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Les polyphonies pop de la chanteuse neuchâteloise Giulia Dabalà

La chanteuse romande Giulia Dabalà. [Irascible Music]
Les polyphonies pop de la chanteuse neuchâteloise Giulia Dabalà / Vertigo / 9 min. / le 3 juin 2022
Après d’encourageantes récompenses glanées au Festival M4Music notamment, la chanteuse neuchâteloise Giulia Dabalà publie son premier album, "Gold". L’artiste italo-suisse qui a longtemps vécu en Birmanie y dévoile une pop de caractère, ouverte sur le monde et ses différentes sonorités.

De la neo soul aux musiques électroniques en passant par le hip-hop et les musiques du monde, la pop de Giulia Dabalà voyage à travers les styles et les esthétiques pour esquisser les multiples facettes de sa personnalité. Son premier album, "Gold", reflète ainsi constamment la quête de racine d’une jeune femme prise dans le tourbillon d’un monde plein d’incertitudes.

Quatre ans après un premier EP, Giulia Dabalà a continué d'écrire tranquillement des morceaux avec la volonté de sortir du cadre a capella et du beatbox qui caractérisait ses premiers pas: "Je voulais découvrir d'autres instruments et sonorités car j'aime les mélanges de styles. J'ai voulu puiser dans les tambours et les mêler avec des synthétiseurs électroniques, élargir ma palette. Je n'avais aucun plan, commençais à zéro pour chaque morceau avec juste une idée technique de départ ou ce que je voulais atteindre comme résultat: soul, hip-hop, un titre avec du sampling. Je me suis donc lancée les yeux fermés, en faisant mes maquettes seules avant de m'entourer de personnes qui maîtrisent les techniques du beatmaking, de la musique produite sur ordinateur", détaille à la RTS la chanteuse neuchâteloise.

Questions de racines et de vulnérabilité

Entre rythmiques incisives, mélodies éclatantes et chœurs récurrents, l'artiste de 24 ans qui a collaboré avec le beatboxer Arthur Henry ou la chanteuse kényane Muthoni Drummer Queen aussi auparavant évoque également sur ces huit titres la résilience, la féminité, le doute.

A travers des morceaux polyphoniques où sa voix ardente réussit quelques merveilles, l’album composite qu’a conçu Giulia Dabalà s’est nourri de diverses sources d’inspiration toutefois assez claires pour elle: "Il y a trois thèmes dans cet album. Les racines d'abord, car j'ai grandi en Birmanie sans me sentir Birmane avant d'arriver en Suisse sans me sentir Suissesse pour autant. C'est un questionnement identitaire récurrent car je ne me suis jamais sentie à ma place, j'ai toujours pensé être un ovni. Il y a aussi le thème de la vulnérabilité, lié le plus souvent au fait d'être une femme, d'être sensible, qui a été une source d'angoisse pour une jeune femme qui grandit dans ce monde très masculin. Au final, je crois avoir pu transformer ces angoisses que j'assume désormais en forces enrichissantes".

Un thème plus grave

Sur "War Drums", un titre renversant qui lui a valu voilà deux ans de remporter la Demotape Clinic du M4Music, festival zurichois consacré à la scène suisse, la chanteuse sort de sa bulle pour évoquer un thème plus grave qui résonne avec l'actualité de la guerre en Ukraine. "A l'origine, l'idée était de mélanger les chants polyphoniques bulgares qui me transpercent littéralement avec le bombo legüero, un tambour argentin, pour faire un morceau plutôt dansant et joyeux. Et finalement, il revêt une dimension plus sombre tout en gardant des notes d'espoir en parlant d'une femme qui voit son enfant partir à la guerre et se demande si elle va le voir revenir. J'évoque la résilience des femmes, l'absurdité de la guerre et le prix qu'a récolté la chanson m'a en tout cas vraiment encouragé à poursuivre mon travail musical".

Olivier Horner

Giulia Dabalà, "Gold" (Irascible).

Giulia Dabalà en concert au Festimixx, Renens (VD), le 11 juin 2022 à 20h. Entrée libre.

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