Difficile de résister à la voix de crooner, basse et veloutée de Sam Himself. Son timbre caverneux et légèrement voilé charme instantanément, rappelant par instant celui de Bruce Springsteen, voire de Leonard Cohen.
Sam Himself, de son vrai nom Samuel Koechlin, partage son temps entre Bâle et New York, où il s’est établi voilà dix ans. C’est aux Etats-Unis qu’il a développé son projet musical en solo, dans un style qu’il qualifie volontiers de "Fondue Western". Une référence à ses origines suisses et à l’univers musical très sudiste qui habite ses compositions.
Lente maturation
Le Bâlois a pris son temps pour sortir ce premier album. Des premières chansons sont sorties en 2017, sans attirer l’attention du public et des médias. Ce n’est qu’au début 2020 que son nom a commencé à véritablement circuler, alors qu’il mettait en ligne un nouvel EP intitulé "Slow Drugs".
La SRF, pendant alémanique de la RTS, l’a alors classé parmi les meilleurs talents suisses. C’est en plein confinement que Sam Himself s’est ensuite attelé à l’écriture de son premier album, qu’il a composé à Bâle puis finalisé à New York. "La pandémie et mon confinement à Bâle ont fait que j’ai dû m’organiser d’une autre manière. Sur cet album, j’ai joué presque tous les instruments. Ce qui n’avait pas été le cas des derniers EPs, où j’avais eu recours à plusieurs musiciens. Et je crois que cela a enrichi mon album", explique à la RTS Sam Himself.
Si l’album a été principalement conçu à Bâle, l’artiste a rejoint son producteur new-yorkais pour enregistrer les parties vocales et pour peaufiner l’habillage sonore. La mégapole américaine reste centrale dans le projet de Sam Himself. Elle lui a permis de se découvrir en tant qu’artiste: "J’y ai appris comment préciser mon style musical. J’ai aussi appris à défendre mon travail, vous imaginez bien que New York est un vaste océan avec des milliers de poissons. D’où l’importance de croire en soi pour pouvoir se profiler, avoir ses chances. C’est une leçon importante que New York m’a apprise".
Atmosphère ténébreuse
Ce qui frappe dans l’album "Power Ballads", mis à part la voix profonde du chanteur, c’est l’atmosphère ténébreuse qui habite quasi chacune des chansons. Sam Himself avoue un penchant tout particulier pour les compositions lentes et élégiaques: "Je ne sais pas vraiment comment écrire une chanson heureuse. C’est peut-être un défaut, c’est peut-être une préférence stylistique ou esthétique. Une chose est certaine, j’écoute le plus souvent et je ne peux que composer des musiques tristes ou du moins peu entraînantes. Ceci dit, mes textes sont parfois optimistes. Ils sont habillés de noir et ça les colore d’une certaine manière".
L’album de Sam Himself sort sur son propre label. Un choix que font de plus en plus de jeunes artistes, soucieux de préserver leur indépendance. Dans le cas du Bâlois, il s’agissait d’une décision naturelle. "Je crois qu’aujourd’hui, il est tout à fait possible de gérer sa carrière soi-même, d’assumer les tâches des maisons de disques. Mon nom d’artiste Sam Himself est d’une certaine manière un manifeste d’indépendance, qui s’est concrétisé dans cette volonté d’affirmation d’une vraie liberté de création. Cela a des avantages et des désavantages. Je travaille plus, la production est à mes frais. Mais aujourd’hui, on peut travailler dans un studio mobile, il n’est plus indispensable d’investir dans un studio fixe comme auparavant".
Depuis la sortie de son album à la fin 2021, Sam Himself a entrepris une tournée outre-Sarine. Des dates sont encore prévues en janvier, mais aucun concert n’est organisé pour l’heure en Suisse romande.
Michel Masserey/olhor
Sam Himself, "Power Ballads".