Face à la crise, le Conservatoire de Lausanne renforce sa direction

Le directeur John Cohen ayant décidé de partir, son poste est désormais mis au concours. La personne qui lui succédera, et c'est une nouveauté, sera entourée par trois coordinateurs adjoints à temps partiel. Cette nouvelle direction "endossera la responsabilité financière, RH et légale de l'institution", indique le Conservatoire de Lausanne dans un communiqué.

Elle devra, avant toute chose, restaurer "un climat de travail serein, participatif et constructif" afin de mettre fin à une crise qui s'enlise. Celle-ci a éclaté lorsque la direction a annoncé, début 2021, baisser certains salaires et augmenter les écolages pour assurer sa survie financière.

Cela a notamment entraîné la démission en bloc des six doyens en janvier dernier. Soutenus par l'association des professeurs, ils dénonçaient une gouvernance "inconséquente, autoritaire et dangereuse".

Modèle financier à revoir

Le Conservatoire a répété mercredi que la grille salariale des enseignants devait être repensée "conformément aux pratiques cantonales afin de répondre aux exigences de la LEM", la Loi sur les écoles de musique. Par ailleurs, le taux de maintien, qui permettait à certains enseignants de ne donner que 23,5h ou 24h de cours au lieu des 25h prévues par la loi pour un poste à temps complet, ne sera pas réintroduit.

Le Conservatoire dit faire face à "un déficit structurel croissant chaque année", de l'ordre de 300'000 francs l'an dernier. Pour y remédier, une refonte du modèle financier sera initiée dès cet été. Il s'agira notamment de mener "une réflexion sur des activités permettant de générer de nouvelles subventions, comme les cours qualifiés de missions spéciales et la musique d'ensemble", poursuit le communiqué.

En matière d'écolages, le Conservatoire souligne qu'après "la hausse modérée" des dernières années, il n'est pas prévu de les augmenter à nouveau.

Renforcer les cours collectifs

Parmi les autres mesures annoncées mercredi, le Conservatoire indique que des représentants des enseignants seront élus et officieront comme délégués auprès de la direction. Ces personnes, ainsi que les trois nouveaux adjoints à la direction, reprendront les tâches effectuées jusqu'ici par les doyens, un titre qui ne sera plus utilisé à l'avenir.

Sur le plan de l'enseignement, des discussions ont déjà eu lieu et se poursuivront pour trouver des "alternatives pédagogiques". Le Conservatoire dit vouloir renforcer la place de la pratique instrumentale collective en complément des cours individuels, sans toutefois remettre en cause ces derniers "qui demeurent le coeur de la formation instrumentale".

Conseil de fondation épinglé

Pour adopter sa nouvelle stratégie, le Conservatoire s'est basé sur l'audit qu'il a commandé en début d'année après la démission des doyens. Cet audit a notamment révélé que "la non-viabilité du modèle financier du Conservatoire" avait été prise en main "trop tardivement et partiellement".

Le Conseil de fondation admet avoir tardé à réagir face aux conséquences de l'entrée en vigueur de la LEM. Il reconnaît aussi "que la communication liée à des décisions prises dans l'urgence a été inadaptée", poursuit le communiqué. Il appelle désormais le corps enseignant "à reprendre un dialogue constructif" pour dessiner les contours d'un "nouveau" conservatoire.

ats/aq