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L'opéra "Sleepless" de Péter Eötvös en création suisse à Genève

Victoria Randem dans le rôle d'Alida, dans "Sleepless" de Péter Eötvös. [Grand Théâtre de Genève - Magali Dougados]
"Sleepless" de Péter Eötvös / L'Echo des Pavanes / 18 min. / le 26 mars 2022
Le compositeur hongrois contemporain Péter Eötvös est à l'honneur à Genève où trois de ses oeuvres seront jouées en quelques jours. Les 29 et 31 mars ainsi que le 2 avril, il dirigera lui-même son opéra "Sleepless" au Grand Théâtre.

Deux amants sont à la recherche d’un gîte dans un port norvégien. Alida et Asle sont trop jeunes pour se marier, elle est enceinte. Leur épopée tragique et cruelle, tirée du roman "Trilogie" de Jon Fosse, est au cœur de l’opéra "Sleepless" de Péter Eötvös, qui se donne du 29 mars au 5 avril 2022 au Grand Théâtre de Genève. Un "opéra ballade", comme le nomme le compositeur et chef d’orchestre, qui dirigera lui-même cette oeuvre créée à Berlin en novembre 2021, en co-commande avec le Grand Théâtre de Genève.

Le 6 avril 2022, le Hongrois sera également à l’affiche du Festival Archipel avec sa pièce "Fermata" (2021) pour orchestre interprétée par l’Ensemble Contrechamps et "Cziffra Psodia" (2020) pour piano et orchestre donnée en première suisse par l’Orchestre de la Suisse romande (OSR) et l'Orchestre de la HEM.

Musique et théâtralité

Péter Eötvös, 78 ans, a étudié auprès des plus grands compositeurs contemporains: Karlheinz Stockhausen, Pierre Boulez, Bernd Alois Zimmermann. Depuis quelques années, il développe une musique liée à la théâtralité, qui le passionne littéralement. Il travaille avec sa femme, Mari Mezei, qui écrit les livrets de ses opéras. Ses oeuvres lyriques traitent toujours de sujets forts: injustice, cruauté, des fonctionnements sociaux de l'individu par rapport à la société. Il questionne la morale et surtout il construit la musique non seulement à partir du texte mais aussi de la scène.

Péter Eötvös. [harrisonparrott.com - Marco Borggreve]
Péter Eötvös. [harrisonparrott.com - Marco Borggreve]

Quant à sa manière de travailler, elle est plutôt originale. "Je suis compositeur et chef d'orchestre mais je n'ai pas de mémoire musicale, ce qui est très rare je pense.(...) En tant que compositeur, je préfère penser sur le moment à ce que je dois faire. Ce qui fonctionne bien depuis des années, c'est de préparer ma partition avec des couleurs, car j'ai une mémoire visuelle et photographique (...). Je marque aussi les tempi et les articulations (...). C'est très important car cela donne les caractères des personnages sur scène", explique-t-il à la RTS dans son excellent français.

Le rôle de la littérature

Pour composer "Sleepless ", son treizième opéra, Péter Eötvös s'est plongé dans la culture norvégienne et les conditions de vie arides du pays scandinave. La temporalité de l'oeuvre n'est pas définie: cette histoire d'amour tragique pourrait se dérouler à n'importe quel siècle.

"Je suis plus doué pour la musique que pour les lettres. Je ne pourrais jamais écrire un texte pour un opéra. Mais je sens très bien la scène et les caractères et j'aime beaucoup la littérature. C'est la raison pour laquelle je fais autant d'opéras. Dans chaque opéra, j'utilise une langue et une histoire différentes. J'adore travailler avec les écrivains de mon temps car j'aimerais beaucoup que mes opéras soient joués dans le futur et constituent une empreinte de notre temps", confie Péter Eötvös.

Propos recueillis par Anne Gillot

Adaptation web: Melissa Härtel

"Sleepless" de Péter Eötvös, Grand Théâtre de Genève, du 29 mars au 5 avril 2022.

"Fermata", Festival Archipel, Genève, le 6 avril 2022.

A noter encore que l'émission "Musique d'avenir" (RTS-Espace 2) diffusera le 4 avril prochain l'oeuvre de Péter Eötvös "Le Dragon d'Or" enregistrée en janvier 2022 à la Comédie de Genève.

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