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Les éclats soul de Michael Kiwanuka illuminent le Montreux Jazz Lab

Le chanteur anglais Michael Kiwanuka au Montreux Jazz Festival, le 6 juillet 2022. [FFJM 2022 - Marc Ducrest]
Le chanteur angalis Michael Kiwanuka au Montreux Jazz Festival, le 6 juillet 2022. - [FFJM 2022 - Marc Ducrest]
Pour sa troisième venue au Montreux Jazz Festival, le chanteur anglais d'origine ougandaise a confirmé mercredi soir sur la scène du Lab son pouvoir de donner corps à une soul éclatante aux brillances pop et rock. Et éclipsait la prestation attendue des Américains Black Pumas au registre similaire.

La classe soul. Rien que pour sa version rallongée et démente encore de "Black Man in a White World", Michael Kinawuka a brillamment remporté tous les suffrages du Montreux Jazz Lab mercredi nuit.

En épilogue d'une soirée où les différents registres soul ont été déployés, à la suite des Texans de Black Pumas moins mélodieux et puisant davantage dans le blues-rock, ainsi que du Londonien plus neo-soul Joel Culpepper - qui remplaçait Gabriels - revendiquant l'héritage pourpre de Prince, Kiwanuka s'est imposé en crooner lumineux. En variant les tempo et les climats, en entrecoupant certains titres d'interludes évoquant les droits civiques comme sur son dernier album éponyme en date.

Amours soul, penchants rock et mélodies pop

Pour sa troisième apparition en dix ans au Festival, la deuxième dans cette même salle, le chanteur anglais d'origine ougandaise a montré encore, à 35 ans, tout l'éclat de son répertoire partagé entre ses amours soul, ses penchants rock électriques, ses mélodies pop et ses inclinations gospel. Couvées à l'écoute de figures tutélaires comme Otis Redding, Bill Withers ou Marvin Gaye, les chansons portées par la voix de velours de Michael Kiwanuka charrient parfois les mêmes évidences rythmiques. Tout en y apportant une singularité très mélancolique et émotionnelle.

Entouré de quatre musiciens et deux choristes s'emparant volontiers de tambourins, Kiwanuka saisit rapidement sa guitare pour "You Ain't No Problem", chanson virevoltante truffée de chorus "lalalesque" qui précède les tout aussi irrésistibles "Rolling" et donc ce "Black Man in a White World" millésimé 2016 et qui figure déjà parmi les récents classiques du soulman. Une boule à facettes appuyant même de rais colorés ce rayon de soleil en matière de chanson sur la place et le statut minorisé d'un artiste noir à l'ère contemporaine.

Hommage à un héros des droits civiques

Un peu après, ce sont les mots et la voix de Fred Hampton, militant afro-américain des Black Panthers assassiné en 1969, qui résonnent en marge de "Hero" sans que l'ambiance s'en trouve pour autant plombée malgré quelques déflagrations et crissements psychédéliques finaux. Une autre manière pour Kiwanuka d'affirmer encore ses racines.

"Love & Hate" tout en crescendo étiré achève en guise d'un des rappels de donner corps et âme à la prestation d'un Michael Kiwanuka dont on aura vu s'épanouir le songwriting avec admiration sur scène comme à Montreux au fil des années. La famille tient ici l'un de ses prodiges.

Olivier Horner

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