La chanteuse Evelinn Trouble trouve l’équilibre avec "Longing Fever"

Evelinn Trouble, comme son nom l’indique, a toujours cultivé le trouble, privilégié le décalage et l’expérimentation plutôt que les voies rectilignes du succès commercial.

En près de quinze ans de carrière, la Zurichoise a sorti cinq albums, dont ce dernier "Longing Fever". Une œuvre écrite en grande partie à Berlin, mais enregistrée en Suisse pendant et après le confinement. Evelinn Trouble y mêle les styles musicaux: la pop, les musiques urbaines, le jazz aussi. Des genres divers pour aborder un thème principal: les relations humaines et amoureuses.

La chanteuse précise: "L’écriture de certaines des chansons a débuté il y a quatre ans déjà. Tout le processus a pris beaucoup de temps, parce que j’ai renoué avec une méthode de travail que j’avais adoptée pour mon premier album quand j’avais à peine 17 ans: l'autoproduction. J’ai travaillé sans groupe. Cela a pris du temps parce que j’ai dû apprendre à nouveau les techniques pour être indépendante."

L'envie de retrouver ses racines

L'artiste a débuté l’enregistrement chez elle, pendant le premier confinement. Elle s’est attelée à travailler sur toutes les parties vocales. Impact positif de la pandémie, elle est restée deux mois dans son antre à chanter jusqu’à ce que le résultat lui plaise.

"Longing Fever" symbolise aussi le retour en Suisse de l’artiste zurichoise, après des années passées à l’étranger. Un changement bienvenu. Evelinn Trouble confirme: "Mes trois années à Londres puis me deux ans à Berlin m’ont isolée. La vie dans une grande ville est très différente, il y a des avantages: l’anonymat, la liberté, mais il y a aussi des côtés négatifs, comme le sentiment de solitude. A un certain moment, je me suis sentie vraiment fatiguée et je suis rentrée pour voir mes amis."

Si l’album est autoproduit, qu’Evelinn Trouble l’a piloté en grande partie en solo, elle s’est associée à des musiciens amis qui l’ont épaulée durant l’enregistrement. Le résultat musical frappe par sa diversité, l’artiste évoluant entre rock, musiques urbaines, influences jazz et électro. Mais ce qui qualifie le mieux ces nouvelles chansons, c’est leur caractère éminemment pop.

"Avec 'Longing Fever', je me recentre"

Depuis son dernier album, Evelinn Trouble a collaboré avec Stress et Gabriel Spahni, du groupe Pegasus, sur un projet musical très commercial intitulé Trust. Si l’aventure n’a pas été convaincante sur le plan artistique, elle lui a permis de découvrir de nouvelles méthodes d’écriture et de composition.

"C’était intéressant et en même temps parfois traumatisant. Dans la pop commerciale, les morceaux sont très courts, avec des mélodies ou des riffs accrocheurs. J'ai essayé ensuite d'adapter cela à mes propres chansons et j’ai été trop loin. J'ai commencé à couper les morceaux qui faisaient quatre minutes ou plus, en enlevant des passages qui étaient intéressants, voire essentiels. Avec ce nouvel album 'Longing Fever', je me recentre. J'ai appris la concision, tout en gardant mon esprit d’expérimentation."

L'atmosphère générale de l’album est plus apaisée que sur les enregistrements antérieurs d'Evelinn Trouble. L'artiste éprouvait le besoin de calmer les choses. "Mes albums précédents étaient très expérimentaux, voire sauvages. Quand je les réécoute aujourd’hui, je constate qu'ils peuvent être déroutants. Je voulais proposer quelque chose qui ne soit pas aussi déstabilisant, pour moi aussi."

Michel Masserey/pr

Evelinn Trouble, "Longing Fever" (Mouthwatering).

Evelinn Trouble sera en tournée en février et mars 2022.