Le cor de postillon fut l’instrument des grandes heures de la poste du 17e au 18e siècle, des relations épistolaires et des voyages en malle-poste. Sa sonnerie a retenti sur toutes les routes d’Europe et inspiré des compositeurs comme Jean-Sébastien Bach, Antonio Vivaldi, Georg Philipp Telemann, Francesco Maria Veracini ou encore Johann Samuel Endler.
Loin de sa signification contemporaine, le terme "postillon" fait référence à l’ancêtre du postier, c’est-à-dire au conducteur d’attelages transportant le courrier. Il utilisait un cor de poste ou cor de postillon pour signaler son arrivée.
Musique et recherches historiques
L’Ensemble Artifices a exploré la présence du cor de postillon dans la musique des 17e et 18e siècles. Ces recherches historiques, littéraires et musicales sont compilées dans le coffret-CD "Sonne, sonne, cor de postillon!", qui retrace les liens entre la poste et les arts aux siècles des missives et des voyages à cheval. Le disque de l’ensemble baroque est édité chez Seulétoile, une marque française indépendante. Le coffret est accompagné de reproductions de cartes postales et de gravures anciennes.
Alice Julien-Laferrière, violoniste et directrice artistique de l’ensemble, travaille depuis 2012 sur le thème du postillon. Ses recherches musicologiques tentent de comprendre comment les cornistes de poste jouaient de leur instrument à l’époque. "J’ai soutenu un mémoire au conservatoire de Lyon en 2012 à propos de l’évocation du cor de postillon dans les œuvres pour violon. Vivaldi a composé un concerto pour violon qui reprend cette sonnerie, 'Veracini'. C’est une très belle sonate dans laquelle il y a une gigue endiablée sur la sonnerie du 'Cornetto da Posta'", précise-t-elle à la RTS.
Jeune, Jean-Sébastien Bach a également imité le cor dans une fugue nommée "Capriccio", à propos du départ de son frère aîné en Suède. Alice Julien-Laferrière a d’ailleurs arrangé cette pièce pour son ensemble. "Nous faisons beaucoup d’arrangements, c’est notre particularité."
L’ancêtre du car postal
Alice Julien-Lafferière explique encore que la sonnerie du cor de postillon se faisait avec des sauts d’octave en si bémol: "Cette sonnerie avait le même intérêt qu'un klaxon aujourd'hui. En variant le rythme, le postillon pouvait annoncer plusieurs choses, comme la poste à cheval et la poste courante."
Il semblerait que tous les postillons européens employaient le même instrument au début du 18e siècle. "On retrouvait cette sonnerie absolument partout, à l’exception de la France, car le système postal était différent".
Sujet radio et propos recueillis par David Meichtry
Adaptation web: Myriam Semaani
Ensemble Artifices, "Sonne, sonne, cor de postillon!", éditions Seulétoile.