Publié

Boombass, moitié du duo Cassius, livre ses souvenirs de la French touch

Philippe Zdar (à droite) lors d'un show avec le duo Cassius, ici au Parc des Princes en 2016, . [AFP - Franck Fife]
Entretien avec le musicien Hubert Blanc-Francard, qui publie "Boombass, une histoire de la French touch" / Le grand soir / 19 min. / le 8 novembre 2021
Dans "Boombass, une histoire de la French touch", le musicien Hubert Blanc-Francard qui a oeuvré au sein de Cassius retrace l’histoire de la musique électronique française des années 1990 à travers ses souvenirs, de Paris à Los Angeles et de MC Solaar à Pharrell Williams.

Hubert Blanc-Francard, alias Boombass, publie son histoire, qui est aussi celle de sa génération: celle qui a dansé sur Prince, De La Soul, Michael Jackson ou encore Daft Punk. Le musicien fait en effet partie de la première génération emblématique de la French touch, nouveau genre de musique électronique né en France dans les années 1990. DJ Mehdi, Etienne de Crécy, Pepe Bradock, Daft Punk ou encore Justice en font partie.

Je voulais écrire un livre de voyage, facile à lire dans l’avion ou dans le train!

Hubert Blanc-Francard

Contrairement aux apparences, l'autobiographie– qui se lit comme un roman – n’est pas destiné à un public de puristes. Pas de références compliquées, ni d’énumérations sans fin de noms inconnus. Hubert Blanc-Francard a mis du temps à coucher son histoire sur le papier. "Au départ, j'avais plus de 400 pages. La plus grosse part du travail était justement de les réduire et de les rendre lisibles avant de terminer le livre."

La pochette du livre "Boombass, une histoire de la French touch" d'Hubert Blanc-Francard. [Ed. Léo Scheer]
La pochette du livre "Boombass, une histoire de la French touch" d'Hubert Blanc-Francard. [Ed. Léo Scheer]

L’histoire de la French Touch, c’est aussi une histoire parfois difficile. En 2019, le décès soudain de Philippe Zdard, à la fois son ami et acolyte dans le duo Cassius, marque Hubert Blanc-Francard. "Par chance, j’ai commencé ce livre sérieusement en 2018. Cela a été un tel travail d’introspection et de voyage dans le temps qu’avec la disparition à la fois de mon meilleur ami et de notre groupe un an après l’avoir commencé, je n’ai pas eu à affronter à nouveau tous ces souvenirs. Avec le recul, cela nous ressemble bien. Cassius enchaîne toujours les catastrophes et les bonnes nouvelles", indique-t-il à la RTS.

Des débuts avec Serge Gainsbourg

Tout commence dans les studios du père de Hubert-Blanc Francard, les studios Marcadet à Paris. Le jeune Hubert se retrouve nez à nez avec Serge Gainsbourg. "Ce qui m’a motivé à aller au bout de ce livre, c’est que j’ai eu la chance d’être aux bons endroits aux bons moments. Serge Gainsbourg travaillait avec mon père, et j’ai eu la chance de le voir au travail. Avant, je pensais qu’il fallait être surhumain pour faire de la musique, mais en le voyant, j’ai réalisé que les musiciens étaient comme tout le monde. C’est leur passion qui leur permet de réaliser des choses que nous croyons impossibles."

Des collaborations de marque

En 1991 sort l’album "Qui sème le vent récolte le tempo" de MC Solaar. Le duo Cassius coréalise l’album avec le rappeur et le producteur Jimmy Jay. Hubert Blanc-Francard est alors fan de hip-hop. "Tous les quatre, nous réalisons à ce moment-là que nous vivons quelque chose d’incroyable. Nous sommes heureux d’arriver au studio et nous travaillons sur un nouveau son, qui nous plaît. Les morceaux de l’album ont d’ailleurs très bien vieilli."

Des images qui remontent à la surface. Mille extraits de vie qui viennent de s’écouler, et mon cœur qui palpite au tempo de 'Bring U Up' de Romanthony.

Extrait de "Boombass, une histoire de la French touch", d'Hubert Blanc-Francard

Autre personnalité que Cassius va croiser, le chanteur et producteur américain Romanthony. En 1995, alors que son ami Philippe Zdard lui fait écouter "Bring U Up", Hubert Blanc-Francard ne se doute pas qu’il jouera sur la même scène que lui à New York la même année. En 2001, Romanthony prête sa voix aux chansons "One More Time" et "Too Long" sur l’album "Discovery" des Daft Punk. Le succès est planétaire.

Les Etats-Unis, une nouvelle inspiration

"En arrivant à New York dans les années 1990, j’ai remarqué un métissage génial dans les raves", se souvient encore Hubert Blanc-Francard. "Noirs, Blancs, hétéros, gays, gros, chauves, tatoués ou non, ils dansaient tous ensemble. La musique était mixée d’une manière que je n’avais encore jamais entendue. Je me suis dit qu’il fallait que j'élargisse mes influences, et j’ai alors compris pourquoi Philippe insistait pour que nous nous intéressions à cette musique."

En 2016, Cassius sort son avant-dernier album intitulé "Ibifornia". Cat Power, Pharrell Williams, Ryan Tedder de One Republic ou encore Mike D des Beastie Boys y apportent leur patte. "Philippe savait fédérer par l’amitié, et mélangeait les genres. Les Américains avaient une manière de travailler très différente de la nôtre à l’époque. J’ai beaucoup appris de ces rencontres."

Propos recueillis par Mélanie Croubalian, Eric Grosjean et Stéphane Laurenceau

Adaptation web: Myriam Semaani

Hubert Blanc-Francard, "Boombass, une histoire de la French touch", éd. Léo Scheer.

Publié