De retour après cinq ans de silence, les Anglais de alt-J reviennent avec "The Dream", un quatrième album sorti le 11 février. Comme son titre le laisse supposer, le disque propose un rock planant et évocateur qui invite au rêve et à la divagation.
Entamé au début de la pandémie, le trio anglais a consacré près de deux ans à la confection de cet opus. Pour Zelda Chauvet, critique musicale à la RTS, "The Dream" exprime la mise en abîme de l’être humain. "Il nous confronte à ce que l’on a de plus complexe, de la joie à la souffrance. Parfois, on sent une tendance surréaliste évocatrice du rêve."
Authentiques et fidèles à eux-mêmes
Naviguant de la folk au blues, à l’électro et jusqu’à l’opéra sur "Philadelphia" où le groupe a convié la chanteuse Christie Valeriano, le groupe reste fidèle à ses explorations musicales originales. "Ils sont très authentiques, ils sont eux-mêmes, note Zelda Chauvet. L’œuvre est épurée et dépouillée d’artifices, très intime et pleine d’émotions".
Bien qu’elle rende l’album complexe et intéressant, cette multiplicité musicale a tendance à perdre quelque peu l'auditeur.trice. Olivier Horner, journaliste musical à la RTS, considère que c’est là le propre d’alt-J. "Leurs œuvres ont toujours été un peu tortueuses, sinueuses. Cela dit, ils continuent à hybrider les styles et les genres, explique-t-il. Leur répertoire est plein de chausse-trappes et même de didascalies. Il y a de vraies intentions de jeu, de couleur et d’émotion dans les morceaux."
A l’écoute de ce disque, "on aime, on a mal, on a peur, on angoisse, on se sent fragile et vulnérable", analyse encore Zelda Chauvet. Le morceau "Get Better", douce balade proposée par Joe Newman dont la voix s’accompagne uniquement d’une guitare sèche, l’illustre bien. La chanson est si chargée émotionnellement qu’elle donne envie de pleurer, avec le sourire.
Arthur du Sordet
alt-J, "The Dream" (Infectious Music).