Depuis les années 1990, des stars de la musique chantent durant la mi-temps de la finale de la saison de football américain (NFL). Plus qu'un interlude musical, ce concert agit comme une boussole culturelle indiquant ce qui traverse la "pop culture" américaine.
De Michael Jackson à Prince en passant par Madonna ou les Rolling Stones, toutes les grandes stars du mainstream américain sont passées par-là. Cette année, c'est le producteur de hip-hop incontournable Dr. Dre qui animait la pause de l'événement sportif le plus regardé de la télévision américaine.
Une légende du hip-hop
Depuis plus de 30 ans, Dr. Dre compose la bande-son de l'époque. C'est l'un des artistes majeurs du hip-hop qu'il a très largement contribué à populariser. Dès la fin des années 1980, il s'illustre avec un des premiers groupes de gangsta rap, N.W.A. (Niggaz Wit Attitudes), basé à Compton en Californie. Leur titre "Fuck tha Police", hymne des victimes de la brutalité policière, résonne encore très largement aujourd'hui.
Depuis, Dr. Dre tourne en solo et produit de nombreux artistes dont Eminem, Mary J. Blige, 50 Cent et Snoop Dogg. Au cours de sa carrière, le producteur californien signe classique sur classique au point de faire de lui une véritable légende vivante du hip-hop américain.
Pas étonnant donc qu'il ait été choisi pour être le maître de cérémonie de la première mi-temps du Super Bowl dédiée entièrement au rap. Dimanche 13 février, dans un décor de Far West blanc immaculé et sous les yeux de l'Amérique ébahie, Dr. Dre et consorts ont joué des titres déjà mythiques d'un rap du début du siècle.
Performance aux messages politiques
Après la prestation de Mary J. Blige qui reprenait un titre de 2001 sur la culture de la violence, c'est Kendrick Lamar, rappeur également originaire de Compton, qui est apparu sur la pelouse. Entouré de danseurs, tous vêtus de noir comme des accompagnateurs d'un cortège funèbre, il a joué "Alright", devenu un hymne des manifestations de Black Lives Matter. Un véritable symbole politique.
Dans la foulée, Eminem a surgi du décor pour scander "Lose Yourself", un morceau d'émancipation que le président Joe Biden utilisait pendant sa campagne. Puis, l'artiste a déposé un genou à terre.
Bien qu'il ne l'ai pas formellement revendiqué, ce geste fait référence à celui du footballeur Colin Kaepernick lors d'un match de la NFL dénonçant les violences policières et la discrimination raciale. Un geste politique qui lui avait valu d'être victime d'un mauvais traitement de la part de la ligue, l'empêchant d'être engagé dans une nouvelle équipe.
La NFL se rachète une réputation
Après que des stars comme Cardi B ou Rihanna aient refusé de se produire au Super Bowl en 2019 en soutien au sportif, cette mi-temps semblait une manière pour les très riches propriétaires du football américain de se racheter une réputation auprès d'une partie de l'Amérique.
Sauf que, à bien y regarder, le show était curieusement lissé. Les textes de Snoop Dogg, Kendrick Lamar, Eminem, ont été expurgés à la fois des gros mots mais également de certaines idées jugées litigieuses.
Sans que l'on en connaisse les raisons, Kendrick Lamar a par exemple supprimé de son texte une référence négative à la police. De son côté Dr. Dre, ne s'est pas gêné de proclamer "still not loving police" tiré de son morceau "Still DRE" et faisant référence au fameux titre de N.W.A..
Sujet radio: Arnaud Robert
Adaptation web: Arthur du Sordet