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Duo rock et anticonformiste, Ester Poly veut réveiller la société suisse

Ester Poly à Genève en janvier 2021. [©Isabelle Meister]
Ester Poly, lʹantidote rock au conformisme ambiant / Vertigo / 11 min. / le 19 octobre 2021
Groupe féminin atypique, Ester Poly vernit ce samedi son deuxième album, "Wet", au Moods, à Zurich. Dimanche, il se produit à Muraz, en Valais, dans le cadre du Palp Festival. Punk et féminisme irriguent son rock farouchement anticonformiste.

Elles n’ont beau être que deux à ferrailler, Martina Berther et Béatrice Graf comptent parmi les musiciennes les plus énergiques et abrasives de la scène suisse. En l’espace de deux albums à l’esprit résolument do it yourself, le duo a imposé un style tant sur le plan des textes que sur celui de la musique.

Les genres importent peu, ce qui compte c’est le message

Ester Poly s’inscrit dans la lignée des groupes féministes tels que Kleenex ou Slits, des formations marquantes de la scène punk-rock du début des années 1980. Comme ces deux formations, Ester Poly fait exploser les styles, mêle rock, jazz, psychédélisme seventies et cold wave. Les genres importent peu, ce qui compte pour ces deux musiciennes, c’est le message. Ester Poly veut réveiller les consciences.

Le dessin de la pochette de son nouvel album, "Wet", a été réalisé par l’artiste alémanique virtuose Luca Schenardi, qui a collaboré avec le groupe australien Tame Impala. On y découvre une image de pamplemousse tranché qui ressemble à s’y méprendre à une vulve. Un clin d’œil féministe assumé par le duo. Béatrice Graf précise: "Il faut affirmer ses convictions. Selon nous, toute la planète devrait être féministe. Car toutes les questions de différence ne devraient plus exister."

>>À découvrir: le jeu vidéo "She's Somewhere" d'Ester Poly

Méthode de travail basée sur l’improvisation

Ester Poly est un tandem transgénérationnel. Pour autant, entre Martina Berther, la Zurichoise d’origine grisonne, et la Genevoise Béatrice Graf, l’entente a été immédiate. Cette dernière revient sur ce qui a réuni les deux musiciennes: "C’est avant tout le goût pour l'improvisation. Comme on a vingt ans d’écart et qu’on vient d’horizons culturels et musicaux assez différents, c’est ce mélange de styles et d’influences qui nourrit notre créativité." La méthode de travail est basée sur l’improvisation, avant que les morceaux ne prennent forme progressivement. Les textes viennent par la suite.

Après un premier album très brut, le duo a affiné son vocabulaire musical. "Wet" intègre ainsi des sonorités plus cold wave, des influences afrobeat, voire post-rock. Cet héritage est en partie lié aux musiques qui ont marqué Béatrice Graf dans sa jeunesse et qui resurgissent depuis une dizaine d’années.

Des textes au contenu politique

Ester Poly a grandi avant tout sur scène. Le binôme se produit très régulièrement en Suisse mais aussi à l’étranger. Leurs tournées incorporent notamment notamment les pays de l’Est et la Turquie. "Notre message universel touche tout le monde. Je remarque que notre musique touche des publics très différents. On se retrouve aussi bien devant des amateurs de musiques actuelles jeunes, voire très jeunes, que devant des personnes de ma génération qui continueront toute leur vie à écouter du punk-rock. Le contenu politique des textes joue sans doute aussi un rôle."

Ester Poly tourne aussi volontiers dans des réseaux de salles alternatives, coopératives et squats. L’esprit underground prévaut encore et toujours pour ces deux musiciennes dont le nouvel album est sorti chez Hummus Records, label chaux-de-fonnier qui abrite aussi Louis Jucker ou Emilie Zoé. Un gage de farouche indépendance.

Michel Masserey

Ester Poly en concert au Moods, Zürich, samedi 23 octobre et le dimanche 24 octobre à 13h, à Muraz (VS), dans le cadre du Palp Festival.

Ester Poly, "Wet" (Hummus Records).

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