L'association genevoise Lied et Mélodie fête ses dix ans en grande pompe

Une chanteuse ou un chanteur, et le ou la pianiste qui l’accompagne. Telle est la formule originale du Lied, une pièce musicale chantée à partir d’un poème qui se récite en allemand. Le Lied se joue dans de petites salles, comme les salons. Il y a évidemment des exceptions. Son équivalent français est la Mélodie. À noter que le compositeur du Lied ou de la Mélodie n’est pas forcément contemporain du poète qui l’inspire.

L’association Lied et Mélodie défend ces deux genres musicaux depuis dix ans, en organisant divers récitals dans la salle des Abeilles du Palais de l’Athénée à Genève. C’est dans cette même salle qu'elle va célébrer son dixième anniversaire, à travers huit créations mondiales d'œuvres commandées pour l’occasion. Le reflet de la vivacité d’un domaine et de l’engagement de celles et ceux qui l’animent.

Près de douze heures de musique

L’association se veut inclusive dans le choix de ses interprètes et des œuvres jouées. "Notre ligne artistique est de ne programmer que du Lied et de la Mélodie, c’est-à-dire de la musique de chambre pour voix et piano, dans les langues qui existent dans ce genre, explique à la RTS Benoît Capt, baryton et directeur artistique de Lied et Mélodie. Nous essayons d’alterner les catégories d’artistes, tantôt des duos internationaux expérimentés, tantôt des jeunes en fin d’études ou récemment diplômés. Quant aux œuvres programmées, nous alternons entre grands chefs d’œuvres, pièces connues du répertoire et pièces méconnues."

>> À écouter, Hélène Walter et Marina Saiki, "Lieder der Mignon" de Schubert, interprété dans l’émission l’"Echo des Pavanes" :

RTS - ©Stéphanie Gautschi

La programmation du festival n’échappe pas à cette règle. "Nous avons souhaité mettre ces idées en avant de manière encore plus explicite, avec une programmation qui couvre trois siècles, de la fin du XVIIIe à nos jours, soit plus de 200 pièces dans une douzaine langues différentes. Au total, nous allons jouer près de douze heures de musique."

Un genre intime

Benoît Capt se souvient de la naissance de son projet de mise en avant des récitals de Lied. "Il n’y a qu’une grande maison à Genève qui programme régulièrement ces récitals, le Grand Théâtre. De grandes stars sont invitées, car le théâtre fait plus de 1000 places. Le Lied s’y prête, même si l’idée de base, une formation intime, se perd. Depuis plusieurs années maintenant, nous avons choisi comme lieu la Salle des Abeilles dans le Palais de l’Athénée à Genève. Elle conserve cette intimité, en pouvant accueillir une centaine de personnes."

Hélène Walter, soprano faisant partie des duos programmés lors du festival, acquiesce: "Dans ‘récital’, il y a aussi le mot ‘récitation’, c’est-à-dire la proximité avec le public. Il y a une dimension intime dans ce répertoire fondamental", précise-t-elle à la RTS. Idem pour la mezzo Aninna Haug: "Dans le Lied, il y a un côté très dépouillé, nous sommes tous seuls sur scène."

Quant à la pianiste Marina Saiki, elle accompagnera les chanteurs et chanteuses lors du festival: "À la base, je suis pianiste solo. Je n’avais pas beaucoup d’expérience avec les chanteurs et chanteuses, mais travailler ensemble est très important, car la voix est vraiment l’essentiel de la musique. Lorsque nous travaillons des Lieder et des Mélodies, nous analysons également les poèmes. Tout le monde peut comprendre le sens des mots. En tant que musiciens et musiciennes, nous essayons de mettre de la couleur, ou des sonorités qui correspondent bien à ces mots."

Sujet radio et propos recueillis par Benoît Perrier

Adaptation web: Myriam Semaani

_{"Les 10 ans de Lied & Mélodie", à voir du 19 au 22 mai 2022 à la salle des Abeilles du Palais de l'Athénée à Genève.}