Avec son album "Résilience", Yves Moulin redore l'image de l'accordéon

L’amour d’Yves Moulin pour l’accordéon naît alors qu’il est enfant. Il découvre l’instrument lors du carnaval de son village valaisan natal, Orsières. "Deux fanfares organisaient deux carnavals, qui se déroulaient simultanément à 200 mètres l’un de l’autre. Pour se faire la concurrence, les organisateurs ont demandé aux plus grands accordéonistes de France de venir jouer. C’est là que j’ai eu le déclic!", raconte Yves Moulin à la RTS.

"Résilience", un titre autobiographique

Le succès ne tarde pas à pointer le bout de son nez: l’accordéoniste est titulaire de nombreux prix nationaux et internationaux, et l’un des seuls accordéonistes suisses à vivre de ses concerts et de tournées à travers le monde. Son premier album solo, "Résilience", est sorti en décembre 2021.

Un titre qui en dit long sur son parcours, qui prend un tournant décisif en 2012. "J’étais à un moment de ma carrière où le succès ne semblait pas loin. Et puis j’ai été victime d’un accident de la circulation, et tout s’est arrêté, se souvient Yves Moulin. Mon état de santé était préoccupant, mes jambes étaient aussi touchées. J’ai décidé d’y aller une étape après l’autre." Il met alors l’accordéon de côté pour réapprendre à marcher. Il fonde également une école d’accordéon.

Petit à petit, en donnant des cours, il reprend la pratique de son instrument. Cette rééducation musicale durera deux ans. En 2017, il fait le choix d’abandonner l’enseignement pour donner des concerts à plein temps. Il prend son instrument avec lui, et parcourt le monde.

Briser les clichés de l’accordéon

Pour Yves Moulin, l’enregistrement de l’album "Résilience", seul avec son accordéon, n’était pas facile. "On se met à nu et on entend le moindre détail, y compris toutes nos erreurs!". Surnommé le piano à bretelles, l’accordéon souffre parfois de son image démodée, couplée avec celle du yodel dans nos montagnes. "C’est un combat quotidien. Pour casser ces clichés, j’ai d’ailleurs créé un spectacle avec l’accordéoniste Célina Ramsauer et le violoniste Anthony Fournier nommé 'On n’est pas si ringards!'."

L’album n’est pas en reste, avec un répertoire surprenant allant du compositeur italien Gioachino Rossini à la musique balkanique. Le disque se termine avec une composition, "À Florent", dédiée au filleul d’Yves Moulin. "Je souhaite redonner ses lettres de noblesse à l'accordéon. Peut-être que le répertoire classique est la voie à suivre." Son rêve? Un concert au Verbier Festival avec un orchestre.

Un disque en lien avec l’actualité

Autre chanson sur l’album en lien avec l’actualité malgré elle, "Ukrainian Theme and Variations", de Semion Klimovski. Ayant joué en Ukraine et en Russie, l’accordéoniste croit en la musique en tant que lien entre les peuples. "Un soir alors que je jouais à Sion, une dame est venue me voir à la fin du concert. Elle était surprise que j’aie joué à la fois des musiques ukrainiennes et des musiques russes. Mais justement, la musique est là pour rassembler les peuples."

Propos recueillis par Yves Zahno

Adaptation web: Myriam Semaani

_{Yves Moulin, "Résilience" (Art!s Mus!c Prod).}