge. Aujourd’hui, c’est en indépendant qu’il nous propose quatre chansons qui entrent en résonance avec les dysfonctionnements de notre civilisation.

Lars Isler, qui avait fait ses armes dans les années 2000 avec son groupe Tim Patience Watch, explore en solo ses peurs et ses émois existentiels. "Ce qui me plaît dans cette aventure, c’est d’être le seul maître à bord. Et c’est assez jouissif de se dire que l’on avance au gré des envies et des désirs. Peut-être que dans trois ans, je ferai un album de metal. J’exagère un peu, mais cela représente bien mon état de pensée actuel. Cet album est plus organique que les précédents avec la présence de quelques instruments live."

"Exode" a été réalisé complètement sur ordinateur au gré des pérégrinations de l’auteur, tant chez lui que dans le train ou dans un jardin. Cela dit, les esquisses des morceaux ont été le plus souvent définies au piano ou à la guitare avant d’être couchées sur du synthétique.

Les effets sonores poussent à l’évasion, à l’ouverture aussi

Le confinement qui a prévalu durant la réalisation de l’album l’a poussé à ralentir le rythme. C’était l’occasion de se poser des questions sur ses modes de fonctionnement et de leur adéquation avec ses valeurs profondes. Lars Isler évoque ainsi notre addiction consumériste, que ce soit dans notre dépendance aux smartphones ou dans notre furie de voyages au long cours. Lars Isler précise: "Je parle notamment de l’exode urbain qui est devenu un trend depuis le début de la pandémie. Ces derniers mois, j’ai pris plus de temps pour me rapprocher de la nature, du végétal, du minéral, de l’animal." Et cela s’entend aussi dans les tessitures plus amples, plus atmosphériques. Les effets sonores poussent à l’évasion, à l’ouverture aussi.

Visage Pâle va prochainement se décliner sur scène. Lars Isler est en train de travailler sur un concept en collaboration avec Robin Girod, boss du label Cheptel Records et membre du groupe Bandit Voyage. Pas de dates sont fixées pour l’heure, mais il prévoit de donner des concerts début 2022. Pour l’heure, l’accent est mis sur l’album et les vidéos. Il vient de sortir un clip de son single "Mainstream", qui balade le spectateur sur les autoroutes de la société de consommation.

Michel Masserey/ms

Visage Pâle, "Exode".