Lors de la 64e cérémonie des Grammy Awards qui honore chaque année aux Etats-Unis les meilleurs enregistrements de l’industrie de la musique, le DJ et producteur sud-africain Black Coffee a remporté le prix du meilleur album dance/electronic de l'année. L'oeuvre en question intitulée "Subconsciously" a été mixée principalement par le Lausannois Philippe Weiss, a indiqué Swiss Music Export, qui fait la promotion des musiques actuelles suisses à l'étranger.
Ce mixeur et ingénieur du son de 49 ans a travaillé avec les plus grands noms du secteur musical suisse et international. La liste de ses collaborations est longue et inclut des artistes aussi différents que Madonna, Charles Aznavour, Alicia Keys, Bastian Baker, Kendrick Lamar ou Stress.
Le succès d'une chanson ne dépend pas du mixage. Maintenant, un mixage non adapté au style peut vraiment nuire à la chanson.
Au départ, Philippe Weiss a beaucoup travaillé dans le milieu hip-hop français. On dit même de lui qu'il serait responsable du son hip-hop français des années 1990. "Je n'irais peut-être pas jusque-là, mais j'en ai vraiment fait beaucoup, confie-t-il à la RTS. C'est vrai que dès que j'ai eu la chance de pouvoir m'exprimer d'une autre manière qu'avec du hip-hop et de pouvoir montrer ce que je pouvais amener à un disque autrement que par le hip-hop, j'ai tout de suite pris la tangente. Ça a commencé par Erik Truffaz, Charles Aznavour un peu à la même période".
Un équilibriste de la musique
Philippe Weiss travaille dans le domaine du son depuis bientôt trente ans. Tel un alchimiste, il veille à l'harmonie de la musique. Tel un équilibriste, il stabilise les ondes sonores. Le Lausannois s'est formé à Londres et à New York, il a fait ses armes au "mythique" studio Davout, à Paris, avant de se mettre à son compte et de créer ses propres studios d'enregistrement. Aujourd'hui, il travaille dans sa maison de la banlieue parisienne, où il a installé un studio. Parallèlement à ses activités de mixeur et ingénieur du son, Philippe Weiss enseigne à la Haute Ecole de Musique de Lausanne.
Le travail sur la musique a changé depuis les débuts de Philippe Weiss. Il y a quelques années, il s'enfermait en studio pendant trois mois pour travailler sur un album. Désormais, il peut mettre plus d'un an pour mixer un disque tant les titres lui arrivent au compte-gouttes, la faute aux plateformes musicales comme Spotify ou Deezer. "Aujourd'hui, il y a plus une tendance à sortir des titres qu'à sortir des disques. Donc ça change beaucoup parce qu'il est très dur trois mois après [avoir travaillé sur un titre] de bien trouver la cohésion avec le premier titre qu'on a mixé. Donc, en tout cas pour moi, ça me demande plus d'efforts parce qu'il faut se plonger dans l'univers de l'artiste à chaque fois et se remettre dedans pour un titre", explique l'ingénieur du son.
Si Philippe Weiss collabore régulièrement avec les plus grands noms de l’industrie du disque, il consacre une partie de son temps à soutenir de jeunes artistes dont il mixe les morceaux.
Sixième artiste suisse à remporter un Grammy
Le technicien vaudois compte parmi les six artistes suisses à avoir remporté un Grammy Award. On peut citer parmi les lauréats le célèbre harpiste Andreas Vollenweider, le producteur Al Walser et plus récemment le beatmaker zurichois Ozan Yildirim, plus connu sous le nom d'Oz.
La Suisse n'a peut-être pas une industrie musicale aussi puissante que d'autres pays en Europe, et donc je crois que c'est un peu plus difficile en venant de Suisse.
Ce prix représente un aboutissement pour Philippe Weiss: "Je dirais qu'un Grammy, c'est quand même la reconnaissance suprême de l'industrie de la musique. Bon, on a des prix en France, en Angleterre, mais c'est vrai que celui qui est vraiment énormément regardé, c'est le Grammy. Cela représente la reconnaissance maximum." Depuis son Grammy Awards, Philippe Weiss se voit en tout cas davantage sollicité. Du travail, il en avait déjà beaucoup, mais c'est plus son métier qui interpelle et intéresse.
Propos recueillis par Antoine Droux
Adaptation web: ld avec ats